Merci ma Belette de ton soutien fidèle ! Sans toi je ne sais honnêtement pas où j’en serais aujourd’hui…
Ton amie loue ma capacité à travailler si bien sur moi-même. C’est aussi toi qu’elle doit féliciter d’avoir si bien su m’amener sur les chemins qui me mènent à moi. En tout cas, si elle ne le fais pas, moi je le fais, ou plus exactement je te remercie.
Je me rends compte que j’ai en effet beaucoup avancé, et ça me rend profondément heureuse. C’est comme si depuis tous ces mois j’étais partie chercher les morceaux de moi, éparpillés un peu partout par des évènements qui m’ont secoué dans tous les sens ces dernières années, et que je réussissais enfin à les rassembler et les recoller de façon cohérente et pérenne. A recimenter ma personnalité, pour me retrouver enfin, entière. J’ai l’impression de me retrouver. De retrouver le sens de ma personne (je ne sais pas si je suis bien claire…).
Hier soir, j’avais un peu moins la pêche que les jours précédents. Rien de grave, je m’y attendais un peu. Par moment, je repense à cette histoire sordide et ça me fait quand même vraiment mal. Les jours suivants immédiatement le réveillon, j’avais juste très mal, j’étais encore sous le choc. Là, les jours passent, je ne suis plus « sous le choc », je suis simplement choquée (ça ne m’empêche pas de dormir… ma vie ne s’arrête heureusement pas à ce minable, comme tu le dis, j’ai des amis, qui m’aiment et ils me comblent de joie), et ça n’arrive pas à passer. Je crois que ça ne passera jamais. Ce qui a été fait a été fait, et rien, absolument rien ne pourra me faire oublier cela. C’est cette notion d’irréversibilité qui m’a foutu les boules. En même temps, c’est la vie, c’est comme ça, dans cette histoire j’ai pris beaucoup de choses dans la figure, mais parce que je le voulais bien (et non parce que je le valais bien, enfin j’espère ! ! ! ), l’essentiel est que je suis restée vigilante, réaliste (j’ai été choquée au réveillon, mais je ne suis pas non plus tombée de l’armoire comme une oie blanche que ne se doutait de rien), et surtout désormais, le hola est mis, et cet homme ne peut plus m’atteindre, en tout cas je ne veux plus m’exposer à lui. C’est fini, l’enfer est enfin terminé, j’ai réussi à me sortir de ses griffes.
Suite à la lettre que je lui ai déposé ce week-end, il m’a envoyé un SMS mardi soir : « Ma X. (mon surnom), merci pour ta super lettre… Je vais y répondre par écrit, ça va me prendre un peu de temps, mais je te répondrai ! Gros bisous ! ». J’ai lu le message et j’ai pleuré. Je suis dans une voie sans issue, enfin, si, disons qu’il y a plusieurs voies, mais une seule issue, qui est un cul-de-sac en plus. Soit le mec se fout de moi en écrivant cela (genre condescendant «bon, ça va me prendre du temps de te répondre, alors que j’aurais vraiment autre chose à faire, mais ok ok, je vais répondre, un jour, te bile pas»), et il n’y a rien à dire de plus, le mec a définitivement trois pois chiches qui se baladent là-haut, s’il pouvait juste arrêter de m’infliger leur cliquetis idiot, ça me ferait vraiment des vacances. Soit le mec est sincère et touché, mais une limite à été dépassée, quelque chose a été cassé, j’ai peur maintenant, je ne peux plus entendre ses beaux discours, et on ne pourra plus revenir en arrière, on ne pourra jamais être amis, même avec toute la bonne volonté qu’il pourrait y mettre, tout mon être m’intime l’ordre de le fuir. Et dès que je rentre en contact avec lui, j’ai maintenant une réaction de rejet réflexe, j’ai envie de vomir et j’ai vraiment peur.
Là, en lisant ce message, j’ai eu envie de vomir, j’ai eu l’impression de suffoquer, comme si j’étais harcelée, comme si le mec allait me violer, moralement j’entends. Je suis choquée, je mets les distances et lui se rapproche, me dit « Ma X. », « Gros Bisous »… Beurk beurk beurk ! ! ! Je le tiens à distance en lui expliquant pourquoi (je suis choquée, ton amitié me laisse dubitative, jusqu’à preuve du contraire, elle ne repose sur rien, je n’en veux pas. Facile de faire des mimis, mais si c’est pour mépriser derrière, non merci). Eh ben il s’en fout, il force le passage, comme un gros bourrin.
Je n’ai rien répondu.
Le lendemain soir, il m’a renvoyé un SMS : « En plus, il va falloir que je m’applique pour écrire aussi bien que toi… ».
