amours propres et sales méthodes
Ce que tu rêves de lui dire, je lui ai dit moi, hier, et pratiquement dans les mêmes mots !
Ce que tu crains, je te cite : « Ce dont j’ai peur, avec un tel état d’esprit, c’est de perdre mes propres sentiments ; des sentiments que j’ai toujours protégés du mieux que je le pouvais parce que je les trouvais précieux et uniques. Me suis-je trompée ? » J’y arrive et c’est douloureux…parce qu’effectivement je crains de m’être trompée. Aujourd’hui quelqu’un m’a dit «mais tu as perdu du temps », j’essaie de ne pas me laisser souscrire à cette façon de voir les choses, qu’est ce que le temps, qu’est ce que «perdre du temps » dans ce domaine ? Avoir des enfants (important pour la plénitude féminine) ? J’en ai déjà et je n’en voulais plus d’autre.
Simplement avoir un homme à ses cotés ? Celui qui saura m ‘aimer m’aimera aussi avec mes seins moins fermes et mes premières rides…sinon c’est que je serai retombée dans mes erreurs ce dont je doute maintenant.
Comment je me sens au lendemain de mon «terrible geste » ? Flouée, parce qu’il est déjà retourné avec elle (elle ne l’a quitté que quelques heures). En colère de ne pas l’avoir fait plus tôt (c’est vrai je me sens plus digne de respect même si c’était un geste un peu «minable » à priori). Triste parce que je me rends compte qu’il me reste une colère après cet homme que j’ai tant aimé, parce que petit à petit un certain mépris m’envahit. Parce que je me rends compte aussi que je pourrai aller plus loin, lui dire des paroles blessantes par exemple….Hier il m’a proposé de me verser une pension pour rembourser ces 5 ans de loyer, de téléphone, d’assurance auto, d’électricité, de bouffe qu’il n’a jamais voulu partager….Je lui ai répondu que l’on ne pouvait revenir en arrière sur ce qu’il avait fait et sur ce que j’avais eu la faiblesse d’accepter. De plus une pension maintiendrait encore un lien dont je ne veux plus.
Tu vois, il me reste de la rancœur… Ce soir me revient ma vie sexuelle minable avec lui, mes soucis de frics, l’impression de vivre seule, d’assumer tout toute seule tout en ayant constamment des comptes à rendre à un insatisfait permanent…Je n’aime pas cet état, je souhaite m’en débarrasser le plus vite possible mais peut être faut-il en passer par-là avant de retrouver la bienheureuse neutralité ?
En même temps je crois, oui, que je me suis enfin trouvée, d’ailleurs le regard des autres (qui pour la plupart ne savent rien de mes derniers éclats) brille un certain respect…c’est donc que cette affirmation de moi-même dépasse le domaine de mes turpitudes amoureuses.
En ce qui la concerne elle, j’éprouve toujours un sentiment de rancune, mais c’est plus de la rancune de ce qu’elle m’a dit et fait, l’idée que cette fille a envahi ma vie, balayant tout derrière elle, repartant avec mon mec, me faisant au passage douter de mon charme (à un moment je me sentais comme une femme de 70 ans alors que cette grande dinde est maigre comme un coucou et que ses 25 ans fiévreux n’ont rien de plus séduisant que mes 39 ans tranquilles !), envahissant mon sommeil et celui de mes enfants, donnant des coups de pieds dans ma porte me laissant aussi démunie qu’une femme violée…c’est tout ça que je ne pardonnerai jamais…
Alors je crois que face à un égocentrisme aussi envahissant, il fallait que moi aussi j’apprenne enfin à exister. Mon geste d’hier n’était rien d’autre, comme un gigantesque bras d’honneur à ce double refus de me voir exister : lui voulant me garder comme un vieux jean confortable qu’on garde au cas où et elle niant mon existence au point de faire une scène à ma belle-soeur qui l’avait par inadvertance appelée par mon prénom !
Je ne pense pas moi non plus que cette histoire soit terminée hélas... ma colère me prouve que le détachement n’est pas encore là! mais après tout, chaque étape se doit d’être vécue pour ce qu’elle est : une expérience de plus !
On vivra ce qu’on a à vivre ma chère Kat (ça fait hurler mon mec qui ne comprend pas ce qu’il appelle «mon fatalisme », comme si se cogner à tous les angles de la vie était plus simple, comme s’il fallait avoir l’arrogance de croire que nous décidons entièrement de notre vie !)…
En attendant moi aussi je t’embrasse, merci de partager avec moi…