JE L'AIMAIS

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Anciens messages (page 9)

culpabilité

#11 Posté le par DCF__6532
Bonjour XX,
Merci pour tes messages. Cela fait environ douze semaines mais je me refuse à compter les jours, comme une prisonnière.
Cette histoire m'a apprise qu'il valait mieux se taire en amour. Ne pas parler aux autres; De plus, cette histoire m'a apprise qu'il n'y a qu'une seule urgence, dans la vie, c'est l'amour. Toujours chercher à se réconcilier quand on voit clairement qu'on peut le faire. Ne jamais écouter les autres, écouter soi même. Toujours chercher à s'excuser quand on voit clairement qu'on peut le faire. Quand cela devient difficile, écrire pour s'expliquer. ne pas chercher à avoir des explications par téléphone. Voir les autres; Se dire que dans la vie, on est toujours seul, même avec les autres et profiter au maximum des moments de fusion, s'en emplir. Profiter au maximum des moments de bonheur car ils sont une force pour les moments où l'on sera malheureux dans l'avenir. ne jamais gacher volontairement un moment de bonheur. Quand on sent que l'on ne va pas "assurer", ne pas écouter les autres qui vous disent ce que vous avez à faire; Dans les moments de doute, de confusion, choisir une solution intermédiaire qui peut être une solution, et continuer d'avancer.
Je suis passée ces quatre dernières semaines par une période où je m'interrogeais beaucoup sur la mort, mais je n'ai pas vraiment trouvé de réponse à mes questions.
La culpabilité :
Mon ami me disait souvent qu'il allait mourir jeune. Quand je lui parlais avenir, il avait l'air irrité. Il me disait : "nous passons trop de temps à parler ensemble de l'avenir, je suis fatigué, je voudrais qu'au lieu de parler, nous passions plus de temps ensemble à faire des projets de super week end ensemble, de balades". Moi, je ne comprenais pas assez qu'il était fatigué et je parlais, parlais. Finalement, nous restions des heures à parler. Après, le lendemain, il était d'humeur irritable : "je n'ai pas fait ceci, cela" et il m'en faisait le reproche : "Si on passait moins de temps à parler ensemble aussi".
Il m'avait prévenu des tas de fois qu'un jour, il disparaîtrait : "je ne vivrai pas vieux" mais, pour moi, c'était du délire, un coup de spleen. Mais quand même, il en parlait. Il avait un rapport très intime, secret avec sa maladie et en parlait peu. Moi, je ne le voyais pas malade : il avait une telle énergie, à soulever des montagnes, bien plus que moi!De plus, il n'était pas à l'hôpital, même s'il voyait régulièrement les médecins.
Quand il m'a dit : "je ne veux pas me marier avec toi", j'ai été très triste et me suis isolée toute une soirée. Mais après nous nous réconcilions. Il m'avait dit : "je ne veux pas faire de toi une veuve"... J'étais quand même très angoissée intérieurement. J'en ai parlé à droite à gauche, pour me soulager, non pas de ces remarques sur la mort (je gardais cela en moi) mais du reste, de ces paroles dures. Et les réactions ne se sont pas fait attendre : "quitte le etc... Vous n'avez pas le même programme". Programme ? de quoi ils parlent ? je ne comprenais plus rien. Je devenais triste.
