Des chercheurs québécois « pourraient avoir cerné un mécanisme crucial dans l’étiologie du lupus, une maladie auto-immune dont la cause est présentement inconnue
».
« La réponse du système immunitaire à la présence de mitochondries dans la circulation sanguine pourrait participer au développement de cette maladie, et peut-être même en être le déclencheur
», montrent leurs travaux dont les résultats sont publiés dans la revue Scientific Reports.
Les mitochondries produisent l'énergie dans les cellules. « Elles seraient les descendantes de bactéries qui se sont intégrées aux cellules d’autres organismes il y a plus de 2 milliards d’années. Tout comme les bactéries, les mitochondries se multiplient en se subdivisant, elles sont entourées d’une double paroi et elles contiennent leur propre ADN de forme circulaire
», explique le journaliste Jean Hamann dans Le Fil, journal de l'Université Laval.
« Lorsque des mitochondries ou des composantes des mitochondries se retrouvent à l’extérieur de la cellule, le système immunitaire réagit comme il le ferait avec un organisme étranger en produisant des anticorps spécifiques
».
Les équipes des professeurs Paul Fortin et Éric Boilard, du Centre de recherche du CHU de Québec (Université Laval) ont vérifié leur présence dans le sang de 175 personnes atteintes de lupus.
Les anticorps ciblant la membrane externe des mitochondries et ceux ciblant l’ADN mitochondrial étaient nettement plus abondants chez les personnes atteintes de lupus que chez celles en bonne santé.
Les chercheurs tentent maintenant de déterminer pourquoi il y a davantage de mitochondries en milieu extracellulaire chez les personnes souffrant de lupus ou pourquoi leur système immunitaire y répond plus fortement.
Il n’est pas encore certain que ces anticorps soient la bougie d’allumage de cette maladie. « Ils pourraient être produits alors que la maladie est déjà installée
», explique Éric Boilard.
Les chercheurs pourront tirer la question au clair grâce à une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada. « Nous allons analyser des échantillons de sang prélevés à différents stades de la maladie chez 1 500 patients, dont certains ont été suivis pendant près de 20 ans
», explique Paul Fortin.
« Le lupus provoque une inflammation chronique qui attaque différentes parties du corps, notamment la peau, les articulations, les enveloppes du cœur et des poumons ainsi que les reins
». (Qu'est-ce que le lupus ?)
« Il frappe environ 40 personnes sur 100 000, souvent entre 20 et 40 ans, et sa prévalence est 10 fois plus élevée chez les femmes.
» Il se présente sous différentes formes, de sorte que son diagnostic est difficile à établir.
« Les anticorps ciblant les mitochondries pourraient servir de complément aux outils existants pour diagnostiquer la maladie et pour en catégoriser les différentes formes. Une meilleure compréhension des mécanismes en cause dans la production de ces anticorps pourra aussi orienter la recherche de traitements pour le lupus. Je crois qu’on est sur une bonne piste
», conclut le professeur Boilard.
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Psychomédia avec sources : Le Fil - Université Laval, Scientific Reports.
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