La charge mentale domestique demeure toujours assumée en très grande partie par les femmes, souvent de façon invisible en grande partie. Elle est répartie de façon encore plus inégale que l'exécution des tâches elles-mêmes.

Qu'il s'agisse de planifier les repas, de faire les réapprovisionnements, de gérer les rendez-vous, de se souvenir des étapes importantes de la vie familiale (anniversaires…), ces efforts en coulisses sont cruciaux.

Lorsque l'un des partenaires assume une plus grande part de ce travail invisible, cela peut créer des tensions, du ressentiment et un sentiment de déséquilibre.

Voici cinq stratégies, mentionnées par le psychologue américain Mark Travers dans Forbes, pour arriver à mieux partager cette charge cognitive.

  1. Rendre l'invisible visible

    Ce travail passe souvent inaperçu parce qu'il est proactif - par ex., remarquer que le niveau de détergent est bas ou se souvenir de l'anniversaire des parents de votre partenaire - des tâches accomplies à l'avance pour garder la vie sur les rails.

    Une étude publiée en 2023 dans le Journal of Business and Psychology a montré que les femmes assument souvent la majeure partie de cette charge, en grande partie en raison de rôles de genre bien ancrés. Toutefois, ce déséquilibre n'est pas l'apanage des relations hommes-femmes : « il peut se produire dans toute dynamique où l'un des partenaires assume la responsabilité silencieuse de “gérer” le ménage. Au fil du temps, cette situation peut mener à l'épuisement et au sentiment d'être sous-estimé ». (TEST : Pourriez-vous être en burnout ?)

    Pour y remédier, le psychologue suggère de dresser un « inventaire des tâches », c'est-à-dire de dresser la liste de toutes les tâches, petites et grandes, qui assurent le bon fonctionnement du foyer, comme la prise de rendez-vous, les courses et la gestion des finances. L'énumération de ces responsabilités peut renforcer l'appréciation mutuelle et servir de point de départ à une redistribution plus équitable.

  1. Remettre en question les rôles par défaut

    Parfois, les relations fonctionnent selon certains « paramètres par défaut », souvent façonnés par la dynamique familiale ou les normes culturelles. Ces paramètres tacites dictent qui fait quoi dans le ménage sans qu'il y ait de discussion consciente à ce sujet. Par exemple, vous avez peut-être grandi en regardant votre père gérer les finances tandis que votre mère planifiait les repas, et sans vous en rendre compte, vous reproduisez cette dynamique dans votre relation.

    Le problème se pose lorsque ces rôles hérités semblent injustes ou dépassés. Ces modes par défaut non examinés peuvent éroder le sentiment de partenariat, en particulier lorsqu'ils ne correspondent pas aux forces ou aux préférences de chaque partenaire, et causer de la frustration ou du ressentiment.

    Posez-vous les questions suivantes, suggère le psychologue :

    • Pourquoi avons-nous réparti les tâches de cette manière ?
    • Ces rôles reflètent-ils nos points forts ou reposent-ils sur des attentes dépassées ?
    • Comment pouvons-nous redistribuer les tâches d'une manière qui nous semble équitable à tous les deux ?

    Par exemple, si l'un des partenaires est naturellement doué pour la planification mais se sent débordé, l'autre pourrait se charger de tâches plus logistiques. Cette réévaluation renforce l'esprit d'équipe et permet aux deux partenaires de se sentir valorisés et soutenus.

  2. Reconnaître le travail émotionnel

    Le travail invisible comprend également le travail émotionnel de gestion des relations et le fait de s'assurer que chacun se sente valorisé et pris en charge. Il peut s'agir de se souvenir de l'anniversaire d'un ami, de planifier des sorties en famille ou de soutenir votre partenaire au cours d'une journée difficile.

    La charge émotionnelle liée au fait d'être toujours le « gestionnaire des relations » peut être épuisante. Au fil du temps, le partenaire qui porte cette charge invisible peut ne pas se sentir apprécié ou éprouver du ressentiment, tandis que l'autre peut se sentir injustement critiqué parce qu'il ne contribue pas suffisamment.

    Pour y remédier, planifiez des rencontres régulières pour discuter ouvertement de ce que vous ressentez tous les deux face à vos responsabilités et à la dynamique émotionnelle de votre relation. Profitez de ces moments pour exprimer votre gratitude à l'autre pour ses contributions.

    De petites marques de reconnaissance telles que « Merci d'avoir organisé la réunion de famille » ou « J'ai vraiment apprécié que tu aies programmé ce rendez-vous chez le médecin » peuvent grandement contribuer à maintenir l'équilibre émotionnel.

  3. Redéfinir l'équité ensemble

    L'équité dans une relation ne signifie pas toujours qu'il faut tout partager à 50/50.

    Des facteurs tels que les étapes de la vie, les exigences professionnelles et les préférences personnelles déterminent ce que l'on entend par « équitable ».

    Ce qui semble équilibré lorsque les deux partenaires travaillent à temps plein peut devoir être modifié en cas de changements importants dans la vie, comme la naissance d'enfants, le début d'un nouvel emploi ou la prise en charge d'un parent malade.

    Les systèmes rigides peuvent facilement engendrer du ressentiment. Une approche souple et empathique permet aux deux partenaires de se sentir soutenus, même dans les moments difficiles.

    Prenez l'habitude de réévaluer les responsabilités lorsque les circonstances changent. Discutez ouvertement de ce que signifie « équitable » dans votre situation actuelle, en reconnaissant que des compromis peuvent être nécessaires.

  4. Se concentrer sur les solutions, pas sur les reproches

    Le blâme déclenche souvent une attitude défensive alors que la recherche de solutions crée une dynamique de collaboration et de soutien.

    Présentez les défis comme des problèmes communs. Par exemple, remplacez « Tu n'aides jamais avec les enfants » par « Nous nous sentons dépassés par les horaires des enfants. Comment pouvons-nous y remédier ensemble ? » De telles déclarations « nous » font passer le ton de l'accusation à l'inclusion, ce qui aide les deux partenaires à se sentir coéquipiers plutôt qu'adversaires.

Les auteures d'une étude publiée en 2024 soulignaient que « la répartition inégale du travail domestique est un facteur clé de l'inégalité entre les femmes et les hommes. Elle empêche les femmes de participer pleinement à la main-d'œuvre rémunérée et affecte de manière significative leur santé et leur bien-être ». Le travail cognitif peut être particulièrement éprouvant pour les femmes « parce qu'il se déroule souvent dans l'ombre et qu'il n'est pas reconnu ou apprécié par les autres. Il mobilise également l'énergie mentale au détriment d'autres priorités ».

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Forbes, Journal of Business and Psychology, .
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