Bonsoir à tous,
Bon voilà... Je me lance ! Il y a un bout de temps que je participe dans le forum Relation de couple, mais sans voir vraiment appeler à l'aide.
Je sais que mon problème engendrera de la colère et du mépris chez bien des personnes et qu'il est même très difficile pour la majorité de faire preuve d'empathie. Car mon problème est lié à l'un des sujets les plus tabous encore aujourd'hui : les relations extra-maritales ou, si vous préférez, l'adultère. C'est cela, vous avez compris; je suis l'Autre femme, la pute, la briseuse de ménage.
Je suis mariée (l'Occident a rencontré le Moyen-Orient) depuis 1984, j'ai 35 ans et je vis avec mon mari depuis 17 années. Nous n'avons toujours pas d'enfant, sa mère vit avec nous depuis une dixaine d'années, j'habite dans une ville à 700 km de ma ville natale et de ma famille, ma culture (je suis québécoise et j'habite à Toronto - croyez-moi, c'est pas facile, surtout à cause de la politique et de mon statut social), mon mari ne peut engendrer une descendance (infertilité), etc. J'exerce une profession que j'adore, je suis en excellente forme et d'après mon entourage plutôt jolie, j'ai un mari qui m'adore et une sécurité financière relativement enviable.
Mais, voilà, derrière une histoire plutôt banale, se cache un vrai drame, mon drame de la vie.
Il y a treize ans de cela, j'ai fait la rencontre, dans notre cercle d'amis, d'un homme qui allait changé toute ma vie qui semblait même trop parfaite aux yeux de plusieurs ("Vous faites un si beau couple !"). Au cours des cinq premières années de notre rencontre, nous avons été les meilleurs amis au monde. Mais, nous nous rapprochions au point de rechercher continuellement la présence de l'autre. Il n'était pas marié à l'époque et avait une petite ami qu'il a quitté.
Entre-temps, il a été diagnostiqué pour la Parkinson et a obtenu sa maîtrise en Génie informatique. Puis, il s'est marié en 1990. Le jour où il m'avait annoncé qu'il se mariait, nous nous sommes serrés très fort l'un contre l'autre et nous avons pleuré en silence. J'habitais toujours Montréal.
Lorsqu'arriva le moment de quitter Montréal pour Toronto, je m'effrondrai de douleur dans mon nouvel apartement en attendant la chanson "I will always love you..." Je m'avouais finalement que j'étais bel et bien accrochée. Un an après son mariage, il m'avouait que ça n'allait pas du tout dans son mariage.
Un jour que je visitais Montréal, seule (sans mon mari), je séjournai un peu chez lui. Nous étions assis tous les deux sur le balcon et nous entamâmes une très longue discussion au cours de laquelle il me confia son énorme déception vis-à-vis son mariage. Mon coeur se serra si fort que j'en eus les larmes aux yeux. Je rageais contre nos destins qui avaient fait que nous ne nous étions pas rencontré avant...
Je retournai à Toronto. Puis, je retournai un mois plus tard à Montréal et lui avoua mes sentiments qui, je le savais étaient mutuels, depuis déjà très longtemps. L'ennui c'est que nous n'étions pas libres, sinon mariés à deux autres personnes.
Alors, on se jura de garder secret nos sentiments. Mais, tranquillement les mensonges, les excuses, les escapes devinrent le lot quotidien de ma vie jusqu'à maintenant si ordonnée et immaculée. C'est moi qui se déplaçais le plus souvent à Montréal et qui payait l'hôtel en plus de payer mes voyages. Lorsqu'on se rencontrait, on se parlait longuement de nos problèmes respectifs, de nos rêves, de nos espoirs et on faisait l'amour où les larmes et le plaisir extrême s'entremêlaient avec passion.
Sept ans à vivre deux vies en parallèle, à se déchirer, à se faire mal, à s'aimer passionément, à se détester, à se détruire, puis à s'avouer finalement qu'on ne peut se passer l'un de l'autre.
J'ai souvent, très souvent exprimé le souhait que nous quittions tout pour refaire une vie ensemble, mais il n'en avait pas le courage, car il a un enfant et ne voulait pas en être séparé. Je lui ai même dit que je quitterais mon mari, car je ne pouvais plus supporter ma double vie et le mensonge (je me sentais extrêmement coupable). Mais, mon amant me disais que NON! de ne pas quitter mon mari, car il ne pourrait plus jamais me rencontrer une fois que je suis célibataire. À bout de souffle, je le délaissais quelque peu et il venait me regagner, sans trop de difficultés.
Tout a mal tourné lorsque j'ai décidé d'accepter un contrat à Montréal et de déménager seule là-bas. J'étais donc séparée de mon mari. Sincèrement, je voulais me retrouver seule et réfléchir sérieusement à ma situation. J'ai eu un accident automobile majeur et je suis tombé enceinte de mon amant. Lorsque je lui ai annoncé la nouvelle, il a craqué et a tout dénoncé à son épouse, à mon mari, à mon entourage. Il craignait que je garde l'enfant et reste avec mon mari. Le destin s'était retourné contre moi et c'était au tour de mon amant de ma trahir et de ne pas croire en mon amour. Je me suis fait avortée (le premier avortement était tout de suite après notre première relation sexuelle. Les médecins m'avaient convaincue que je ne pouvais concevoir, alors que c'était mon mari qui avait des problèmes de fertilité) et je suis restée avec mon mari qui a fait preuve d'un amour inconditionnel. Dans le fond de moi-même, je n'avais jamais cessé de l'aimer, mais...
Six mois s'étaient écoulés lorsque je reçu un message électronique où je travaillais depuis une semaine. C'était mon amant qui m'avait retrouvée. Mon coeur avait cessé de battre en voyant son nom sur mon écran. Merde ! Je ne m'étais pas complètement détachée malgré toute la douleur et les expériences traumatisantes que j'avais vécues. Nous reprîmes contact et avons même eu rapports sexuels.
Il m'a dit qu'il avait réalisé combien je comptais pour lui et voulait me proposer de tout quitter et refaire ma vie.
Il y a de cela des années, j'ai commencé à me parler seule devant le miroir et me répéter que je me déteste. Souvent, mes larmes coulent sans effort alors que je conduis ma voiture, que j'écoute de la musique, lis un poème, etc. Lorsque ma détresse devient insupportable, surtout quand je suis seule chez moi la fin de semaine, je bois du vin pour me calmer (auto-médication), mais sans jamais devenir ivre.
Pourquoi suis-je si attachée à cet homme? Je n'ai jamais eu d'autres relations amoureuses avec qui que ce soit d'autre. Il n'est pas plus beau, plus riche, plus intelligent que mon mari. Loin de là. Et il est affligé de sa condition neurologique et chronique. Ce qui ne l'empêche pas d'être l'homme que j'ai le plus aimé dans ma vie activement et pour qui j'ai vendu mon âme et décroché la lune.
Je sais que ma situation est très malsaine, mais je ne sais pas comment m'en sortir. J'ai pensé très souent mettre un terme à tout cela en m'enfuyant très loin, dans un pays étranger. J'ai même vidé un pot d'aspirine en calant une bouteille de vin plus d'une fois (est-ce des tentatives de suicide mal déguisés ?).
À l'aide, quelqu'un, si vous avez le coeur d'entendre mon histoire sans me juger tout en essayant de comprendre, dites-moi ce qui m'arrive. Vous êtes mon dernier recours, car je me sens vraiment glisser dans un gouffre profond.
Merci d'avance de votre compassion, de votre compréhension et de vos conseils.
Anam Cara