Comment rompre ?

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A Belette et Bearded_Collie - Suite et fugue (?)

#127 Posté le par DCF__0015
Ma chère Belette…

Cher Bearded_Collie,

Je ne sais pas bien si ma tristesse vient du fait que je me sens dévalorisée d’admettre que j’aime un abruti… Dans le fond, je n’arrive pas encore à être persuadée que cet homme est si abruti. Parfois, j’en viens à penser que c’est moi l’abrutie. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’est probablement mon côté martyre, qui me fait voir uniquement la paille que j’ai dans mon œil, sans prendre en considération la poutre qu’il y a dans celui de mon homme (image inversée, mais c’est ça). Dans le fond, vu que cet homme a été, à un moment de notre relation, véritablement amoureux et me l’a clairement fait sentir, en élaborant des projets, etc, je me dis que son revirement de comportement est peut-être dû à moi, mon indépendance, ma peur d’aimer même, qui me rendent si « dûre », si lointaine, si elliptique…

Mais tout cela ne justifie pas la « violence » de ses actes et de ses mots. Rien ne justifie cela, vous avez raison. Il y a d’autres moyens pour essayer de faire sortir l’autre de sa coquille, d’autres moyens pour faire prendre conscience à la personne en face qu’on aimerait qu’elle change.

Mercredi dernier, je suis allée dîner chez mes parents. J’ai discuté de cela avec ma chère maman qui m’avait dit un jour : « Ne t’énerve pas… Les hommes sont comme ça… Prends de la distance par rapport à cette relation, lâche du lest, afin de ne pas tout prendre trop à cœur. Et sois un peu indulgente. ». Là, en lui parlant, je me disais qu’elle allait avoir probablement ce même genre de discours « sage », me conseillant de vivre ma petite vie tranquilou sans trop attendre de lui, sans lui mettre la pression, et que je verrai bien ce qu’il allait faire. Eh ben pas du tout. Et sur ce coup-là, elle m’a étonnée : elle m’a répondu, très nettement, déterminée, et son avis est tombé comme un couperet, avec une entaille franche et propre : « Quitte-le et oublie-le. Cet homme va te faire beaucoup de mal. ». Fin de la discussion. Enfin, non, elle a ajouté que la réussite avait dû lui monter à la tête, et du coup, c'est malheureux, mais il est complètement paumé dans sa vie, et ce n'est pas à moi d'en faire les frais. Tu vois, d’autres personnes m’ont donc tenu le même genre de propos que toi Belette, avec leurs mots à elles… Dans un sens, paradoxalement, ça m’a fait du bien d’entendre encore ça.

Dimanche, j’ai eu mon meilleur ami « mec » au tel. Je lui ai raconté le truc, il m’a dit : « Mouais… ben le mec est en train de te balader ma chérie… Il t’appelle pour tirer son coup et voilà… Je suis quand même vraiment désolé pour toi que tu tombes sur des types comme ça… ».

Ca me met un peu de plomb dans la cervelle, et surtout, finalement et bizarrement, ça me redonne confiance en moi, ça me redonne de la force, je me dis que le problème, ce n’est pas moi, c’est bel et bien lui, et je n’ai pas à m’en vouloir si ça ne marche pas. Il faut juste que je prenne bien conscience de la réalité des choses. Dans un sens, ça le fait descendre de son piedestal.

Je me répète ces trois petites phrases : « C'est tout à ton honneur d'aimer, c'est très beau, très généreux de ta part ! Simplement il te le fait payer en te détruisant ! » et « Quitte-le et oublie-le. Cet homme va te faire beaucoup de mal. » et « Le mec est en train de te balader ma chérie… Il t’appelle pour tirer son coup et voilà… ». Ca paraît con mais quand je me les répète, ça me fait un bien fou. Je me dis : oui, toi tu aimes, et lui détruit. Peut-être que si je renversais la vapeur et commençait à le détruire, il m’aimerait (et j’en suis presque intimement convaincue, il vit dans la lutte cet homme-là), mais ça ne m’intéresse pas ce genre de choses. Il me détruit donc. Il me fait du mal. Alors pars. Ou reste, mais ne te plains pas si tu as mal, ne t’étonnnes pas si un jour il apporte le coup de grâce. Il te voit quand ça lui chante juste pour profiter de toi, sans s’investir dans le truc… Franchement, c'est fou la force inérieure que ça me procure de me répéter ces phrases...

