Oui, dans le fond, tu as peut-être raison, peut-être qu’il ne savait effectivement pas pour l’hôtel, peut-être qu’il avait oublié, peut-être qu’il n’y pas pensé … Pour « anyone », je pense bien (enfin, j’espère !), qu’il n’avait pas envoyé le message à plusieurs personnes, mais c’était juste cette froideur affichée, cette façon d’écrire les choses complètement détachée qui m’a fait frémir… Bref, je suis alors entrée dans une sorte de parano, j’en voulais à la terre entière, à lui en particulier, j’en étais venue à prendre des décisions radicales comme «Puisque c’est ça, je ne lui répondrai plus jamais à cet homme infâme », etc…
Ton message m’a calmée, je me suis dit que dans le fond, j’y allais peut-être un peu fort, j’étais un peu trop radicale. Je me suis dit que j’allais faire le petit exercice de style que tu m’as conseillé en rentrant à l’hôtel.
Il y a une chose que je ressentais, c’était du ressentiment justement, qui augmentait de jour en jour et quelque part, je me sentais bloquée, comme arrivée dans une impasse avec lui, où tout part à vaux-l’eau sans qu’on n’y puisse rien. Voyant qu’on n’arrive plus à se retrouver, voyant que je prenais tout ce qu’il fait (et surtout tout ce qu’il ne fait pas) comme des signes négatifs incontrôlables qui se multiplient entre eux au fur et à mesure de leur apparition, je sentais qu’on partait dans une spirale infernale et définitive, genre « Tout est fini, on ne peut plus rien espérer alors… ». Le seul moyen pour moi de la stopper était de m’éclipser (énervée quand même), de disparaître. De fuir en somme. Avec le grand espoir qu’il se réveillerait. Mais cette solution, au plus profond de moi, ne me convenait pas, me mettait terriblement mal à l’aise, je sentais qu’il y avait quand même un truc qui cloche dans cette façon de faire, que ce n’était probablement pas la bonne, que je ne faisais que continure à m’embourber pls profond dans mon problème… Comme si je refaisais toujours les mêmes erreurs.
Et là, hier, j’ai eu une « chance » inouïe.
Je réfléchis à ça depuis déjà quelques jours, aux raisons de mes merdouillages avec les hommes que j’aime (avec les hommes que je n’aime pas spécialement, c’est marrant mais ça marche toujours très bien…) et je pensais que, ayant peur d’être abandonnée par l’homme que j’aime ou bien d’être mal aimée, je devais me comporter d’une façon étrange. Et je croyais que ce comportement inadapté était chez moi de forcer l’intimité, ce qui devait amener les hommes à mes fuir, étouffés. J’étais donc intimement persuadée de cela, ce qui m’amenait à me dire qu’il fallait que je leur lâche la grappe.
J’avais un bouquin avec moi à l’hôtel, un bouquin de psycho, sur les 7 erreurs à éviter si on veut une relation qui marche (ne rit pas). Ce n’est pas un livre de recettes, juste qu’il explique 7 travers dans lesquels les gens tombent souvent (on peut tomber dans 1 seul, ça suffit), et qui rendent impossible ou très difficile une relation normale (je ne peux pas donner le titre, sinon mon message va être censuré !). Au début, il y a un petit test, sur nos comportements, nos reactions selon les occasions. J’ai comptabilisé mes réponses… et là, quelle ne fut pas ma surprise… J’étais déjà certaine d’avoir un score hallucinamment élevé pour « Force l’intimité », et bien, au contraire, c’est mon point le plus faible ! ! Par contre, il y a deux travers dans lesquels j’excelle, et pour le deuxième, tu vas sûrement rire : « Attends de mon compagnon qu’il déchiffre mes pensées » (problème : je ne communique pas, j’évite la communication) et « Joue la martyre ». Et là, je suis tombée de haut, sonnée par le Gong
J’ai réfléchis là-dessus, et je me suis quand même rendue compte qu’effectivement dans cette histoire, si moi je force l’intimité, il faudra alors qu’on m’explique ce que ça donne quand on ne la force pas. Je me suis posée comme spectatrice extérieure, et bien sûr que non, je suis bien loin de forcer l’intimité dans cette relation, c’est même tout l’inverse que je fais. Et j’étais en train de m’embourber là-dedans, persuadée que c’était ça mon problème, forcer l’intimité, qu’il fallait que je le laisse souffler… au point d’en arriver à une relation au point mort (parce que le laisser souffler plus que je ne le fais déjà, il faut vraiment s’accrocher…)… prête à crier que tout à foiré, que je ne comprends pas, c’était sûrement parce que j’étais trop collante, trop insistante… Ce qui explique que quand je me disais « Je force l’intimité, il me trouve collante, il faut que je me barre, c’est la dernière solution », il y avait un truc qui me gênait… au plus profond de moi, j’étais dans une incompréhension totale… je devais bien sentir que c’était totalement absurde et paradoxal… que ça ne tenait pas debout…
J’ai découvert que mon principal problème, c’est EXACTEMENT l’inverse, je ne communique pas. Ou mal. Donc, je ne permets pas à l’intimité de se créer
