Bonjour Rémanence.
Je viens de tomber sur ce débat, j'ai lu tous les fils et je ne me permettrais pas d'intervenir si je n'avais moi aussi connu dans ma jeunesse une intense et constante dévalorisation de la part de mes parents (Contrairement à toi je n'ai pas été battu, mais j'ai sufisamment avalé de reproches, d'ironie, de mépris et de méchanceté pour comprendre ce que tu as pu endurer et me faire une idée parfaitement juste de l'ambiance dans laquelle tu as dû vivre); et si tu le veux bien je vais te dire comment je vois les choses, rapidement, juste en complément et pour ne pas faire double emploi avec toutes les excellentes réflexions qui t'ont été communiquées.
Il est vraiment très étonnant, et très triste, de constater à quel point nous pouvons intégrer les jugements et comportements de nos parents à notre égard. Mais c'est ainsi. Un enfant n'a aucun autre point de repère que ses parents et, en plus, il a un besoin vital de les aimer. C'est pourquoi quand il est victime de mauvais traitements, physiques ou psychologiques, non seulement il est incapable de réaliser que cela est anormal, mais encore il peut aller jusqu'à penser qu'il en est la cause et qu'il les mérite, voire jusqu'à s'en faire sa propre identité.
Je crois qu'il est très important que tu réalises que chaque critique ou jugement que tu portes sur toi-même, ta conduite, tes oeuvres, etc... a toutes les chances de ne pas émaner vraiment de toi, de ne pas être lucide, mais au contraire d'être l'écho des opinions ou moqueries de ton père.
Je sais ce que c'est que d'entreprendre maintes choses pour les laisser tomber aussitôt, n'attendant même plus les sacarsmes, et persuadé qu'on n'en est pas capable: je l'ai fait pendant des années.
Bien sûr, je ne dis pas que les vieux réflexes vont s'effacer du jour au lendemain à partir du moment où tu auras compris que quand tu te sabordes, c'est en fait ton père qui t'y oblige. Mais à ces réflexes tu peux en substituer d'autres, avec humour au besoin: la prochaine fois que tu auras envie de déchirer tes oeuvres, par exemple, parce que tu leur dénies aucune valeur, renonces-y donc posément en te disant quelque chose comme "Désolée, papa, mais tu ne m'auras pas cette fois !". Prends soin de bien ancrer ce mécanisme et tu verras que, petit à petit, tu finiras par les trouver "pas si mal que ça", tes créations. Et à partir de là tu pourras progresser dans tes talents, les exploiter avec bonheur. Tu te réveilles à 27 ans; ca n'a rien d'utopique: j'ai dix ans de retard sur toi et j'y crois tout autant. Beaucoup ne se réveillent jamais et il y en a tant qui sombrent !
La seconde chose que je voudrais te dire, c'est qu'il ne suffit pas de comprendre que les points de repère que l'on nous a inculqués à coups de trique dans le petit théâtre de la maison familiale ne sont pas les bons; il faut sortir, voir du monde, voir comment ça se passe au dehors.
Quand tu auras gagné deux sous de confiance en toi (et que tu pourras donc accepter que tout le monde n'aime pas forcément ce que tu fais et ce que tu es, ce qui n'est pas évident après des enfances comme la tienne), tu pourras t'exposer un peu, et te construire avec les expériences qui seront les tiennes. Mais il va falloir faire au préalable un effort difficile, celui d'accepter qu'on ne peut ni gommer le passé ni le refaire.
Cordialement,
Pierre-Jean
merci
Merci, je reviendrai demain pour commenter. Mais je tiens à te dire que je me répète que je suis riche intérieurement, et je me lèverai demain en me le disant. Bien à toi, bonne journée ou nuit.
Merci
Chère Belette,
Jen'ai pas trop le temps cil va être deux heures du matin, mais je tenais à te dire merci du fond du coeur, crois bien que cela me touche, et que j'ai la même démarche que toi avec les gens qui m'écrivent : s'ils me mentent, c'est leur problème, je prends ce qu'ils donnent, et je donne ce que je peux.
Merci et merci encore à tout le monde, je reviendrai demain, un peu plus sereine, peut-être. Rémanence.