quête de l'identité

Le 6 décembre 2000

Cher Pierre Jean

J’ai tenté de te répondre hier soir mais les messages n’ont pas été postés et je n’ai pas de double. Enervée j’ai préféré laisser tomber.

Je vais tenter de rendre en substance le contenu de mes messages :

Ce que tu me dis m’est effectivement apparu grâce à la psychothérapie analytique et aussi en fait grâce aux TS car sans elles je n’aurais sans doute pas cessé cette conduite de fuites, de sabordage avant longtemps, il est nécessaire parfois de « mourir » pour renaître, se poser des questions, voir quels sont nos mécanismes .

Cela, donc, j’en ai conscience, c’est établi, c’est clair.

Ce qui est moins clair en revanche c’est « comment » faire pour cesser de reproduire ??

Je te demandais donc hier de quelle façon tu t’en étais tiré, si tu parvenais à présent à achever quelque chose et à être content de toi ?

Les persécutions morales sont parfois plus terribles que les coups , car elles poursuivent tout le long d’une vie, si on n’arrive pas à enrayer le système, en fait. Je ne parviens pas à l’enrayer, mais il faut aussi être patiente, ce qui me manque.

Comment as-tu cicatrisé de ton passé ?

Ton témoignage m’a beaucoup apporté et je tenais à t’en remercier. En tout cas je te souhaite de continuer d’aller bien, et je voulais te dire que c’est encourageant d’avoir des témoignages positifs, venus de gens qui ont souffert, et qui s’en sont sortis. Cela m’ouvre des portes, même si nous ne sommes pas semblables. Si quelqu’un a pu, pourquoi pas moi ?!

Je t’embrasse et te souhaite beaucoup de bonheur.

Non, Toto, tu ne m'a pas fait du mal, j'ai essayé hier soir d'envoyer deux messages sur ce forum mais non seulement les textes ne sont pas passés mais je n'en ai plus trace.

Tes doutes, je les accepte et les comprends : moi aussi je n'ai sans doute pas été délicate dans ma réponse et cela fait deux nuits que je me reproche de n'avoir pas répondu point par point à ton message au lieu de m'emballer de la sorte, je t'envoie dès que possible plus long, j'ai quelques problèmes urgents !!!!! Bisous, et n'hésite pas à dire ce que tu as à dire. Valérie

mais je te demande pardon, ma Réma. Je n'ose plus écrire, maintenant. Je t'embrasse, je te dis à bientôt. Je regrette beaucoup, mais il faut oublier ma bêtise; Toute à toi. Toto

Cher Collie, et chers tous d'ailleurs,

M'as-tu bien lue ? Ce n'est pas ma psy qui m'a dit que mon histoire est banale, mais je crois que effectivement ce n'est pas à ma psy d'avoir de la compassion, mais comprends que parfois il serait si bon de se sentir un peu comprise.
Ou vraiment écoutée ?

Pour mettre de la couleur, il m'arrive de parvenir à en mettre, à y croire, mais cela ne dure pas (et à ce propos lisez ce qu'a écrit Pierre Jean). Je n'ai pas confiance longtemps, très peu de temps en fait, il me manque peut-être et certainement la foi en moi. je cite quelqu'un qui m'a parlé de son histoire et qui m'a écrit ceci, et je pense profondément qu'il dit vrai "il faut avoir goûté à sa libération et à son propre bonheur" pour pouvoir sans doute se sentir capable de donner des conseils, de tendre la main en sachant que ce que l'on fait est bon, ou utile, la CONVICTION voilà ce qu'il me manque.

Je crois en la beauté d'un arbre caressé par le soleil, je crois en la forêt qui s'éveille, je crois en la nuit qui tombe, la pierre qui brille sur un chemin, un oiseau qui chante au loin, l'air qui fouette mon visage, mais c'est bien tout ce en quoi je me sens autorisée à croire, sachant bien que la Nature a toujours été là, qu'elle sera encore là après ma mort.

Quand on ne va pas bien on ne voit plus rien, et les couleurs n'ont plus aucun chatoiement, on est sans doute trop enfermé en soi-même. On n'apprécie plus rien.

Aussi, voilà ce que je dis : il n'y a pas de noir, il n'y a pas de blanc, mes couleurs passent volent, s'effacent reviennent mais sont bien là les blancs et les noirs ne sont que des moments, tout n'est que fragilité de l'instant.

Les instants que je vis en vous lisant sont moments de couleur, de noir et de blanc.

La vérité est volatile, la vérité n'est rien et c'est sans doute ce qui m'effraie le plus car n'ayant pas connu de cadres stables dans ma vie, je ne me reconnais nulle part, je ne crois en rien de moi-même et des autres, je sais qu'il faut que je doute de tout et surtout ne croie en rien. Croire, c'est toujours risquer de perdre et j'ai perdu ce à quoi j'ai voulu croire de toutes mes forces, je sais que j'ai du mal à lâcher prise, que même les mauvais repères, les mauvais cadres sont moins terribles que me retrouver lâchée dans le chaos qui m'habite, que je sens puissant en moi et destructeur.

Lisez Pierre Jean il dit simplement ce que j'explique obscurément. Ce qui me poursuit ce sont les mots du père, ce sont ces maux.

Je continuerai avec cette psy parce que je ne veux pas recommencer. J'irai au bout et je me suis engagée dans ce travail avec conviction, mais je sens que quelque chose manque à tout cela, que je ne parviens pas à "lâcher" les mots de mon père à les rejeter, à ne pas les écouter, en fait je les ai faits miens, et je veux guérir de cela car c'est ce qui m'épuise le plus.

