quête de l'identité

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La sagesse est en toi...

#32 Posté le par DCF__2464

Salut,

Hé oui, malheureusement la culpabilité est presque toujours le lot d'ex-enfants qui ont été écorchés par ceux qui étaient sensés leur servir de modèle (j'en sais qq chose). Il est difficile de sortir de ce pattern car il est si profondément ancré en nous, on dirait un tatouage. Faut trouver le lazer qui réussira à l'effacer pour de bon pour juste laisser une cicatrice. Heureusement, il est possible d'en sortir un jour et t'en est capable. Laisse toi du temps.

Il n'est pas orgueilleux de ta part de ne pas vouloir dire « je suis une victime », tu fais face à ta réalité à ta façon, celle qui te convient.

Oui il te sera bénéfique de visualiser la sphère hors de toi comme un objet distinct. Petite suggestion: tu pourrais aussi la visualiser comme une bulle que tu feras éclater avec l'aiguille de ta force de détermination un jour.

Tu sauras sortir de ton blocage un jour... quand ce sera le bon temps pour ton intérieur. Comme tu le dis, chaque chose en son temps. Le temps est la matière première de l'amour...(de soi et des autres).

En ce moment, il est normal que tu n'arrives pas à voir "l'autre côté de la souffrance", tu n'es pas encore rendu le nez collé sur le mur du passé qu'il te faudra enjamber. Tu sembles plutôt en être à t'en approcher par tes prises de conscience, comme tu le dis, à tâtons. Lorsque ton travail iintérieur sera suffisamment avancé, tu pourras toucher le mur qui te bloque. Tu pourras soit passer par dessus ou même y faire une brêche pour le défoncer si c'est ton désir. Tu pourras toujours voir et observer ce mur à tes côtés mais il ne te toucheras plus comme avant. Et en plus, tu pourras même lui mettre les couleurs que tu souhaiteras y voir pour t'accompagner pour le reste de tes jours.

Tu dis
"quand je pense à moi sans mon passé, je me sens non pas vide mais terrifiée devant tout ce qui est possible, devant le gouffre à mes pieds..."

Sensation tout à fait connue de ma personne... j'ai ressenti cela durant si longtemps... Seulement ici, je te dirais qu'il n'est pas question de penser à toi sans ton passé mais de penser à toi avec tout ce qui peuple ton passé mais en t'ouvrant à la possibilité d'un présent éventuellement heureux et une perspective d'avenir renouvelée. Et on est surtout capable de faire ça quand le ménage est suffisamment avancé en soi. Encore une fois, se laisser du temps et se donner plein d'amour arrange les choses. Tu vas y arriver quand ce sera le bon temps.

Tu dis:
"Qui vous dit que vous n’allez pas retrouver un
univers qu’il faudra de nouveau combattre pour y trouver votre place ?"

Je te dirai seulement (mais tu le sais déjà j'crois): "qui te dit que ça ne sera pas un univers merveilleux, peuplé d'amour, d'acceptation, de compassion, de bonheur, bref, un univers dont tu auras rêvé au préalable?" Moi je crois qu'il s'en vient de super belles choses pour toi car tu as le potentiel en toi pour aller au delà du mur. Un jour, ça va venir... tu vas apprivoiser la liberté un jour à la fois, une heure à la fois, une minute à la fois, etc.

Tu n'as pas à y croire maintenant. C'est pas nécessaire. Tu peux par contre essayer d'imaginer ce que ça serait ton univers idéal selon toi. Tu peux le créer dans ta tête et à cet endroit, il n'existe aucune limite. La pensée de Valérie, crée Valérie, essaie cela quand tu t'en sentiras prête.

Camé...

Pierre-Jean et Caméléonne

#31 Posté le par DCF__2313

Le 7/12/2000


Chers Pierre-Jean et Caméléonne

Tu reconnaîtras, Pierre-Jean, Lucrèce et son fameux « comme il est doux de contempler », sur des rivages calmes, la tempête, et comme il est confortable, une fois en sécurité, de regarder un bateau secoué par les flots.

