Ma très chère Héléna,
Sans me connaître autrement que par mes messages, vous m'offrez votre épaule pour me soutenir et m'écouter. De plus, vous me semblez fort accaparée par votre travail. J'apprécie énormément.
Je suis aussi au bureau aujourd'hui, en ce beau dimanche ensoleillé. Je parlais de faire l'ermite. D'une certaine manière, je le fais déjà, car je rentre très souvent au bureau la fin de semaine pour m'avancer dans mes dossiers et me retrouver seule. Depuis que je vis cette situation, je me suis repliée sur moi-même et la solitude a été ma compagne fidèle, faute de pouvoir me confier à qui que ce soit.
Héléna, comme je l'avais mentionné dans mes messages précédents, mon amant avait repris contact avec moi. Je dois dire qu'il a eu l'audace de reprendre contact avec moi, après ce qu'il m'a fait subir l'année dernière, lorsque je lui ai annoncé que j'étais enceinte (voyez ma réponse à Blanche, si vous souhaitez avoir plus de détails à ce sujet). Au premier contact, je m'étais rendue à l'évidence que mon coeur battait à nouveau plus fort en entendant sa voix. Il m'avait semblé que ma vie s'était arrêtée depuis que j'avais quitté Montréal l'année dernière après l'incident.
Ma première impulsion fut de lui demander pourquoi il avait réagi de la sorte en me dénonçant, etc. Il me répondit que c'était moi qui l'avait trahi. J'étais déconcertée par son manque de logique et je lui répondit à mon tour qu'en me confiant à lui et en lui annonçant que j'étais enceinte, je lui prouvais que son avis m'importait beaucoup.
L'incident était survenu en mars '99. Il a repris contact avec moi en août '99. Au cours des derniers mois, nous avons gardé régulierement contact par courrier électronique et par téléphone au bureau seulement. Le ton de nos conversations en général était très négatif et angoissant, car nous n'arrivions pas à nous entendre sur ce qui s'était passé à l'époque et cela m'importait tellement. Je voulais de tout coeur qu'il me comprenne et qu'on se réconcilie sur ce point.
De plus, il se montrait extrêmement jaloux. Toujours en train de me dire que tout en étant en contact avec lui, j'entretenais une relation avec mon mari. Il me disait qu'il n'était pas prêt à me partager avec mon mari comme par le passé. J'étais tellement confuse par ses propos. Surtout que c'était lui qui n'avait pas voulu pendant des années se décider à tout quitter pour être avec moi et qu'il me décourageait moi aussi à me séparer en me disant qu'une fois célibataire et lui toutjours marié, nous ne pouvions plus nous voir.
Maintenant, il me dit qu'il ne peut plus se passer de moi et il me pousse à me décider à tout quitter pour être avec lui. Le malaise que je ressens est causé, je crois, par son insistence et son impatience.
Mon malaise est dû par son manque de compréhension envers ma situation. Il est rongé par sa jalousie et doute de moi sans arrêt. Combien de fois aie-je consacré des après-midi au bureau à travailler tout en lui envoyant des messages pour lui dire que je pense à lui. Combien de foi suis-je restée à la maison seule en espérant pouvoir communiquer par courrier électronique avec lui. Combien de temps aie-je souvent de ma solitude et aie-je pensé à lui, alors qu'il s'imaginait que je me payais du bon temps avec mon mari. Et il oublie les quelques voyages d'affaires à Montréal auxquels j'ai rajouté une journée de congé à chaque fois pour le rencontrer en espérant faire le point sur notre situation et me refaire des forces en nous aimant simplement.
Mon malaise et ma détresse, Héléna, sont dus au fait que je sais trop bien que j'aime mal. Je lui donne le meilleur de moi-même et je sens qu'il demande et reçoit sans jamais pleinement apprécier ce que je suis pour lui. Je sens que je dois sans cesse le rassurer sur mes sentiments et lui prouver mon amour en remuant ciel et terre.
Lorsque je deviens trop épuisée émotionellement et que je lui dis que je ne peux plus supporter ses caprices et ses enfantillages, il fait tout pour me regagner et me dit que je sais trop bien que la seule chose qui va mettre un terme à ses frustrations c'est si je quitte tout pour aller le rejoindre.
Héléna, j'ai aimé cet homme et je lui ai donné les sept meilleures années de ma vie. J'ai été sa maîtresse, car je ne pouvais me passer de lui et il se croyait incapable de tout quitter pour me suivre. Cette vie en parallèle m'a pris toute mon énergie et m'a poussé à me compromettre et à me retrouver dans des situations et des endroits qu'autrement je n'aurais jamais fréquentés.
J'étais convaincue qu'il comprenait qu'il fallait que je l'aime énormément pour subir tout ceci et entendre de sa bouche qu'il n'était pas prêt à tout quitter. Puis, lors de l'incident l'année dernière, toutes mes illusions se sont dissoutes dans un bain d'acide. Il venait de rater l'occasion de me prouver son amour.
Hier soir, nous communiquions par courrier électronique. Puis, j'ai dû cesser d'écrire, tout comme lui d'ailleurs, car mon mari était rentré. J'ai reconnecté à 01:20 seulement pour trouver un message pleins de reproches dans lequel il me disait qu'il ne s'était pas étonné que j'aie cessé de lui écrire, puisque je n'étais pas seule (il insinuait que je devais être au lit avec mon mari). Merde ! Quand je pense que j'étais restée à la maison justement pour communiquer avec lui, en espérant faire avancer les choses.
Aujourd'hui, je me sens comme je me suis très souvent sentie: épuisée, au bout de mes forces et extrêmement déçue de son manque de compréhension. Je sais qu'en partageant ma déception, il va d'abord se justifier, puis me regagner. J'en ai assez de l'aimer autant et de souffrir autant, sans qu'il le réalise et me respecte. Mais je n'arrive pas à m'en détacher.
Désolée de la longueur de mon message. Mais, je voulais vous faire découvrir une autre facette de ma relation, beaucoup moins romantique que l'autre.
Je sais que c'est malsain. Mais, je ne sais pas pourquoi je me saigne à blanc de la sorte. La relation est malsaine en ce sens qu'il m'a vraiment stimulée et aidée à m'épanouir, mais il est très jaloux et me pousse à mes limites d'endurance.
Il me tarde de lire vos commentaires à ce sujet.
Anam Cara