La semaine dernière, je ne l’ai pas vu. Le jeudi soir, il avait un dîner avec des potes. Le vendredi soir, il partait au ski. J’étais quand même bien dégoutée, devant ce constat assez évident : notre histoire est finie. Ou tout au moins doit être finie vu le peu qu'il y met de lui-même.

Vendredi, j’ai consulté ses mails. Il y avait encore un échange avec cette fille. Un échange pathétique, franchement, où elle explique qu’elle préfère les chiens aux chats, sans humour ni second degré, parce que les chiens, c’est toujours de bonne humeur, c’est calin, ça aime jouer et ça aime la compagnie, alors que les chats s’en vont sans crier gare, puis reviennent quand ça leur chante, pour bouffer ou réclamer des gratouillis. Gnagnagna... Mon loulou lui a répondu que lui c’était l’inverse, il n’aime pas les chiens qui sont certes joueurs mais "dociles jusqu’à la bêtise" tandis que les chats sont effectivement "égoïstes et capricieux mais indépendants et fiers" (ce qui, selon lui, sont, pour les deux derniers, des qualités sur le long terme). Et d’en conclure donc qu’il est plutôt chat (ça, oui ! ! !) et elle plutôt chien (donc docile jusqu’à la bêtise ? ?). A lire ses mails, cette fille me paraît complètement cruche et cul-cul la praloche, et ça me démonte. En même temps, à voir le peu d'entrain qu'elle met à répondre à ses invitations (toujours pas répondu si elle venait ou non au Nouvel An, toujours pas répondu non plus à son invitation à dîner... ils n'ont pas l'air de s'appeler, juste ils s'envoient des mails, cons, ou expliquant succintement deux trois trucs sur leur week-end, etc...), je me dis qu'elle ne représente peut-être pas un si grand danger.

Le soir vers 6h, il m’a envoyé un message pour savoir quel était le programme du week-end. Quel culot ! ! ! Il est parti au ski de toute façon ! ! Je n’ai pas répondu. A minuit 20, il a renvoyé un autre message (« Tu boudes ? »), auquel je n’ai pas répondu non plus. Samedi à 9 heures 20, il m’a renvoyé un autre message (« Tu as mangé ton téléphone ? »). J’ai alors répondu : « OUI ! », et par la même occasion, j’ai répondu pour le programme du week-end « Ski nautique à Honolulu ! Et toi ? ». Honnêtement, le mec ne donne pas de signe de vie de la semaine, et réapparaît juste le vendredi soir, alors qu’il est parti au ski… Il m’a répondu « Ski », tout simplement. Alors je n’ai rien répondu. Merde. Une heure plus tard, voyant probablement que je ne répondait pas, il m’a encore envoyé d’autres messages : « Ski nautique à Honolulu ! Pour de vrai, j’aimerais bien moi aussi… » et « OUI ! Tu es insolente et tu sais ce qu’on réserve aux insolentes ?… » (sous-entendu à connotation très intime). J’ai répondu plus tard : « Euh… il y a plein de possibilités… voyons… un week-end à Honolulu ? ? ? ! ! ! ». Il m’a répondu « Presque… ». Moi, je n’ai plus rien répondu, j’ai mené mon petit week-end, comme une célibataire (au présent et en devenir). Ca me faisait mal tout ça, de me dire que tout ceci doit être relégué au passé, mais c’est comme ça.

Il est rentré du ski dimanche soir tard et il m’a appelée direct (bon, il était minuit… il est gentil…). Je venais de me coucher, le téléphone m’a réveillé, je me suis levée, suis allée voir, j’ai vu son numéro s’afficher, je n’ai pas répondu (je dors, quoi, mince ! !). Il m’a laissé un message, expliquant qu’il venait de rentrer, qu’il était tard en effet mais que AOM avait eu du retard, que si je voulais je pouvais le rappeler, sinon, on se verrait le lendemain (puisqu’on faisait une grosse réunion sur l’élaboration de la stratégie du cabinet pour les 5 prochaines années…).