J’ai lu l’exposé qui était fait sur ce problème de communication. C’était très intéressant, c’était tout moi. Le pire, c’est que si je n’avais pas fait le test avant, je suis sûre que voyant cette erreur, je me serais dit : « Pff, alors ça, ça ne me concerne pas du tout… » Rejet…
J’ai réalisé que je n’encourage pas du tout la communication, et pire, quand je commence à me sentir bien avec quelqu’un, ça doit me faire peur, je ne sais pas, mais du coup, je reprends mes billes, je me ferme, et pour empêcher l’intimité parce qu’elle me fait peur, je refuse la communication ou, plus exactement, toute forme de « bonne » communication. Je me mure dans un mutisme ou une froideur déconcertante ou bien, plus pernicieux, je mets en place une forme de communication erronée, malsaine, inefficace. Et j’enrage que l’autre ne découvre pas ce que je veux, ne vienne pas me sauver…
Là où ça m’a calmée, c’est quand j’ai vu l ‘effet « domino » que ça peut avoir : on commence par se fermer à toute bonne communication, donc on se sent mal comprise (puisqu’on n’exprime pas tout simplement nos désirs et nos besoins, on exige de l’autre qu’il les devine et les satisfasse spontanément), d’où développement de sentiments négatifs voire de ressentiment qui se transforment en griefs ; à ce niveau là, la moindre petite irritaion provoque une explosion (on fait sortir tous les griefs accumulés qui n’ont rien à voir avec la cause de la mini-irritation), incomprise par le compagnon en face et jugée disproportionnée (si on n’avait rien dit jusque là, c’est qu’il n’y avait pas de problème, alors pourquoi tout d’un coup, pour 5 min de retard ou un mot de travers il s’en prend plein la figure ?), cette explosion prend une dimension catastrophique disproportionnée voire dramatique pour nous (Comment ose-t-il ne pas m’appeler / me dire ce mot de travers / m’oublier pls de 5 min ?), on se sent alors mal-aimée et on en déduit que notre partenaire ne nous aime pas, on conclut qu’à ce niveau-là, il n’y a plus rien à faire, aucune raison que quoi que ce soit change, et alors on laisse mourir l’amour.
Même s’ils ne sont pas clairement manifestés, les sentiments négatifs et le ressentiment deviennent évidents, et le partenaire en face est conscient de ces sentiments, ou tout au moins est conscient qu’il y a un truc qui cloche, mais ne comprend pas pourquoi. Et pour peu qu’on soit un peu effrayant, caustique, il n’ose pas demander ce qui ne va pas ou estime que si on ne s’exprime pas, c’est qu’on a nos raisons, sinon, on parlerait, ce qui le met encore plus mal à l’aise
Là, c’est clair, j’étais en plein dedans ! ! Incapable de dire simplement : « Je n’aime pas quand tu… », « J’aimerais que tu… », disparaissant, réaparaissant, taisant mes désirs, n’exprimant rien de ce qui me touche, communicant à tort et à travers, au pire
Ca m’a ouvert beaucoup de voies de réflexion tout ça.
C’est vrai que, rétrospectivement, quand je vois mes relations qui marchent ou les bons moments de toutes mes relations (y compris celles qui foirent), ce sont toujours des moments de communication riche, saine. A l’inverse, à la base des foirages, il y a toujours une rupture dans la communication. Là où je croyais que la rupture de la communication était la conséquence d’autre chose mais non pas le problème en soi et n’était en aucun cas de ma faute, je viens de réaliser que la rupture de la communication était à la base de tout et le problème en soi, conséquence uniquement de ma peur et de mon rejet de l’intimité (pas étonnant donc que je rencontre ce problème avec les hommes que j’aime vraiment).
Et quand je regarde mon passé (encore, mais il faut que je déblaie, et ça vient petit à petit), je disais l’autre jour que mon père ne m’avait pas aimée, mais au-delà de ce constat, toute mon enfance est marquée au fer rouge par une absence TOTALE de communication entre mon père et moi. Je me suis toujours plainte que mon père était comme un étranger pour moi. Je me sentais plus à l’aise avec les papas de mes copines qu’avec le mien… et ça va sembler fou, mais j’aurais pu échanger, je l’aurais fait sans hésiter ! ! Avec les pères de mes copines, on avait un rapport immédiat, franc, direct, confiant. Mon père, il me terrorisait, je ne voulais surtout pas avoir affaire à lui, non pas qu’il était méchant, c’est bien ça le pire, mais il était « rien », glacial, n’exprimant jamais rien, étant cassant, poison froid, il me faisait l’effet d’un anguille qui file entre les doigts. Impossible de trouver un point d’accroche avec lui, car justement, il faisait tout pour éliminer ces points d’accroche, pour empêcher l’intimité. J’ai toujours eu l’impression de cohabiter avec lui, jamais d’être intime. Et encore maintenant, je ne suis pas intime avec lui.
