Une analyse, publiée en février par la Collaboration Cochrane dans la revue Cochrane Database of Systematic Reviews (CDSR), a porté sur les études existantes sur l'efficacité des antidépresseurs pour le traitement des symptômes de la fibromyalgie.
Il n'y a pas, à l'heure actuelle, de traitement curatif pour la fibromyalgie de sorte que les traitements visent à soulager les symptômes et à améliorer la qualité de vie liée à la santé.
Cette nouvelle analyse met à jour une première version publiée en 2013.
La Collaboration Cochrane est un organisme indépendant spécialisé dans les analyses d'études médicales. Elle fixe des normes rigoureuses auxquelles doivent adhérer les analyses qu'elle publie.
Patrick Welsch du Health Care Center for Pain Medicine and Mental Health (Allemagne) et ses collègues (1) ont réalisé une revue systématique et une méta-analyse des études publiées jusqu'en août 2017 portant sur l'efficacité, la tolérabilité et l'innocuité des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline comparativement à un placebo ou à d'autres médicaments actifs dans le traitement de la fibromyalgie chez les adultes.
Ils ont recensé 8 nouvelles études randomisées publiées depuis la première analyse de 2013. Au total, la nouvelle analyse intègre 18 études impliquant 7903 participants.
Huit études portaient sur la duloxétine (Cymbalta) et neuf sur le milnacipran (Ixel, Savella). Ces médicaments sont autorisés aux États-Unis pour le traitement de la fibromyalgie. Le premier est également autorisé au Canada. Une étude portait sur l'antidépresseur désvenlafaxine (Pristiq). Aucune étude ne portait sur d'autres antidépresseurs de cette classe.
La mise à jour n'a pas modifié les principales conclusions de l'analyse précédente.
Sur la base d'une qualité de preuves estimée comme étant de faible à très faible en raison de divers biais potentiels, l'analyse conclut que la duloxétine et le milnacipran :
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n'offraient aucun avantage par rapport au placebo quant à la fréquence d'un soulagement de la douleur de 50 % ou plus ;
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offraient un avantage quant à la fréquence d'un soulagement de la douleur de 30 % ou plus et l'impression globale du patient d'aller mieux ;
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n'offraient aucun avantage par rapport au placebo pour améliorer la qualité de vie liée à la santé et réduire la fatigue ;
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n'étaient pas significativement différents du placebo pour la réduction des problèmes de sommeil ;
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avaient des taux d'abandon attribuables aux effets indésirables plus élevés que le placebo.
Les chercheurs concluent qu'en moyenne, les avantages potentiels de la duloxétine et du milnacipran dans la fibromyalgie étaient dépassés par leurs inconvénients potentiels mais qu'une minorité de personnes pourrait éprouver un soulagement substantiel des symptômes sans effets indésirables.
Il n'y avait pas de différence entre la désvenlafaxine (Pristiq) et le placebo dans une petite étude.
La duloxétine (Cymbalta) et le milnacipran (Ixel, Savella) font partie des antidépresseurs qui, selon la revue Prescrire, exposent particulièrement à des risques d'effets secondaires : 7 antidépresseurs à éviter selon Prescrire (2018).
Autres études de la Collaboration Cochrane :
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Fibromyalgie : quelle est l'efficacité de la prégabaline (Lyrica) ?
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Fibromyalgie : la gabapentine (Neurontin) est-elle efficace ?
Pour plus d'informations sur le traitement de la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.
(1) Nurcan Üçeyler, Petra KLose, Brian Walitt, Winfried Häuser.
Psychomédia avec sources : Cochrane, CDSR.
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