Désolée du temps que je passe à vous laisser sans nouvelles ! Vos témoignages me touchent et je suis le cheminement de vos pensées et de vos histoires, à l’une et à l’autre. Mais malheureusement je ne dispose pas d’autant de temps que je le souhaiterais pour vous écrire puisque je le fais du bureau.
Voilà 19 jours que j’ai rompu avec lui sans y croire tout à fait. Je lui avais demandé de ne pas me rappeler et il a à peu près tenu.
À peu près parce qu’il y a eu un an dimanche passé que nous avons commencé notre histoire et qu’à cette occasion il a laissé un mot sur ma boîte vocale; juste pour le souligner, me dire qu’il y pensait. J’ai été tentée de le rappeler mais j’ai tenu bon : de toute façon il connaît l’intensité de mes sentiments. À peu près aussi parce que je me suis rendu compte qu’il semblait me chercher aux endroits où je passe le matin : le café, la rue devant mon bureau… Mais il n’a pas osé retéléphoner directement.
Mon état d’esprit, mon état d’âme ?
En dents de scie. Parfois je suis prise d’une immense tristesse, incapable de croire qu’il va enfin savoir réagir et saisie de l’évidence que cette histoire exceptionnelle est bel et bien terminée.
D’autre fois l’optimisme reprend le dessus et je me dis qu’il est impossible qu’il laisse tout s’achever ainsi.
Ce matin j’étais en manque de lui. Je ne sais pas ce que je vis ; je le vis et c’est tout. J’aurais volontiers couru au café pour le serrer dans mes bras (ce que je n’ai toujours pas fait). Mais alors me sont revenues les douleurs intolérables de certains de ses mots ou de ses attitudes, comme quand il disait « ma belle-mère »… C’est suffisant pour me tenir loin.
Onyx tu penses que je devrais aller le voir ; mais je me sens si fragile en face de lui en réalité! Le revoir me paraît risqué. Je vis un jour à la fois.
En dessous de tout ça je suis fière de ce que je suis, de ma façon de réagir et c’est une grande satisfaction. Fière parce que j’ai su prendre le temps qu’il fallait, en dépit des souffrances, pour nous donner toutes les chances; fière aussi parce que aujourd’hui je sais me retirer malgré l’attachement.
Cette constatation me fait un bien immense en me renseignant sur moi-même, sur mon intégrité, ma fiabilité, ma force, mon courage, sur la maîtrise que j’ai de ma vie.
Je n’ai pas évité les doutes, les hésitations, les crises de larmes… mais je sais trop désormais que ça fait partie de la panoplie, qu’il n’y a que dans les films que les gens savent exactement toujours ce qu’il convient de faire, sans l’ombre d’une nuance. Avec le recul j’ai réfléchi, vécu à fond mes sentiments mais en ne me laissant pas noyer par eux et suivi la ligne directrice que je m’étais fixée.
Je l’aime; je ne le répéterai jamais assez. Je l’aime tant que je soupçonne que mon histoire d’un an avec lui puisse me bloquer très longtemps dans ma vie amoureuse. S’il me faut toujours faire des comparaisons comment recommencer autre chose ?
Mais c’est une vraie satisfaction profonde que de savoir qu’on n’est pas une victime, en aucun cas, qu’on a agi comme un simple humain mais un humain qui peut marcher la tête haute. Je peux me faire confiance pour l’avenir.
Et lui ? C’est peu dire que je n’envie pas sa place. Mais tu as raison Belette, on est seul au fond. On ne peut pas aider la personne qu’on aime à se vaincre elle-même, à régler ses histoires.
Dans mon cas je l’ai espéré un bon moment : avancer ensemble main dans la main vers ce qu’on espérait tous les deux, vaincre les obstacles ensemble. Et puis j’ai compris que s’il ne souhaitait pas mon aide c’est qu’il la percevrait comme une tentative de manipulation. Il sait tant que j’espère, que j’attends qu’il trouve le courage d’affronter sa conjointe !
S’il réussit à se convaincre que tout est mieux comme ça, alors il sera tranquille un moment ; mais je reste persuadée que là où l’on n’accepte pas les obstacles qui se présentent, ils reviennent en force plus tard et nous font doublement souffrir.
S’il admet qu’il doit agir mais n’en trouve pas le courage, il doit souffrir terriblement. Dans cette histoire je tiens le rôle de « facteur », le facteur qui l’a mis en face de lui-même ; c’est à cause de moi qu’il en est là, même si aujourd’hui je suis « sortie » de sa vie.
En réalité, et je ne le vois clairement qu’aujourd’hui, il avait un choix à faire dont j’étais dépendante. Il n’a pas su faire ce choix et c’est moi qui en ai fait un.
Ceci me laisse paisible mais lui au contraire ne doit pas se regarder avec fierté.
Je l’aime et n’aime pas qu’il en soit là.
Pourtant je crois que ce sont de ces choses sur lesquelles on est seul à pouvoir quelque chose pour soi-même.
Rien n’est fini. J’ai l’impression qu’il me cherche un peu le matin. Atteignant une sorte de sérénité, je ne peux pas continuer éternellement à me cacher de lui. Mais le revoir me fait risquer de retomber ; je le sais bien. J’ai des craintes et il faut bien que je pense à me protéger.
J’ai des craintes qui sont :
Ne va-t-il pas croire que je craque simplement, que je ne suis pas à la hauteur ?
Vais-je résister à ses yeux sur moi ?
Ne vais-je pas intervenir au moment où il s’apprête à agir et tout gâcher ?
Une chose par-dessus tout ça, et j’en faisais mention plus haut : je sais aujourd’hui que les angoisses et les hésitations sont normales et font partie du parcours quel qu’il soit ; les chutes aussi. Le tout est d’avoir une attitude cohérente envers soi-même, de poursuivre son chemin malgré le retard qu’on peut prendre parfois.
Il doit savoir qu’il est toujours à sa portée de tout changer en affrontant sa vie en face et il est donc bon que je reste loin ; je crois. De toute façon je l’ai quitté. Si la situation s’avérait insupportable pour lui il agirait ; ne serait-ce qu’en venant me dire qu’il est décidé à parler à sa conjointe.
Onyx, tes questions, tes doutes après ta rupture m’ont beaucoup remuée. D’abord parce que je les comprends si bien ! Ensuite parce que je sais qu’ils font partie des préoccupations de mon (ex) amant. Tout ce que tu écris, et plus encore, c’est la montagne qu’il voit devant lui et qui l’empêche de tout régler.
En te lisant j’ai surtout l’envie de me mettre à pleurer comme si tout était perdu d’avance. Cet homme est si sensible (un artiste)… Comment peut-il affronter une telle épreuve ? Et moi, comment affronter cette place de maîtresse, cachée, dans l’ombre de celle avec laquelle aujourd’hui il vit mal ?
Je vous embrasse toutes les deux et vous "suis".
Kat