Hier, je l’ai donc vu. Il m’a dit bonjour tout mimi. Et moi, j’ai résisté. A être désagréable, et à être trop avenante. Il n’a pas arrêté de me regarder toute la journée ; je sentais son regard posé sur moi si souvent, et je l’ai croisé, aux rares moments où je ne pouvais pas résister. C’était l’enfer, parce que j’ai beau me raisonner, me dire qu’il faut résister, tourner la page, je l’aime, c’est affreux. Et quand il n’arrête pas de me regarder, difficile de se dire qu’on tourne la page… Toute l’équipe a dîné ensemble le soir. Pareil, il s’est installé face à moi à table, et j’ai encore souvent croisé son regard, un regard qui me considérait profondément. A la fin du dîner, on est tous partis, j’ai fait un bout de chemin avec lui et un autre collègue, jusqu’à sa moto, puis j’ai continué un peu avec mon collègue, en souhaitant "Bonne nuit !" à mon loulou. Dès lors qu'il nous a quitté, il m’a appelée. Je n’ai pas entendu l’appel. Il a reessayé, j’ai pris l’appel. Il m’a demandé où je dormais, bref, comme d’habitude, comme normalement. J’ai craqué. Je m’en suis voulue mais en même temps… J'aurais voulu être comme cette fille "docile jusqu'à la bêtise", qui le fait lambiner, ne donne jamais suite à ses invitations et pourtant il continue à lui proposer des trucs... J'aurais voulu me faire supplier, qu'il aie tout à coup une trouille bleue que je l'ai oublié... Mais en même temps... Je ne suis pas joueuse, je suis honnête, en ligne avec mes désirs les plus profonds, animale (un peu chatte...)...

Arrivée chez lui, il était très très tendre. On a fait un calin. Je descends boire un verre d’eau et en remontant il était en train de consulter ses mails, je lui dis «Bon euh… si tu écris des mails, ce n’est pas top amusant… ». Il s’est excusé, et en fermant son ordi, il me dit : « Ma maman m'envoie des mails. Et une jeune fille m’a écrit. M’est avis que je vais avoir une nouvelle petite amie avant Noël ! ». Eh ben ça faisait longtemps ! ! Il faudrait quand même qu'il se dépêche de me larguer, car Noël, c'est dans moins de 15 jours !!... Et puis ça sera élégant de le voir aux bras d'une nouvelle le lendemain de notre rupture !! Remarque, il m'aura prévenue !! Non non... je ne pense pas qu'il puisse être quand même si idiot pour être si gratuitement mufle... ça cache quelque chose... J’ai relevé sur le ton de la plaisanterie. On s’est couché, il m’a prise dans ses bras, on a discuté de tout et rien, et il me dit : « Tiens, j’ai reçu un courrier de FHM (fameux magazine masculin !). Je ne sais pas qui leur a filé mes coordonnées, ça ça reste encore un mystère. Ils font un numéro en mars avec 100 célibataires et ils m’ont écrit pour que j’y participe, il faut renvoyer sa photo et une fiche signalétique et après, il les mette dans le journal et les filles t’appellent ! ! ». Je l’ai coupé quand il m’a dit « célibataire » en disant : « Ben, tu n’es pas célibataire !!!!!… », il m’a répondu « Bien sûr que non... mais est-ce que j’ai dit que j’étais célibataire ? ». Il m’a ensuite demandé ce que j’en pensais, s’il devait participer au truc ou non. Je lui ai dit que si ça l’amusait, pourquoi pas, cela dit, bof quoi. « Aaahhh.. tu es jalouse alors.. ». « Ben bien sûr que je suis jalouse… ». « Mais ouais, tu as raison… de toute façon je m’en fous complètement de ce truc… Qu'est-ce que je mettrais comme qualité : euh... psycho-maniaque ? Obsessionnel compulsif ? (il se marrait)... en plus, à mon avis, ça ne marche pas… Franchement, est-ce que tu appellerais toi ? ». « Ah non, ça clairement pas. ». « Pourtant… celles qui appellent, ça montre au moins qu’elles sont motivées, elles… ». « Mon chat, est-il vraiment nécessaire d’appeler FHM pour montrer qu’on est motivée ?...». Fin de la discussion sur un mode paisible, on a éteint la lumière, il s’est tourné pour me faire un gros mimi et m'a souhaité bonne nuit. Ce matin, il s'est levé super tôt parce qu'il prenait un train, il m'a envoyé un message cet après-midi, pour savoir si je m'étais bien réveillée.

