Bonjour XX,
Je suis fatiquée ce soir mais réponds à ton mail.
Tuu écris : "Je crois que ce n'était pas la crainte de faire du mal à son entourage, je crois qu'il sentait que c'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Il avait BESOIN de ce déni total de la maladie pour garder espoir. Il avait besoin de l'ignorer et je n'ai pas su respecter ça dans un premier temps".
JE CROIS QU'IL SENTAIT QUE C'ETAIT PLUS QU'IL NE POUVAIT EN SUPPORTER : je comprends et cela fait écho dans ce que j'ai vécu, dans mon relationnel avec lui. Il ne parlait que très peu de sa maladie et se fachait quand il voyait que je n'étais pas capable de l'aider. Un jour, il m'avait demandé de porter quelque chose de vraiment très lourd avec lui, et je n'ai pas réussi. Alors, il s'est mis de très mauvaise humeur que je ne puisse porter cette charge et comme s'il était devenu fou furieux, il l'a poré tout seul. j'ai cru qu'il allait s'écrouler, son visage était rouge de colère. j'ai eu beacoup de peine à le voir comme cela. Il ne voulait pas accepter qu'il était affaibli et me demandait de l'aider, mais je ne pouvais pas avoir la force d'un homme. Il était en colère contre sa maladie, en colère d'être faible. Alors, il agissait comme quelqu'un qui n' a pas de problèmes : il fumait un peu, alors qu'il n'avait pas le droit; Une façon de dire non, je suis comme les copains, moi aussi j'ai droit de temps en temps de m'en griller une, de boire un petit coup à une fête, quitte à me demander de conduire après. Il ne voulait pas être étiqueté comme malade. Alors, il le faisait oublier à tous, ses amis. Certains amis semblaient ne pas voir : "c'est cool, tout va bien pour lui". Certains de mes "amis" osaiet même dire qu'il se la coulait douce!
Le regard que je posais sur lui,qui le voyait vivre et qui ne pensait pas à sa mort a sans doute été très important pour lui. Il m'a quand même dit qu'il me trouvait exigeante. Je l'ai pris pour moi, bien sûr, alors que ce qu'il voulait dire c'est nqu'il était fatigué, et qu'il ne pouvait plus parler tard. Il avait un besoin incroyable de tout mettre au clair : il fallit que tout, chez lui, soit clair, dans toutes ses affaires personnelles, l'attitude de quelqu'un qui part pour un très grand voyage. Il était comme ça avant mais pas à ce point, cela en était ue obssession, ce qui rendait la relation encore plus difficile.
Personnellement, j'ai vu son état psychologique se dégrader en six mois. Puis, pendant l'été, il est devenu énigmatique. Je l'appelais, il ne répondait plus. Puis, une semaine après, je reçevais une carte postale : il était parti à la campagne et pensais ne plus revenir en ville. C'était une fuite, il voyait moins les médecins, il avait encore beaucoup de capacités physiques mais il semblait être entrée dans une solitude, des têtes à têtes avec lui mêmes; là bas, à la campagne, il a retrouvé des amis : une balade par çi, une balade par là, personne ne semblait rien voir. Il ne montrait aucun signe de souffrance extérieur. Je suis persuadée qu'on ne meurt pas comme ça : il a du sentir des douleurs physiques; Quand même, une fois ou deux fois, il m'a dit : "ca va pas, je me sens mal" mais sur un ton inquiet, très différent. sa famille était loin de lui. Je suis allée le retouver là bas, dans cette camapagne, quelques week ends. Psychoogiquement, c'est inconcevable qu'il ait mis fin à ses jours : inconcevable car il aimait beaucoup trop la vie. Je sens plutôt qu'il a ressenti un gros problème et qu'il s'est dit : "Courage, ça va passer" et que ça le rendait de très mauvaise humeur, tous ces problèmes, ces médecins, ce suivi. durant ces jours où j'allais le retrouver, il m'a d'ailleurs parlé d'une femme, dont je ne me rappelle plus le nom, qui se savait condamnée par une maladie incurable et qui est partie, partie, faire le tour du monde. Aurevoir, c'est le message qu'il a laissé à tous. D'abord, à son boulot, ensuite à sa façon de vivre, ensuite à son amie, ensuite à ses médecins, ensuite à ses amis. C'est terrible, que s'est-il passé dans ssa tête? je n'y comprends plus rien. J'ai besoin de déméler. J'aimerais que l'une de nous deux aient le courage de délivrer une adresse e mai, comme l'a fait la personne qui vient d'intervenir, et à qui je répondrai prochainemnt.
mon esprit se brouille. je te dis : à très bientôt. Courage et bonne semaine.