Là ça devient clairement indécent. Il se fout de ma gueule, c’est pas possible. Qu’il l’écrive sa p. de lettre, pour me montrer ce qu’il a dans le bide, et s’il n’a rien, qu’il se taise. Mais qu’il arrête de me harceler avec ses commentaires qui ne servent à rien. Il comble le vide, un vide qui doit lui faire peur. Mais il le comble avec du rien. Je n’ai rien répondu.
Hier, j’ai finalement répondu : « Ok. ». Ca ne l’avance pas plus, et c’est exactement ce que je souhaite. Qu’il reste sur ses positions, qu’il ne franchisse pas la clôture.
Hier soir je n’étais donc pas au max, parce que je me suis donc rendue compte que cet homme me fait réellement peur, exactement comme on a peur du loup dans la forêt, des araignées dans le grenier, des fantômes dans les maisons hantées. On sait que si on les croise, ils vont nous faire du mal. Donc il ne faut surtout surtout pas les croiser. Là, cest pareil. Quand il m’écrit, même n’importe quoi, il fait un pas vers moi, et ça m’angoisse. Je ne sais pas jusqu’ou il peut aller dans l’ignominie, où s’arrête l’honnêteté et la sincérité, où commence la méchanceté cruelle et la perversité. Le pire c’est que lui-même ne le sait pas, et c’est ça qui me fait d’autant plus peur. Il n’a aucune limite. Quoiqu’il puisse me dire désormais, cet homme est pour moi un pervers : s’il est méchant, j’aurais l’impression de le « lire » de façon transparente (et je vais le fuir car aucune envie de méchanceté), s’il est gentil, j’aurais l’impression qu’il tend un piège et qu’il est au sommet de sa perversité (et donc… je vais le fuir).
Conclusion, il n’y a aucune autre issue que de le fuir, totalement, ne plus avoir affaire à lui, never (ça ne va pas être facile vu qu’on bosse dans la même boite), éviter jusqu’à la simple rencontre. Quand je n’ai aucune news, ça va d’ailleurs très très bien.
Ne t’inquiète surtout pas de ce que j’écris, malgré les apparences, le ton que j’emploie peut-être, et la « peur » de cet homme (mais il suffit juste que je ne le revoit pas, ça ne devarit pas être difficile… l’inverse – que j’ai absolument besoin de le voir – eu été plus chiant et malheureux), je suis en ce moment paradoxalement très heureuse : une épreuve vient de me révéler tant de choses jolies, à commencer par moi-même (eh eh… je ne m’emmerde pas ! ! !… ). Je m’aime enfin, c’est absolument formidable. Honnêtement, c’est la première fois de ma vie que ça m’arrive, je suis fondamentalement heureuse, c’est fou. J’ai aimé tant d’hommes, j’aurais déplacé des montagnes pour eux, j’aurais fait n’importe quoi pour être avec eux, faire ce qu’ils voulaient… mais jamais je n’avais ressenti cet amour que je leur vouais pour moi-même, jamais je n’aurais fait tout ça pour moi… Aujourd’hui, je m’aime comme j’ai aimé ces hommes (c’est de l’homosexualité incestueuse hermaphrodite non ? ? ? ?), j’ai enfin envie de déplacer des montagnes pour moi, j’aime être avec moi-même (s’il y a des amis, c’est top, sinon, tant pis), je ferais n’importe pour faire ce que j’ai envie de faire… Du coup, je sais que je vais être capable d’aimer sincèrement un homme, sans chercher en lui une béquille. Je sais aussi que je ne pourrai plus être attirée par les hommes méchants et pervers, je m’aime trop pour cela. Je me suis réconciliée avec moi-même, c’est exactement cela ! ! ! ! ! C’est magnifique. Ca paraît idiot, mais c’est énorme comme révélation. C’est nouveau, ça me rend euphorique. Je me sens plus solide aussi, incroyable.
Bizarrement, et est-ce la poule qui pond l’œuf ou l’œuf qui pond la poule je n’en sais rien, j’ai fait une découverte étrange, dérangeante et même plutôt catastrophique à mon sens ces dernières semaines.
Comme je te l’avais déjà écris, mon père m’a dit très froidement et droit dans les yeux quand j’avais 16 ans qu’il ne m’aimait pas. J’ai toujours été « papaphobe », d’autant que j’ai toujours ressenti ce désamour pour moi, bien avant mes 16 ans, et avec ça, ça ne s’est pas arrangé, mais ces dernières années, j’ai tout fait pour me rapprocher de lui enfin, casser cette papaphobie. Ecrivant cela à la lumière d’aujourd’hui, je souris.
