Quel beau message que le tien Belette !
Difficile soirée celle d’hier ! Ça vient au moment où je m’y attends le moins, insidieusement, au milieu de ma sérénité fragile.
Tu sais… Je veux, je veux de toutes mes forces à un moment donné le sortir de ma vie. J’ai tellement mal que je ne conçois même pas comment je pourrai lui pardonner. J’ai tellement mal que je voudrais aller tout de suite, sur le champ, anéantir la vie de sa conjointe en lui disant tout. J’ai tellement mal que je voudrais qu’il soit là pour tout lui retourner. J’ai tellement mal que je voudrais pouvoir tout effacer, choisir de ne plus l’aimer du tout, décider de le mépriser
20 jours ! Et il est toujours avec elle ! A-t-il jamais renoncé à elle ? Comment a-t-il pu venir me chercher ? Je le quitte et au lieu de réagir il continue sa vie ! Mon plus grand, mon plus bel amour n’était-il qu’une illusion ? Je ne suis rien, je voudrais tout déchirer ici, je voudrais que l’amour soit simple. Oh mon dieu, je voudrais prier quelqu’un mais je n’y crois pas. Et pourtant… faites que tout ça ne soit qu’un rêve ! Faites que je sache aujourd’hui, comme je savais avant lui, que le grand amour est une histoire, que je suis très bien, seule. Faites que ma vie se soit déroulée autrement, loin de lui
Il y a longtemps que ça ne m’était pas arrivé; je me croyais à l’abri, protégée par ma conscience et mes réflexions, ancrée dans une sorte de sérénité méritée.
Hier soir j’ai récupéré ma fille plus tard. Dans l’intervalle, seule, j’ai pleuré tout ce que j’avais retenu jusqu’ici, le cœur, l’âme, le corps même pliés de douleur, de vide, de détresse. J’ai pris une bière, qui m’a fait du bien sans vraiment me calmer, j’ai écrits trois longs couplets, « Les jours sans toi », j’ai réécouté l’enregistrement d’une chanson qu’il avait faite pour moi… « j’irai où l’amour fait mentir, où la confiance se fait trahir… »
Aujourd’hui ça allait mieux. Je suis à nouveau souriante, forte, fière
Ça m’épuise de devoir reconnaître que je ne sais absolument pas ce qui va maintenant arriver, et pourtant c’est la seule information qui soit correcte. Je mets beaucoup d’application à passer la tête haute à travers ces jours-là, sans lui en vouloir et en tirant le meilleur de ce que j’ai vécu. Mais si les apparences, que je tâche de préserver, m’aident à me sentir bien, elles ne redeviennent parfois que des apparences.
Ton mot de « stratégie », Belette, n’est pas si inapproprié qu’il y paraît. J’ai su parfois me dissocier de la femme amoureuse que je suis avant tout pour réfléchir à ce que je vivais et au moyen de faire avancer les choses. Ce sont les pensées de cette femme-là qui me guident quand je suis perdue. Celle qui pleure qui aime et qui espère a son mot à dire, mais ce n’est pas elle qui dirige. C’est pour ça que je me tiens loin de lui aujourd’hui. Comprends-tu ce que je veux dire ?
Oui j’ai choisi de ne plus le voir mais j’ai quand même été sa maîtresse (voilà, tiens, un mot que je déteste) pendant un an ! Toi, combien de temps tiendras-tu ?
Ceux qui pensent que la vie est une route bien droite écris-tu ? Y a-t-il des gens qui le croient encore ? L’être humain est plein de paradoxes mais il cherche l’absolu, un idéal qui est le sien.
L’homme que j’aime n’a pas à affronter tout ce que tu mentionnes ; même pas. Ses angoisses seraient plutôt situées su un plan humain : décevoir sa conjointe qui venait d’emménager chez lui quand nous nous sommes connus, blesser son enfant (à elle) qui s’est habitué à son « beau-père » et l’adore, choquer ses proches
Il n’est pas marié, vit dans sa propre maison, n’a pas d’enfant avec elle… Ce ne serait qu’une explication. Mais quelle explication face à cette femme qui au fond d’elle sait bien qu’il n’est pas heureux avec elle, qui jalouse la moindre femme qui s’approche de lui, lui fait des scènes à tout propos
Oui Belette ! L’objectif est d’être heureuse. 100 % d’accord ! Et je sais que je me suffis à moi-même ; dans l’absolu. Mais la vie avec lui me semble tellement pleine de promesses !
Tu m’écris que nous visons le même but mais avons choisi un moyen différent… Tu voudrais le récupérer totalement n’est-ce pas ? Qu’entends-tu pas « cassé »?
Et puis j’aimerais bien que tu me parles plus à fond de ce que tu sembles considérer comme le moyen d’arriver à ton but.
C’est drôle que tu me parles de la fin du grand Bleu. Mon frère m’a fait exactement la même comparaison hier au téléphone. Ça donne à réfléchir doublement.
Je pense à toi, raconte moi,
Je t’embrasse,
Kat