Lucrèce n’y mettait je pense aucune ironie, il ne faisait que constater et appécier comme je le fais en vous lisant tous d’ailleurs, qu’une fois cicatrisés ou sous d’autres cieux, on peut contempler les remous de l’âme d’autrui. (il n’y a aucune ironie dans mes propos, je tiens à le préciser, et aucun reproche)

Sans oublier bien entendu votre propre chemin, et forts de cette expérience, forts de ce calme trouvé, pouvoir venir ici afin de m’aider.

Je ne me définis pas sous ces termes de victime ou de quoi que ce soit d’autre, et d’ailleurs cela va m’aider de le constater car cela me pousse à voir comment je me définis :

Je déteste les étiquettes et je n’irais pas m’en affubler d’une, encore moins en donner une à qui que ce soit, cela me dérange et même me révolte, toutes proportions gardées. Oui, je peux dire de moi « je me sens coupable » et je dirais que c’est sans doute l’étiquette sous laquelle il est possible que je rentre le mieux à l’heure actuelle et depuis pas mal d’années. C’est de ce tiroir-là dont il faut que je sorte.


Il est peut-être orgueilleux de ma part de ne pas vouloir dire « je suis une victime » car je trouve que j’ai cherché à exister, à résister, avant toute chose. Victime, non, coupable sans doute que non.

La métaphore de Pierre-Jean est obscure pour moi (nulle en physique et j’ai du mal sur ce coup là à me représenter en images ce que tu me dis. Sans doute parce que je ne fais pas l’effort nécessaire à la visualisation), mais je comprends une chose, l’impression de cette force de résistance qui a dû exaspérer plus que tout mon père, car finalement je restais silencieuse, pas passive, en rage intérieurement mais je ne donnais rien de ce que je ressentais à voir ou à entendre. Le silence est une voie de résistance qui a le don de rendre fous les gens, quand ils font tout ce qu’ils peuvent pour tirer quelque chose de vous.

Pour ce que tu me dis sur « on ne s’en sort pas » j’en ai bien conscience ainsi que sur la cicatrisation, ma psy me répète souvent que lorsque j’aurai cicatrisé, je vivrai mieux.


La façon dont tu parles de toi et de ta révolte violente me fait beaucoup penser à mon petit-frère. Mais il est resté destructeur et auto destructeur.

Je crois que tant que j’étais chez moi je ne me laissais pas écraser par la sphère justement, mais je ne l’ai pas laissée passer son chemin, je dirais que la sphère est devenue moi. Et que cela s’est vérifié véritablement en partant de chez moi.

Et finalement je tourne en rond dans ma sphère, ou bien, elle tourne en moi. Çà y est je visualise très bien et cela est très utile car si je parviens à faire de cette sphère un objet distinct de moi, si je peux la sortir de moi, je crois que ce sera très bénéfique.


Caméléonne a raison, je suis en situation de blocage dont je suis consciente mais dont je ne sors pas. Je crois qu’il y a un temps pour tout, la phase prise de conscience et la réalisation.

Je pense aussi qu’il est difficile d’accepter de « guérir », car en effet que reste-t-il sans ce qui semble avoir été si fortement nous ? Le sentiment de perte est terrifiant, car quand je pense à moi sans mon passé, je me sens non pas vide mais terrifiée devant tout ce qui est possible, devant le gouffre à mes pieds : non pas le vide en moi malgré ce que je viens de dire car je sens que je ne suis pas vide. Je le sens de façon instinctive mais pas personnelle, je ne sais comment le dire.


Si vous voulez : imaginez ceci : vous avez passé des années dans un univers au départ inconnu mais que vous avez fini par reconnaître comme le vôtre, vous l’avez rendu plus habitable malgré son évidente insalubrité, cet endroit, vous avez fait tellement votre possible pour l’aimer, qu’y renoncer à présent vous semble impossible. Qui vous dit que vous n’allez pas retrouver un univers qu’il faudra de nouveau combattre pour y trouver votre place ? Bien entendu je sais qu’il faut se battre pour vivre, ce n’est pas la question.
Oui, bien sûr, je peux aussi me dire que ça ne peut pas être pire, etc. Et je n’aime pas non plus mon univers intérieur car sinon je ne serais même pas là pour en parler. Mais je pense que c’est sans doute pour cela que je tourne en rond : la liberté ou la libération me fait peur. Il s’agirait de l’apprivoiser peu à peu… ???