comme je te disais. Le pire, c'est quand il m'a dit : "je ne veux pas faire d'enfants". Là, mes amies m'ont dit : "quitte le, quitte le". Sur le coup, ça m'a bien soulagé de leur dire : "je vais le quitter etc etc", mais c'était après une bonne bière, histoire de dire que j'étais forte, puis en moi, dans les cinq minutes après la tristesse, elles ne voyaient pas mon coeur, pourtant on voyait que ça que j'étais trsite, et elles avaient l'air ra-vies. Bien evidemment, je n'en ai rien fait, seulement j'ai cessé de leur parler. Donc, elles ont cru que pour moi, c'était réglé, c'était fini. J'ai cessé d'en parler également à mes soeurs. Et je l'ai vu, sans en parler, c'est tout. La dernière fois que je l'ai vu, quelle catastrophe, (deux semaines de bonheur puis une engueulade) il m'a sorti une horreur, un truc infame. On s'est faché, je lui ai sorti des horreurs, c'était n'importe quoi, il y avait un copain témoin, c'était ridicule (j'ai reu le copain.. à l'enterrement). Ensuite, on s'est retrouvé plus tard tous les deux et il m'a pris dans ses bras très tendrement et j'ai beaucoup, beaucoup pleuré. Je croyais que c'était fini.Il a aussi pris ma main, et nous nous sommes longtemps promené, sa main dans la mienne. Il était vraiment très doux et gentil, comme avant. Bien plus tard, j'ai mis de l'huile sur le feu en lui demandant pourquoi il avait pris ma main puisque parait-il que c'était fini entre nous (ca me reprenait). il a été de mauvaise humeur et m'a dit que c'était comme s'il avait pris la main de sa soeur ou de son frère, qu'il ne pouvait pas me laisser pleurer, comme cela, mais que oui, ça allait pas, parait il, entre nous. Même ça, je l'ai mal pris, on s'est finalement quitté pour ne plus jamais se revoir. Au téléphone, il m'a dit que notre relation prenait des formes insupportables et qu'il avait besoin de se reposer, qu'il était fatigué, il m'a fait le reproche de ne pas le laisser tranquille, que si je continuais de l'appeler comme ça, il allait se mettre sur messagerie. Puis, il me rappelait, super gentil, pour "parler avec moi". mais ce qui est surprenant, c'est que depuis un mois ou deux avant sa mort, il ne disait plus "je t'aime". Il me l'a dit pourtant deux mois avant sa mort (j'ai gardé son message) : "je suis encore plus amoureux, c'est bon de ressentir ce sentiment, c'est bon..." Puis, après, il m'a dit, avant sa mort : "je t'aime dans ton fond mais tu prends des formes insupportables". deux jours avant, il l'a dit au téléphone : "ma puce". A chaque fois qu'il me laissait un message sur mon répondeur, il disait : "c'est moi". Un type qui vous laisse tomber ne dit pas : "bonjour, c'est moi". Non, il dit pas ça. il se présente pas comme ça.
Ma culpabilité, c'est d'avoir eu ces formes "insupportables", selon lui, de ne pas l'avoir assez aidé, qui sait ? Peut-être qu'il attendait de moi quelque chose? et que je n'ai rien compris? je pense que je n'ai RIEN compris, voilà. Surtout que quand il m'a dit : "c'est fini" et que j'ai dit "d'accord' (pour la énièpme fois) il m'a dit : "c'est un échec". mais j'étais pas d'accord, c'est pourquoi je me suis mise en colère, et lui non plus n'était pas d'accord ! sinon, il m'aurait pas rappelé, il m'aurait pas dit "ma puce". Les imbéciles disaient : "ils t'aiment à sa façon"... ils ont l'air de sous entendre un truc très intelligent. ca voulait dire quoi? Peut-être que je l'ai déprimé? saoulé de paroles ? Peut-être qu'il me fuyait ? peut-être que j'ai en moi quelque chose de malsain? Peut-être que je suis conne? que je n'ai rien compris? que je n'ai pas pu le sauver , que je suis bonne à rien alors? voila ma culpabilité.
Les "amies" me disent qu'il a fait ça pour me "préserver" et qu'il le savait. Moi, je ne crois pas. je crois que quand il parlait de sa mort, c'était pour mieux l'exorciser. Je n'aime pas qand on me dit : "c'était pour te préserver"/ mais de quoi? tu croies pas que c'est de la conneries de dire cela aussi?
Je te remerci pour ta lecture, à très bientôt de te lire.