Bonsoir Héléna:
Je suis vraiment arrivée à attaquer le vif du sujet avec vous et je continue d'apprécier que vous soyez à l'écoute. Une écoute active, mais non envahissante. Vos questions me montrent à quel point vous faites preuve de perspicacité.
Je crois être arrivée à la hauteur du chemin où il m'est de plus en plus pénible d'écouter ma conscience et de regarder la réalité telle qu'elle est et non telle que je souhaite qu'elle soit. Jusqu'à présent, je crois que j'ai assez bien réussi. Mais, c'est très douloureux ! Combien de fois ai-je fait le même cheminement dans ma tête, seule, nuit après nuit, en m'arrêtant exactement à cet endroit, incapable de reprendre la route, sauf en sens inverse.
...Y'a un bon moment que je regarde l'écran, devenue incapable d'y voir clair dans mes idées. Oui, je suis effectivement arrivée au point où il y aurait comme un blocage. Je suis incapable de me comprendre et cela m'effraie et me tourmente énormément. C'est justement à ce moment, que je souhaite très fort me retrouver seule, vivre seule et ne plus avoir à me culpabiliser et à me balancer entre deux hommes qui m'aiment chacun à leur manière.
Vous avez raison de déduire de mes propos que ma relation avec mon amant me tient en haleine à cause de l'incertitude du lendemain. Il faut ajouter à cela des années d'amitié et des années de relations amoureuses qui ont causé mon accoutumance et mon attachement comme dans le mariage.
Pourquoi ai-je développé des sentiments amoureux pour un homme qui me fait beaucoup pleuré, me fait entendre des paroles que je n'aurais jamais voulu entendre de sa bouche, me fait craindre de le perdre... Alors, que j'ai un mari qui m'adore et me respecte. Je me suis toujours étonnée de ne pas avoir des griefs contre mon mari tels l'absence de petites attentions, la coopération dans les tâches ménagères, etc., comme bien des femmes ont. Bien sûr, j'ai d'autres griefs.
Aujourd'hui, mon amant m'a téléphoné pour me dire qu'il ne peut plus se contenir et que je lui manque beaucoup. Or, il veut que nous fixions, que JE fixe une date approximative pour que nous nous décidions à tout quitter pour être ensemble en permanence. Nous nous étions disputés pendant deux jours et il m'a fait beaucoup pleuré cette semaine. Il tentait de m'expliquer que ses "crises" étaient dus au fait qu'il ne peut plus tolérer que je vive avec quelqu'un d'autre. Je secouais ma tête en l'écoutant, tant j'étais décontenancée par ce qu'il me disait. Je me suis acharnée au travail toute l'après-midi pour ne plus y penser, car je ne savais quoi penser.
Serait-ce possible, lui et moi ? Jouirons-nous d'une relation plus paisible et plus sereine une fois réunis ? Me sentirai-je en sécurité et en confiance en faisant vie commune avec mon amant ? Mettra-t-il fin à la relation si je décide de ne pas le suivre ? Je me rends compte que je ne veux pas le perdre d'une manière ou d'une autre.
Ce soir, mon mari voulait faire l'amour. Il a fermé la télévision, car je tardais devant, volontairement. Puis, nous l'avons fait dans le salon (sa mère est partie visiter son pays et je sais qu'il aime faire des choses inhabituelles dans ces moments). J'ai déployé tous mes efforts pour apprécier ses baisers, sentir sa peau sous mes doits et le sentir entre mes reins. Mes gestes, ma présence semblait lui plaire. Mais, moi, comme d'habitude, je n'arrivais pas à soutenir mon plaisir et ma présence d'esprit qui s'envolait encore une fois vers un autre homme. Si seulement je pouvais arriver à jouir de ces moments... Plus de dix ans à faire semblant. Je me déteste vraiment pour avoir vécu une vie à faire semblant alors que j'ai tant à offrir. Et, il est le premier à le mériter, alors que mon amant...
...mon amant, est comme le cheval sauvage que l'on essaie d'apprivoiser. Dès que l'on s'en approche (émotionellement), il galoppe en sens inverse. J'aimerais bien lui passer le harnais de l'amour, mon amour, et qu'il le reçoive en toute confiance pour que nous puissions cheminer ensemble et cesser de nous chercher.
Après nous être disputés pendant deux jours et que j'aie cessé de lui répondre, il m'envoya un message avec un proverbe turque (il est turque-iranien) disant que si vous avez fait fausse route, vous faites simplement marche arrière et reprenez le bon chemin. C'était sa manière bien à lui de me dire qu'il était désolé et qu'il cesserait de me tourmenter. Mais, combien de fois, ai-je aisément passé l'éponge. Peut-être devrais-je être plus "dure" et plus "ferme" avec lui. Mais, ce n'est pas dans ma nature.
Voilà exactement ce que je vis précisément à ce jour.
Seule... me retrouver seule. Mon seul vrai désir. Pour y voir clair.
Je dois aussi vous dire que j'ai si peur de laisser mon mari et de lui causer beaucoup de chagrin. Oui, je me sens vraiment coupable et je l'aime très profondément, sans attirance, tel un très grand ami.
Héléna, je suis désolée de piétiner sur place pour le moment. Mais, cela me soulage énormément de pouvoir écrire mes pensées tout en étant appuyée et guidée par vos réactions et vos questions.
Je vous en suis tellement reconnaissante et j'aimerais tellement en faire autant pour vous. Surtout, n'hésitez pas à vous confier à moi, si je puis vous être d'une aide ou d'un support quelconque. Sans vous connaître autrement que par notre correspondance, je perçois une femme très intelligente, sensible et humaine.
Écrivez-moi lorsque vous aurez un moment... Entre-temps, je vais faire fructifier nos échanges en réfléchissant à tout cela.
Dans l'attente de vos nouvelles,
Anam Cara (en langage celte, cela veut dire "Âme soeur").