Non tu ne me bouscules pas : ce n'est pas la douleur qui m'empêche, enfin je ne le pense pas. A mes yeux, il y a autre chose qui me bloque, et contre laquelle je bute sans savoir ce que c'est, sans pouvoir empêcher que cela arrive. Je me sens bloquée à un endroit et tournant en rond sans trouver de sortie. Il est clair que j'ai quelque chose à affronter mais en mon âme et conscience je ne SAIS pas ce que c'est et cela doit me terrifier car je n'y parviens pas.

La démarche supplémentaire de venir parler sur ce site vient justement de cette certitude que ce n'est qu'en cherchant avec l'oeil extérieur d'autres personnes, me guidant à la fois aux conseils qui semblent bons, et à mon propre instinct, que je trouverai.

"tout ce qui ne correspond pas à mon attente est écarté", sois plus clair, plus direct, cite-moi ce qui te semble révélateur chez moi d'une telle attitude afin que justement je puisse l'éviter, si je tombe d'accord avec toi. Peut-être auras tu raison de me dire "à toi de faire ce travail, grandis", mais là , je cherche une réponse à ce que tu m'as dit et je suis aveugle parce que je m'aveugle sans doute.

Je ne demande qu'à avancer, et je refuse de me mentir, aussi je n'ai pas peur qu'on me dise ce que l'on pense de moi, ce que l'on ressent en me lisant même si ça peut parfois, moi aussi, me faire réagir un peu vivement.

Ne crois pas que je sois hypocrite et paresseuse, que je recherche une facilité.

La facilité ? Continuer ( comme d'autres que je connais et que j'aime mais qui refusent de voir en eux, de chercher) : les TS ou l'anorexie, ou les dépressions, ou les conduites multiples suicidaires. Foncer, agir, ne pas se poser trop de questions, tomber, subir, se lamenter et ne toujours pas se poser de questions.

Je m'en pose trop, mais je pense que ce ne sont pas les bonnes questions ni la bonne direction, ou alors, je n'ai plus de patience. Mais tout revient à un moment ou à un autre et je retrouverai une patience perdue pour le moment.

Cela dit, je me suis dit en souriant ce matin "tu es riche intérieurement", çà m'a fait sourire et je me suis mise à écrire un rêve fait durant la nuit.

Pour moi, me faire un compliment le matin c'est une action!!!!

Je me cherche depuis si longtemps : peut-être me suis-je perdue ? Et comme Ariane il me faut retrouver avec l'aide d'un guide ou de plusieurs, le bout de mon fil, afin d'échapper au Minotaure.

Depuis deux ans on me dit "vous êtes en travail de reconstruction, soyez patiente" Bien, mais j'avoue ne pas être patiente.

Bonne nuit, à bientôt.

Chère Réma,

Peut-être vais-je te bousculer un peu, mais se répéter que l'on est riche intérieurement est trop superficiel et inaction.
Aller à la découverte de soi est beaucoup plus profond et action. L'action est nécessaire pour aller vers un changement probant.

J'ai lu ce que tu dis de ton psy, je pense qu'il ne faut prendre ces paroles sur la banalité au sens ou tu l'entends, moi j'y perçois une façon d'ouvrir une brèche dans ta douleur...pour que tu puisses justement avancer vers toi...avec son aide
Je suis sûr qu'elle pourrait te montrer de la compassion, d'ailleurs je suis persuadé qu'elle en a, mais celà bloquerait l'avancée vers toi, continue ton chemin avec ton psy, et fais-lui confiance dans l'instant. Quand je te lis, j'ai l'impression que tu attends un résultat que tu connais déjà, et tout ce qui ne correspond pas à ton attente est écarté. Lâche un peu le contrôle, et entre vers ce qui te dérange, ce qui te fait peur, ce que tu désires comprendre, petits pas par petits pas. Et puis un jour (il faut du temps), tu te rendras compte de la beauté qui t'anime, et tu prendras plaisir à laisser s'épanouir. C'est long et peu facile, "c'est un rude et long travail que vous allez devoir faire, je vous préviens" m'a dit mon aide à moi...
J'ai gravité longtemps dans un environnement où les gens étaient plus ternes les uns que les autres...depuis que je me vois en couleur je ne rencontre que des personnes colorées, dont celle chez qui je sais un éclat resplendissant, teinté dans la masse, qui rayonne à chaque instant !
Noir et blanc ou couleur tu as aussi la possibilité de changer ta vie, Réma, à ton rythme.
On t'aime bien et on t'accompagne...

A bientôt

Bearded_Collie

reviens demain réma, je serai toujours là. ce soir je n'ai pas bcp de temps non plus mais sache que je suist jrs là....n'en veux pas à Toto, il t'a donné sa sincerité et ce n'est pas rien. Si moi je te crois, c'est que j'ai plus de kilométrage dans la vie et que moi aussi petite fille on ne m'a pas crue! depuis j'ai sublimé: j'ai choisi un métier où chaque jour je me bats pour que les enfants soient reconnus en tant que tels (je fais mon métier d'instit de mater. non parce que j'aime les enfants mais parce qu'ils sont des partenaires de travail à part entière et que je milite pour ça!)et j'ai fait mon chemin perso à force de travail sur moi m^me...Aujourd'hui réma, j'ai fait ce chemin, j'ai 39 ans et j'ai trouvé la lumière. j'ai cessé d'attirer les éphémères et un phare est venu se poser à mes cotés, à nous deux nous éclairons la route....toi aussi tu y arriveras, m^me si le chemin est long tu y arriveras. fais nous confiance et surtout, avant tout, fais toi confiance....
gros bisous de la belette