J’ai du mal à me dire que c’est possible, malgré vos témoignages.


Comme toujours je ne fais que réfléchir à vif sur le sujet, ne me prenez pas trop au premier degré, mais plutôt en recherche et tâtonnante.


Bien à vous et merci encore, Valérie.

La transformation

#30 Posté le par DCF__2464

Salut Pierre-Jean,

Je tenais à te dire que j'aime bien la façon plutôt cartésienne et métaphorique que tu as de décrire les systèmes dans lesquels tu as été forcé d'évoluer. Tes métaphores sont vraiment géniales!!! Comme tu as fait du chemin!! Tu sembles avoir développé beaucoup de sagesse, je trouve ça admirable.

Je suis entièrement d'accord avec ce que tu dis. Lorsqu'il y a un malaise ou traumatisme, il faut faire ce que j'appelle "réécrire son histoire", peu importe le moyen qu'on utilise. Il faut expulser de soi le passé (entre autres, par la thérapie) afin d'imprimer autre chose en soi et faire place au présent et de mieux préparer l'avenir.

Par contre, lorsqu'on n'est pas encore prêt(e) à passer à autre chose, c'est qu'il y a un blocage intérieur (conscient ou pas) dont on n'arrive pas à se défaire parce qu'on n'a pas encore développé les outils intérieurs qui permettront de cesser de tourner en rond et de toujours ressasser la même chose et revoir les mêmes images qui nous hantent.

J'ai vécu semblable lors de mes 6 années de thérapie. J'en ai mis du temps avant de cesser de dire que j'étais une "abusée", une "violentée", une "victime". Ce sont des étiquettes que je trouvais qui m'allaient bien et j'étais fière (inconsciemment) de les porter car j'avais l'impression d'être quelqu'un. C'est par ces mots que je me définissais depuis toujours car je ne connaissais rien d'autre. Je ne connaissais pas Camé... de l'autre côté de la souffrance car elle n'existait pas. Ce fut très long avant de surmonter cela.

C'est très difficile de laisser partir ces étiquettes car si nous tentons de ne plus nous définir par ces mots du jour au lendemain, ça donne une impression de vide au début, une impression de ne plus avoir d'identité propre. Comme si de l'autre côté de ces souffrances, il n'y a rien, donc, on y reste accroché pour avoir l'impression de vivre. Pourtant, il y a toujours autre chose de l'autre côté et c'est généralement beau.

Néanmoins en ce qui me concerne, c'est vraiment lorsque j'ai suffisamment expulsé ma souffrance d'"abusée" en présence d'une oreille attentive et professionnelle que j'ai pu enfin cesser de me définir uniquement comme ça. Aujourd'hui, lorsqu'il m'arrive de bloquer face à certaines situations stressantes, je me dis encore que c'est le passé qui revient, mais à la différence que je fonce au delà de l'obstacle et de la peur provoquée par cet obstacle, ce que je n'arrivais pas à faire avant.

Lorsqu'on vit une transformation intérieure, le fait est que souvent, nous ne nous connaissons pas encore assez pour pouvoir laisser place à l'adulte épanoui en soi qui a cicatrisé ses plaies. Ce processus est tellement long! J'emploie le terme cicatrisé comme toi, car moi non plus je ne crois pas qu'on puisse guérir de ça. On apprend à vivre et à accepter ce qui est arrivé et ça s'arrête là.

Ce sera la même chose pour Réma... elle est en devenir. Quel beau devenir elle aura elle aussi, lorsque tout sera cicatrisé!! Lorsqu'elle se sera sortie des flashbacks, elle pourra vivre la paix intérieure. On lui souhaite tous tendrement!!!

Camé...