Pour la majorité des personnes atteintes de fibromyalgie, les quelques médicaments approuvés (1) sont peu susceptibles d'apporter une amélioration des symptômes, soulignent les auteurs d'une nouvelle étude portant sur le médicament naltrexone à faible dose (communément appelé LDN pour low-dose Naltrexone).
La naltrexone à faible dose est utilisée hors AMM (autorisation de mise sur le marché), rapportent les auteurs, Luke Parkitny et Jarred Younger de l'Université Standford.
Classiquement, la naltrexone (commercialisé sous les noms de ReVia, Depade, Nalorex, Vivitrol…) est utilisée à une dose de 50 mg pour ses propriétés d'antagoniste aux opioïdes dans le traitement de dépendances à des substances addictives. Mais deux petites études de l'équipe de Younger, publiées en 2009 et en 2013, ont suggéré une efficacité, lorsqu'utilisée à faible dose, pour réduire les symptômes de fibromyalgie.
Dans une étude publiée en 2014 dans la revue Clinical Rheumatology, Younger, Parkitny et David McLain ont passé en revue les données scientifiques qui appuient l'hypothèse que la naltrexone à faible dose peut agir comme anti-inflammatoire dans le système nerveux central, via une action sur les cellules microgliales.
Ces effets peuvent être spécifiques aux faibles doses et semblent être totalement indépendants de l'activité plus connue de la naltrexone sur les récepteurs opioïdes.
Dans les études de 2009 et de 2013, des doses de 4,5 mg étaient prises chaque soir. Une diminution de la douleur a été constatée comparativement à une phase placebo. Ces études ont aussi montré que les niveaux, au début de l'étude, d'un marqueur d'inflammation, le taux de sédimentation des érythrocytes, étaient fortement corrélés à la réponse au traitement.
Ces résultats, combinés avec des données qui montrent que la naltrexone à faible dose est associée à une réduction de marqueurs inflammatoires chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn, suggèrent qu'elle peut posséder des propriétés immunomodulatrices.
L'objectif de la nouvelle étude était de tester l'hypothèse selon laquelle ce traitement réduit l'inflammation dans la fibromyalgie.
La littérature existante sur les anomalies inflammatoires dans la fibromyalgie étant insuffisante pour permettre de prédire quelles cytokines spécifiques répondraient au traitement, les chercheurs ont examiné un large éventail.
Ils ont mené cette étude de 10 semaines avec 8 femmes âgées de 46 ans en moyenne qui prenaient une dose de 4,5 mg au moins une heure avant le coucher durant la phase de traitement (il y avait une phase placebo).
Les concentrations de plusieurs cytokines pro-inflammatoires dans le plasma sanguin étaient diminuées. Les cytokines qui étaient les plus supprimées sont connues pour favoriser la nociception, l'allodynie et l'hyperalgésie, dont le TNF-α, l'IL-1β, l'IL-2, l'IL-6, l'IL-15 et l'IL-17 (IL = interleukine).
La douleur était diminuée de 15 % en moyenne et les symptômes dans leur ensemble de 18 % comparativement au début de l'étude. Ces résultats sont plus modestes que les deux essais précédents.
Les chercheurs estiment qu'une durée de traitement plus longue pourrait apporter un plus grand bénéfice et que la dose optimale n'est pas encore déterminée. Les travaux de l'équipe se poursuivent pour évaluer différents dosages ainsi qu'une association avec un autre inhibiteur microglial, le dextrométhorphane, rapporte le blogueur spécialisé Cort Johnson.
Les chercheurs souhaitent mener une étude randomisée comparant le traitement à un placebo avec un plus grand groupe.
Un tel essai est actuellement en cours au Danemark. La Dre Anette Bendiksen et ses collègues comparent la naltrexone à faible dose à un placebo pour le traitement de la fibromyalgie avec 140 personnes fibromyalgiques.
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Pour plus d'informations sur le diagnostic et le traitement de la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.
(1) L'anticonvulsivant Lyrica (prégabaline) et les antidépresseurs Cymbalta et Ixel (Savella) sont notamment autorisés dans cette indication aux États-Unis et au Canada et utilisés hors AMM (autorisation de mise sur le marché) ailleurs.
Psychomédia avec sources : Biomedicines, Clinical Rheumatology, Health Rising (Cort Johnson).
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