J’ai passé les fêtes de Noël avec mes parents, ma sœur etc, mes oncles et tantes etc… Comme d’habitude, et comme à chaque fois que je fais quelque choses avec mes parents, j’y allais déjà en stressant. Mon père a piqué un caca nerveux lors de la soirée de Noël quand on déballé les cadeaux (comme d’hab) : il a quasi « insulté » mon oncle et ma tante qui lui avaient offert une veste pour la campagne, parce qu’il avait l’impression que la veste était trop petite, et que « de toute façon, pffff, ça c’est sûr, faire des cadeaux hors liste, c’est clair que c’est complètement con ! ! ! » (encore faudrait-il qu’il fasse une liste, et ce n’est pas faute de lui demander – Et puis c’est vraiment fou de « remercier » ainsi les gens de leurs cadeaux, quels qu’ils soient…). Tout le monde en a pris pour son compte, alors qu’on n’avait rien demandé. Il a remercié froidement pour les cadeaux qu’on lui a fait, je lui avais offert un superbe bouquin sur le whisky… deux jours après, il n’avait toujours pas déchiré le cellophane qui l’entourait…
Le lundi de Noël, je me sentais de plus en plus mal et oppressée, par mes parents notamment, car j’adore ma sœur, j’adore ma tante et mon oncle… Je n’en pouvais plus à tel point que j’ai littéralement fui lundi après-midi, après le déjeuner. Il y avait dîner familial lundi soir, mais il fallait que je fuis, comme si je courrais un grand danger, et j’ai décliné le dîner.
J’étais dans un état de stress fou lundi soir, et au fur et à mesure que les jours ont passé, ça allait mieux.
Rentrée de Nouvel An, j’avais eu ma maman au tel, et je devais passer dîner un jour, mais mouais, bof, je repousse je repousse… comme d’hab… et je dis « Bon ok, je viens mercredi soir » (merde, fais chier…). Mercredi soir, j’appelle, pas envie d’y aller, et je sors une espèce d’excuse bidon (« J’ai bossé tard, le tems que j’arrive il va être 21 heures… tu vois… »), décidée à ne pas y aller, et ma maman me dit « Oh tu sais, ça ne me dérange pas… en plus ton père bosse très tard ce soir donc il n’est pas là, du coup, moi, tu sais, ça ne me dérange pas de dîner à pas d’heure… »… « Ah, c’est sûr que ça ne te dérange pas ? Alors j’arrive ». J’ai passé une top soirée avec ma maman, je suis repartie toute guillerette et à regret, je n’avais plus envie de partir… Et je me suis rendue compte de ce qui me catastrophe aujourd’hui : je déteste mon père. J’ai réalisé que je n’étais pas venue finalement parce que ça ne dérangeait pa ma maman de dîner tard, mais parce que mon père ne serait pas là. J’ai été heureuse de voir ma maman sans mon père. J’ai été heureuse de ne pas voir mon père. C’est affreux.
J’ai réfléchi à ça, je n’arrête pas d’y penser, et je crois que tous mes problèmes avec les mecs viennent de là, de cette obligation que je me fais depuis des années à me forcer d’aimer et d’apprécier quelqu’un que je déteste en réalité. De cette obligation que je me suis faite d’essayer d’apprécier et d’aimer quelqu’un qui ne m’aime pas et que je déteste.
Je le déteste parce qu’il ne m’aime pas. Et ce qui me blesse depuis tant d’années, ce n’est pas que cet homme ne m’aime pas en fait, comme je le croyais. Ce qui me blesse, c’est d’être obligée d’offrir du temps et de l’affection (même feinte) à quelqu’un qui ne m’aime pas et que je n’aime pas. Je nie mes sentiments depuis tant de temps, je ne les prends pas en considération, je me force à sentir l’inverse, et c’est ça qui me détruit. Je fais cela avec mon père depuis toujours, et je fais cela avec les hommes que je rencontre.