J’ai une image qui me revient à l’esprit, c’est mon père, alors que j’avais 9 ans, qui tout à coup avait proposé qu’on joue aux billes ! ! C’est d’ailleurs le seul souvenir de quelque chose qu’on aurait essayé de faire ensemble, d’un moment d’intimité. Sinon, on ne partageait jamais rien en contact direct, il y avait toujours un écran protecteur entre nous qui nous évitait d’être « confronté » directement face à face (amis, famille, maman,…), qui nous évitait d’avoir à communiquer. Eh bien, même cette expérience des billes s’est soldée par un échec ! Je me revois paniquée à l’idée de rentrer dans une relation d’intimité avec mon père, un peu comme si je m’étais sentie en danger, comme si je m’étais dit : « Bon Dieu, jusqu’où cela va-t-il m’amener ? ? », comme si je m’aventurais sur une pente savonneuse (Œdipe mal résolu peut-être…)… Je me revois jouant à contre-cœur, terriblement mal à l’aise, et pressée que ça en finisse, priant pour que ma mère appelle mon père pour faire autre chose où je ne sais quoi…
Un jour il faudra que j’en parle avec mon père, car j’ai souffert de cette distance abyssale entre nous, et j’en souffre encore. Aujourd’hui encore il me fait peur, je suis mal à l’aise quand je le vois, j’ai beau me dire qu’il m’aime probablement à sa façon, il nous manque une intimité. Par exemple, il est pour moi absolument inconcevable d’aller dîner ou déjeuner seule avec mon père (ou faire quoi que ce soit d’ailleurs seule avec mon père). Inconcevable. C’est à dire que jamais ça ne pourra arriver. J’ai déjà inventé les prétextes les plus fous pour éviter ce genre de situations (à 20 ans, ma mère était partie rejoindre ma sœur en vacances 2 jours, j’étais en pleine révision des concours, mais je suis partie avec elle, alors que j’avais vraiment autre chose à faire, mais ce n’était pas possible de rester seule avec mon père. Pourtant je savais que je ne « risquais » rien, mais ce n’était pas supportable). Ce n’est pas parce que je m’emmerde avec lui, pas parce qu’il me gonfle ou qu’il est désagréable. Mais, je ne sais pas, j’ai peur. Parce qu’on est incapable de communiquer normalement, on est terriblement gêné, et c’est intolérable ça. Si on est seul, je suis mal, j’ai l’impression qu’on joue tous les deux un rôle, qu’on tourne autour du pot, qu’on va se forcer à chercher des sujets de discussion pour tromper l’ennemi, mais on ne dupe personne, et c’est tellement anti-naturel… Et puis, je ne sais pas. Bref, ça ne va pas. Je suis phobique de mon père, c’est quand même fou ! !
Bref, forte de cette découverte il faut bien avouer colossale (je vais aller voir un psy, parce que cette « phobie » de mon père, il faut quand même que je creuse, je ne m’étais jamais dit que c’était quand même grâve d’être phobique à ce point-là…), je me suis dit : « Ben voilà, et si tu communiquais tout simplement normalement et directement avec ton amant, au lieu d’éluder, de tourner autour du pot, d’attendre, etc… ». Il m’est venu une requête très simple, résumé clair de ce que je désirais, que j’ai écrite tout de suite sur mon phone avant que je ne change d’avis ou de ton, pour lui envoyer dès le lendemain : « J’aimerais bien aller avec toi au Mondial de l’auto (ou au ciné, ou au restau) ce soir… Qu’en penses-tu ? ». J’ai été amusée, parce qu’honnêtement, ça me ressemble bien peu de me « découvrir » comme ça, d’oser dire franco, voilà ce qui me ferais vraiment plaisir, sans noyer le poisson ou prendre l’air de ne pas y toucher ou de ne pas y tenir tant que ça, au cas où on me refuserait… (mon père est comme ça… il fait mine de dénigrer certaines choses, qui probablement lui tiennent très à cœur, sorte de défense pour lui, mais du coup, ça ne nous donne pas envie d’accéder à ses demandes, vu l’enthousisame qu’il y met… alors que pour lui, c’est probablement capital… ah la communication…). J’étais impressionnée d’avoir écrit un truc pareil, en même temps, j’ai réalisé que pourtant, il ne devrais pas y avoir de quoi sauter au plafond : c’est comme ça qe j devrais être, oser dire tranquillment ce qui me tient à cœur… J’ai envoyé le message ce matin. Il a répondu dans les 5 minutes « Avec plaisir ! Le Mondial, c’est top, mais ça t’intéresse ? On peut faire tout ce que tu veux ». J’en suis littéralement tombée de ma chaise
Voilà. Communiquer vrai, maître mot désormais ! !
Bon et toi, où en es-tu de « l’action conscientisée », comme tu dis ?