double jeu
J’ai mis un certain temps encore une fois à te répondre, j’ai réfléchi, j’ai pris avis….
Aujourd’hui, en relisant ta lettre, je tombe et je «tique » sur deux phrases et je me demande si ce n’est pas là que se trouve le nœud de ta relation…
« J’ai décidé de ne pas le rappeler tout de suite, de le laisser mariner dans son jus un petit peu. Il a essayé de me rappeler encore... »
« Je n’avais pas du tout de dîner en réalité, mais je voulais juste le faire lambiner un petit peu, lui faire comprendre que contrairement à tout ce qu’il aurait peut-être pu croire jusque là, je ne suis pas toujours à sa disposition. J’ai répété que ben oui, ça m’aurait fait très plaisir, mais là, désolée (à mon tour un peu…).... »
« Je veux me battre ! ! ! »
Ma douce, ne te fâche pas et ne m’en veux pas…ce que je te dis là n’est pas un jugement de valeur sur ce que tu es, et sur ta «stratégie », mais pour se battre, pour jouer à se battre très exactement, il faut être deux ! Et ça ; c’est la spécialiste des relations enfantines qui te le dit !
Il faut que tu comprennes ma doudouce que tant que tu resteras dans ce mode là, vous n’arriverez à rien …Il y a un jeu de pouvoir entre vous : pouvoir professionnel, pouvoir du désir, pouvoir de l’argent, pouvoir de l’intellect et peut être encore d’autres que je ne vois pas sur le moment.On peut arrêter ça, sans pour autant arrêter la relation : tu n’en as pas envie et tu l’aimes et c’est ton droit le plus strict (et je n’irai pas te jeter la pierre là dessus !)
Il faudrait également que tu acceptes de cesser de répondre à ces provocs continuelles, que tu élèves un peu cette relation, de la m^me façon qu’on élève un enfant : le tirer vers le haut, lui permettre de voir la vie de plus haut…Ton loulou est dans sa problématique, certes, et c’est pas évident. Mais tu peux aussi décider de prendre en mains cette histoire, de cesser d’en faire de l’eau de boudin à deux pour en faire un doux parfum de rose (me voilà lyrique comme ma Pom du Québec! ) Si tu y arrives ma biche, c’est que tu seras devenue une grande ! Si tu n’y arrives pas, c’est que ton mec n’aura pas réussi à saisir sa chance, tant pis pour lui ; ou que finalement, tu n’étais pas si sûre que ça que ce soit le bon mec pour toi, tant mieux pour vous deux dans ce cas.
Je ne voudrais pas te paraître abrupte ou péremptoire, je voudrais juste t’aider un peu à sortir de cette ornière alors n’éprouve pas trop de colère contre moi, ou si tu en éprouve après tout je suis sure que tu comprendras plus tard ce que je voulais te dire.
Comment y arriver ? En te refusant à répondre à ses névroses par tes propres névroses, en réfléchissant avant chaque tentation d’acte ou de parole et en te demandant quelle part de toi tu mets là dedans…Tu es prise dans un système, tu es victime de ce système que ton père en particulier a bâti pour toi, tu dois absolument connaître ce système pour pouvoir vire correctement…
Tu sais, mon expérience de la psychanalyse m’a montré que l’on ne changeait pas forcément grâce à ça mais ce qui change tout c’est que l’on comprend de quelle façon on fonctionne face aux situations que nous ou les autres générons. Au début je me disais «là ma fille, tu es repartie dans ton trip habituel, va vraiment falloir que tu changes ! » et je culpabilisais, comme si se faire du mal soi m^me était nécessaire en plus (les autres s’en chargent assez…) Aujourd’hui, j’aurais tendance à me dire «ah, là c’est ton trip qui t’a fait dire ça ! Alors on va réexaminer la situation et voir comment on peut rattraper ça tranquillement, et si l’autre ne veut pas que l’on rattrape, alors tant pis ! J’aurai fait ce que j’avais à faire, je ne peux rien de plus…. »
Voilà, je ne sais pas si je t’ai fait avancer la barque, ou si je l’ai enfoncée un peu plus. Mais quelquefois il faut chavirer un bon coup, pour remettre la barque dans le sens du courant !
Merci de prendre de mes nouvelles, je vais bien et je vis ce que j’ai à vivre, tendrement, et sans m’angoisser à l’avance. La distance me pèse, c’est sûr, il me manque physiquement bien sûr ; (intellectuellement il est très présent, vive Internet et le téléphone) mais je te renverrai à ce sujet le très joli mot qu’un jeune homme de mon école m’avait dit au sujet de sa fiancée dont il était éloigné «j’aime sentir qu’elle me manque » La douceur d’une relation peut aussi se construire sur ses petites douleurs, voir partir un train un dimanche soir n’est jamais réjouissant mais savoir que dans un mois on sera dans le train à sa place pour aller vers lui est une jolie raison de vivre…
Je t’embrasse, très fort, ma chère Onyx et je te remercie pour ce chemin que nous faisons ensemble toi et moi depuis 6 mois.
belette