J’ai vraiment réfléchi sincèrement à ça, à ce que je ressens profondément, et depuis si longtemps. J’ai réfoulé cette haine pour mon père. C’est très dur en effet de devoir accepter un jour qu’on n’aime pas son père. Mais après tout, c’est normal de ne pas aimer les gens qui ne nous aiment pas
Aujourd’hui, j’ai « découvert », suite à l’événement sordide, qu’il n’était en effet pas normal d’aimer et de s’attacher aux gens qui ne nous aiment pas et nous maltraitent, et que je ne voulais plus cela. Si je suis logique avec moi, si je veux m’en sortir, il faut que j’arrête de « donner » (du temps, de l’affection,…) aux gens qui m’ont fait du mal (et que je n’arrive pas à pardonner), aux gens qui m’en font aujourd’hui, aux gens que je n’aime pas car ils n’ont aucune raison d’être aimés… et donc à mon père, qui rentre pile poil dans le lot, et ça a beau être ma famille et mon sang, je réalise que j’ai trop donné à cet homme qui m’a trop méprisée. Car moi aussi je suis sa famille et son sang, et ça n’a pas l’air de l’avoir plus ému que cela. Et c’est sûrement pour cela que je donne toujours aux gens qui me maltraitent et me méprisent. C’est d’ailleurs peut-être pour supporter le fait que je me suis obligée à côtoyer mon père dans une relation hypocrite d’intimité familiale. C’est une manœuvre de mon inconscient pour me sauver et me préserver mentalement. Mon inconscient me pousse vers ces hommes-là, me leurre en me les faisant aimer : si j’aime ces hommes qui me maltraitent et ne m’aiment pas, alors je n’ai pas à m’en vouloir de côtoyer, d’essayer d’aimer ou de chercher à apprécier mon père, bien au contraire, mon inconscient m’envoie comme message que c’est le modèle du bonheur, de la relation idéale ; alors je ne ressentirai pas de douleur à côtoyer mon père, cet homme qui ne m’aime pas et m’a maltraitée… Et comme je suis obligée de le côtoyer, mon inconscient manœuvre pour que le côtoyer m’apparaisse comme un acte agréable… En gros : je suis obligée de côtoyer mon père et pire, de lui montrer de l’affection -> mon père est un sale con que je déteste et qui me maltraite -> DILEMME ! ! ! ! => mon inconscient transforme la réalité pour me leurrer et me faire avaler la pilule : le modèle universel du bonheur, c’est l’Amour, la relation Amoureuse : aime les hommes qui te maltraitent, comme ton père. Décide donc que la relation idéale, l’Amour, c’est avec un homme qui te maltraite et que tu n’as objectivement aucune raison d’aimer… Et le tour est jouée. Bbbbrrrrrrr…..
Bref, encore une révélation déstabilisante mais fondamentale. Du coup, c’est pas facile. D’ailleurs, ces derniers jours, je me sens libérée, mais en même temps je suis terrorisée par cette découverte qui va changer beaucoup de choses dans ma vie, je n’arrête pas de pleurer par rapport à ça, car je ne sais pas quoi faire maintenant…
Car je sens que pour me sortir de ce merdier avec les mecs, l’amour (de moi et des autres), il faut que j’arrive à arrêter « d’aimer » (ou de me forcer à aimer ou de faire semblant) cette personne qui m’a tant maltraitée et qui ne m’aime pas : mon père ! ! Mais comment faire ? ? ? ?
Si je pouvais, honnêtement, si j’étais vraiment libre, si j’assumais cela, je ne reverrais plus mon père (je l’ai déjà tellement pensé, et je me disais : « Mais pauvre fille, tu es affreuse ! ! ! Fille indigne pour penser une chose pareille ! ! ! »). j’ai tellement JAMAIS envie de le voir, je suis tellement heureuse quand j ne le vois pas… Il ne me manque JAMAIS JAMAIS JAMAIS… J’irais voir ma maman, je lui expliquerais, je lui dirais que mon père ne m’intéresse pas et que je ne veux plus le voir, il me détruit, il m’a trop détruite. Mais je ne peux pas… ma pauvre maman… J’ai pourtant tellement souvent espéré que mes parents divorcent, et j’ai tellement toujours su que si cela arrivait, je ne reverrais probablement pas mon père (qu’est-ce qui m’y aurait poussé ? Lui ne m’aurait pas appelée, et moi… je l’aurais fait, le moins possible, mais je l’aurais fait, par convenance débile).
Avant, j’étais hypocrite et je me forçais mais je ne m’en rendais pas compte. Aujourd’hui, je vais être obligée d’êre hypocrite et de me forcer, et ça va être encore plus dur (mais au moins, je serais enfin claire avec moi-même, je ne refoulerai plus), parce que ça me fait chier de passer du tems avec des gens qu je n’aime pas et qui ne m’aiment pas et de devoir faire semblant en plus… J’ai l’impression de ne pas me respecter.
C’est vraiment énorme tout ça, et c’est le choc du réveillon + le dîner seule chez ma maman qui m’a révélé tout cela… Quelle drôle d’année qui commence
Tu as raison, je vais aller voir un psy, parce que là quand même... ça devient trop lourd...
Je t’embrasse très très fort…
Onyx.