Dans le fond, je me demande finalement si cet homme n’est pas amoureux mais pétrifié. Pétrifié par cet amour dont il ne sait que faire et qui lui fout les boules, car maintenant qu'il l'a, il va falloir le garder... Vu qu'à mon avis, il a bien moins confiance en lui qu'il n'y parait dans ce domaine, ça doit le flipper... Parce que dans un sens, il va m’envoyer des alarmes, pas agréables, j'en conviens, mais dans l’autre, il recherche mon approbation, ma réaction, comme pour tester dans quelle mesure je tiens ou non à lui. Car quand je lui dis « Je tiens à toi et oui ça me fait chier que tu envoies ta photo à FHM, disons que je ne vois pas le point », il ne prend pas le contre-pied toujours plus provocateur « Ben attends, si, si j’ai envie… », non il me dit « Alors d’accord. Tu as raison. ».

Ses parents sont en train de se déchirer, sa mère lui envoie des mails en disant qu’elle a raté une bonne partie de sa vie (son couple), il a foiré une histoire importante avant, je suis une énigme à moi toute seule… qui sait si dans le fond, il n’est pas total flippé, me provoque pour me tester, pour que je le rassure sur ma véritable envie d'être là, pour que je sorte de mes gonds et m’exprime enfin, dragouille une autre pour s’assurer un back-up, et qu’il n’est pas dépendant de moi…

Alors, bon, je ne crie pas Victoire !, bien loin de là, pas du tout même. J’en reste même plutôt au même niveau que dimanche soir, à me répéter les trois petites phrases, et à me dire que le plus sage serait de partir. Mais avant, je vais discuter avec lui. J’aimerais qu’on aille au restau (un endroit neutre), et lui dire ouvertement ce que je ressens pour lui (et ça sera une grande première), ce qui me gêne dans notre relation aujourd’hui, que s’il a des sentiments et que c’est un problème de communication ou de comportement, il faut qu’on le résolve, si c’est qu’il s’en fout, je préfère me retirer, car ça ne me convient pas. Au moins, je n’aurai aucun regret.

Ne pas avoir cette discussion me prive d’une explication claire sur son comportement (j’aurai toujours des doutes si je pars comme ça, drapée dans ma dignité) et d’une chance que tout ceci soit arrivé du fait de notre incapacité à bien communiquer. Lui « communique » méchamment, en actes et en paroles, mais moi, je ne communique pas du tout… qu’est-ce qui est pire ? Si ça se trouve, on s’aime comme des fous mais on se fait peur… Peut-être pas, mais dans ce cas, au moins, ça sera clair. Et là, je pourrai me dire que c’était son problème, pas le mien. Et je serai de toute façon plus tranquille. Quelle que soit l’issue de la discussion.

Peut-être vous dîtes-vous que je suis folle, encore un peu plus martyre, que cet homme ne mérite même pas que je lui consacre encore un dîner, qu’il est mufle et pervers, point barre, qu’il n’y a rien à dire ou espérer de plus, qu’il n’y a qu’une seule issue possible, c’est partir sans demander mon reste… mais je ne peux pas m’y résoudre. Je ne peux pas partir comme ça, là, pof. Je l'aime trop pour cela, c'est impossible. Il sait être profondément gentil, incroyablement gentil, quelque chose l'a écorché. Je ne suis pas sa psy, mais je n'ai pas envie de ne retenir que son côté écorché, j'ai envie de donner toutes les chances aux côtés gentils, car ceux-là n'ont pas de prix venant de cet homme, ils sont immenses ; je ne peux pas rester non plus comme ça, dans cette relation qui m’emmêne je ne sais où d’une façon bizarre, avec toujours cette impression de me faire balader, d’être en back up… Parce que je l'aime aussi. Alors, entre les deux, je choisis la discussion, à l’issue de laquelle, soit je partirai (et je saurai pourquoi), soit je resterai (et je saurai pourquoi aussi).

Bises à vous deux, et merci pour votre écoute et votre soutien… Ca m’a vraiment aidé…

Gros bisous Belette

Onyx.