PS : Pour répondre d'abord à ton PS, je te remercie pour ton soutien et ta compréhension, malgré ma réaction souffrante au message de S. Je crois qu j'ai réagi ainsi car cela me faisait penser à ce que j'ai entendu, de la part de personnes proches, de ma famille notamment, qui ont voulu m'aider, dans les premiers jours, et qui ont du percevoir en moi cette défense que j'ai, limite agressive pour eux.
heureusement, dans les moments de souffrance, j'ai toujours réussi à trouver une personne, jusqu'à présent qui me tendait une main, dans la compréhension. Ces mains là, je fais tout pour essayer de les saisir, je me défends de ne pas le faire. Ecrire sur ce forum est nouveau pour moi. Jusqu'à présent, je ne l'avais pas fait, je n'ai pas connu ce type de relationnel, et donc, j'ai encore bien du mal à entrer dans certaines précisions (notamment sur sa maladie) par pudeur.
Certaines personnes proches me disent que je suis agressive, dans mes paroles. Quoi que je le suis de moins en moins car je suis soignée à présent, pour tenir le coup, grâce à de santi dépresseurs. Ca me chamboule toujours d'être jugée dans ma souffrance, surtout quand j'ai essayé de m'exprimer, aupr!s de proches.
C'est affreux d'entendre sa propre soeur dire : "Si tu avais été plus heureuse dans ton histoire d'amour avec lui, ça aurait été pire". Je ne sais plus où j'en suis dans mon relationnel, même familial. J'ai cependant trouvé une personne plus éloignée dans ma famille qui a été super avec moi, très discrète et très à l'écoute. heureusement qu'elle est là.
Ce qui m'a beacoup chamboulé, ce sont tous ces appels que j'ai eu les premiers jours, oncles, tantes, toute la famille a pris son téléphone
, et puis à présent : plus rien. Ils ont oublié ? Alors que c'est là où c'est le pire. Je ne crois pas que cela soit du à ma réaction, car j'ai fait attention à ne pas exploser devant ces paroles, de toutes façons, je ne pouvais pas exploser, j'étais trop attérée. Ce qui me bouleverse, c'est tout ce bruit, tous ces appels, puis plus rien. C'est terrible. Je préfererai encore qu'ils ne m'aient pas appelé. C'est fatigant au début de répondre à tous ces appels, de ces gens qui veulent savoir, qui posent plein de questions : pourquoi ? comment ? où ? emmetent des commentaires : "Il t' a fait un beau cadeau (sous entendu d'amour) 5IC ! " Va dormir après des paroles comme ça ! ou encore : "je m'inquiéte pour ta santé mentale" (oui...), "la mort fait partie de la vie" (c'est ça...) "Et tous ces morts, en Israël, il ya tant de gens qui souffrent (silence). J'EN POUVAIS PLUS ! Et les "copins" qui n'appellent pas du tout ! (j'ai su un jour en parlant avec la maman d'une de ces amies qu'elle ne sait pas quoi me dire : "dans ces moments là, on sait pas quoi dire, alors elle t'appelle pas.
Et ceux qui affirment que j'ai besoin d'être seule (seule ? pas vraiment en fait) etc etc...
Puis, après , RIEN ! aucun appel. "de toutes façons, v'était fini avec lui!" SIC). je te souhaite de rencontrer quelqu'un qui t'aimera et que tu aimeras ENCORE PLUS (SIC). C'est ça, je n'ai pas l'esprit libre, trop encombé de ce que l'on m'a dit. Ca m'a vraiment mis le coeur à l'envers.
C'est pourquoi j'ai trouvé auprès de toi comme une amie car tu as été super dans ta compréhension et ta lecture, et ton vécu résonne dans le mien. petit à petit, bien sûr, car il faut du temps pour comprendre, passés les difficultés premières de l'expression.