J'apprécie beaucoup ces échanges. Je suis trés touchée de votre sincérité, et apprends beaucoup.
Vous aviez peur que je ne vous suive plus dans votre cheminement. N'ayez crainte, je comprends parfaitement. Ce que j'ai vécu est très proche de votre expérience.
Quand j'étais avec mon amant, j'étais en totale acceptation de ce qu'il pouvait faire, je me pliais à tous ses désirs. Finalement, je crois que j'aimais ça. Je voulais peut être me détruire. Il était lui aussi trés manipulateur, assez lunatique et très possessif. Ceci, bien évidemment, je m'en suis rendue compte après.
Je crois que ce qu'il cherchait, c'était que je le détruise, que je le rejette. Parce que ça voulait dire que je n'acceptais pas sa manière d'être, que je refusais d'être manipulée parce que ça me rendait malheureuse. Je crois qu'il attendait ça de moi parce qu'il a toujours été incapable de refuser cette manipulation ( en l'occurence de son père ).
Dés que je dominais, tout allait bien. Il ne fallait pas que je m'attache à lui sous peine de le voir fuir. Il ne s'estimait pas suffisament pour admettre que je puisse l'aimer. Il ne s'estimait assez que pour être manipulé, ce que j'admets avoir fait, bien que ce fut involontaire. Finalement, c'est peut être le plus grand service que j'ai pu lui rendre que de le quitter. C'est ma façon de lui prouver qu'on peut se respecter.
Quant à moi, c'est difficile de savoir exactement ce qu'étaient mes désirs au moment où j'étais amoureuse de lui. C'est assez confus. Mais je vais essayer.
Il y avait deus aspects à notre relation, on inversait les rôles selon les variations de notre attachement. Il y avait un enorme rapport de force dans notre relation.
Quand je dominais, tout allait bien tant que je supportais de moins ressentir.
e voulais me prouver que je pouvais faire le bien, je le protégeais en le voyant comme un enfant. Mais c'était très malsain. On n'aime pas un enfant comme on aime un homme, et je me lassais vite de ce petit jeu.
C'est là qu'il dominait. Je m'attachais alors plus à lui. Je me sentais sous son pouvoir, et je dois dire que c'est un désir qui m'a longtemps poursuivi. Je redevenais une enfant à mon tour.
Puis, ce jeu aussi me lassait. Je voulais plus, je voulais une relation entre deux adultes, entre une femme et un homme, et pas entre un parent et un enfant. C'est quand j'ai compris ça que j'ai tout arrêté. C'est quand j'ai arrêté de vouloir être un enfant ou une mère, mais une simple femme.
C'est peut être ça la dualité, le sentiment de dissociation que je ressentais. Je n'ai jamais vraiment été une enfant, mais jamais non plus une adulte. C'est peut être ce que j'aime dans mon travail. Il est basé sur la méthode, la volonté, le travail et l'aide des autres, mais aussi sur les émotions, les pulsions humaines, l'energie
Il m'aide à faire le pont entre les deux, et à trouver de plus en plus la femme en moi.
J'ai l'impression que vous vous débatez dans deux mondes. Votre mari et votre travail vous rassure, notamment sur votre normalité et votre volonté. Ce sont vos piliers.
Quant à votre amant, il révèle vos contradictions, vos pulsions destructrices et votre besoin d'être rassurée ?
J'attends votre message avec impatience, j'apprends beaucoup de cette discussion, qui me permet de parler de ce que j'ai ressenti parfois confusément.
Vous vous demandez pourquoi vous cherchez à être constamment déçue ? C'est peut être parce qu'on peut s'y habituer, et qu'au moins notre deception ne nous déçoit pas. C'est dur de changer. Et je crois que l'être humain est par nature hostile à tout changement. Heureusement, un peu d'espoir, un peu d'amour, et tout devient possible.
Je vous envoie le vol d'un oiseau, sa légèreté aérienne qui le transporte vers un nouveau monde, souhaitant qu'il vous inspire,
Enorme bisou, et tout mon respect,
Héléna.