Des chercheurs, dont les travaux ont été publiés en mars 2023 dans la revue Perspectives on Psychological Science, proposent un principe commun à une diversité de biais cognitifs qui, à première vue, peuvent sembler sans rapport les uns avec les autres.
« L'une des grandes constatations de la recherche en psychologie, soulignent-ils, est que notre traitement de l'information est souvent biaisé.
»
Par exemple, les gens surestiment la mesure dans laquelle leurs opinions et leurs croyances sont partagées par les autres, et ils appliquent des normes différentes dans l'évaluation du comportement selon qu'il s'agit d'un membre de leur propre groupe ou d'un autre groupe.
30 biais cognitifs qui nuisent à la pensée rationnelle
« À ce jour, plusieurs biais cognitifs ont été identifiés et démontrés de manière empirique. Malheureusement, ces biais ont souvent été examinés dans des lignes de recherche distinctes, empêchant ainsi la reconnaissance de principes communs
», expliquent Aileen Oeberst et Roland Imhoff, respectivement des universités Hagen et Johannes-Gutenberg de Mayence (Allemagne).
Ils font valoir que plusieurs biais peuvent être attribués à la combinaison d'une croyance fondamentale préalable et de la tendance à traiter l'information de façon consistante avec cette croyance. Des biais divers représenteraient ainsi des variantes du « biais de confirmation » qui est la tendance à traiter l'information d'une manière qui est cohérente avec les croyances antérieures (afin d'éviter la dissonance cognitive).
Ce qui varie entre les différents biais serait essentiellement la croyance spécifique qui guide le traitement de l'information ou dans d'autres cas, le résultat spécifique du traitement de l'information à partir d'une même croyance.
Les auteurs présentent six croyances et des biais cognitifs qui en découlent.
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Mon expérience est une référence raisonnable
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Effet de projecteur : surestimation de la mesure dans laquelle un aspect de soi-même est remarqué par les autres.
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Illusion de transparence : surestimation de la mesure dans laquelle ses propres états intérieurs sont remarqués par les autres.
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Illusoire de transparence de l'intention : surestimation de la mesure dans laquelle l'intention sous-jacente à un énoncé ambigu (qui est claire pour soi) est claire pour les autres.
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Faux consensus : surestimation de la mesure dans laquelle ses opinions, croyances, etc., sont partagées par les autres.
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Projection sociale : tendance à juger les autres comme étant semblables à soi.
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J'évalue correctement le monde
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L'angle mort des biais : la conviction que ce sont surtout les autres qui succombent à un traitement biaisé de l'information.
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Biais médiatique hostile : perception par les partisans que les reportages des médias sont biaisés en faveur de l'autre camp.
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Je suis bon(ne)
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Effet « mieux que la moyenne » : surestimation de ses propres performances par rapport à celles des autres.
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Biais favorable envers soi : attribution de ses échecs à des facteurs extérieurs à soi et de ses succès à des facteurs intérieurs.
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Mon groupe est une référence raisonnable
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Biais ethnocentrique : privilégier son propre groupe.
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Projection de groupe : perception de son groupe (par rapport à d'autres groupes) comme étant plus typique d'une identité superordonnée partagée.
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Mon groupe est bon (ou ses membres)
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Biais interne au groupe/biais partisan : perception de son propre groupe sous un jour plus favorable que les autres groupes (par exemple, moralement supérieur, moins responsable de torts).
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Erreur ultime d'attribution : attribution externe (vs. interne) des comportements négatifs (vs. positifs) des membres du groupe interne ; schéma inverse pour les membres du groupe externe.
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Biais linguistique intergroupe : utilisation de mots plus abstraits (vs. concrets) pour décrire le comportement positif (vs. négatif) des membres du groupe interne et l'inverse pour les membres du groupe externe.
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Effet de sensibilité intergroupe : évaluation des critiques de manière moins défensive lorsqu'elles sont formulées par un membre du groupe d'appartenance.
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Les attributs des personnes (et non le contexte) déterminent les résultats
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Erreur d'attribution fondamentale ou biais de correspondance : préférence pour l'attribution dispositionnelle (par rapport à l'attribution situationnelle) à l'égard d'autrui.
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Biais de résultat : évaluation de la qualité d'une décision en fonction du résultat (valence).
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« Nous proposons à la discussion un modèle qui suffit à expliquer plusieurs biais différents
», concluent les chercheurs. « Nous suggérons ainsi une approche plus parcimonieuse par rapport aux explications théoriques actuelles de ces biais.
»
Dans le domaine de la psychologie cognitive clinique, l'impact des croyances sur l'interprétation biaisée de la réalité est notamment étudié dans le cadre des modèles, devenus des classiques, des schémas cognitifs et des schémas précoces inadaptés d'Aron T. Beck et de Jeffrey E. Young. Les schémas sont des croyances élaborées à partir des expériences de vie et ils sous-tendent des biais appelés distorsions cognitives. Celles-ci sont sous-jacentes à la dépression et aux troubles de la personnalité notamment. Ces modèles prennent une place importante dans la psychothérapie cognitivo-comportementale classique. (18 schémas précoces inadaptés qui contribuent aux troubles de la personnalité)
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Psychomédia avec sources : Perspectives on Psychological Science.
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