Des chercheurs, dont les travaux sont publiés en aout 2024 dans le Psychological Bulletin, ont vérifié si l'effort mental est aversif (déplaisant).

Dans diverses disciplines scientifiques, il est souvent assumé que les gens évitent l'effort mental autant que possible. En psychologie, cette hypothèse est incarnée par la « loi du moindre effort » qui a eu une influence considérable, rappellent les auteurs. Par exemple, les gens s'appuient souvent sur des heuristiques (raccourcis mentaux) et des biais cognitifs (stéréotypes par ex.), ce qui leur permet d'éviter de fournir des efforts mentaux.

En neurosciences et en économie, l'effort est souvent modélisé comme représentant un coût que les gens essaient de minimiser. Ils préféreront souvent, par exemple, faire un effort physique qu'un effort mental.

Le psychologue Daniel Kahneman (prix Nobel d'économie 2002) a synthétisé cette approche en définissant deux modes de pensée intervenant dans le jugement et la prise de décision : la pensée rapide et intuitive (« système 1 ») et la pensée analytique et rationnelle (« système 2 ») qui n'est utilisée que lorsque la pensée intuitive rapide est insuffisante. (Deux modes de pensée : intuitif et analytique - Daniel Kahneman)

Afin de vérifier l'hypothèse selon laquelle l'effort mental est aversif (déplaisant), Erik Bijlevel et ses collègues (1) de la Radboud University (Pays-Bas) ont analysé les études antérieures portant sur l'association entre l'effort mental (au cours de tâches cognitives) et l'affect négatif (irritation, frustration…).

Ils ont recensé 170 études menées avec un total de 4670 personnes appartenant à diverses populations (employés du secteur de la santé, militaires, athlètes amateurs, étudiants…) dans 29 pays. Les études portaient sur 358 tâches différentes (par ex., des tâches de test d'équipement, de réalité virtuelle, de performance cognitive). Toutes ces études utilisaient l'Indice de charge de travail de la NASA pour examiner les expériences d'effort et d'affect négatif.

L'effort mental est aversif

Une forte association entre l'effort mental et l'affect négatif a été constatée.

« Les résultats sont vraiment frappants », constate Bijleveld. Dans tous les cas, l'effort mental semble déclencher des sentiments négatifs. « Peu importe l'endroit où l'on vit ou le travail que l'on exerce : tout le monde trouve l'effort intellectuel déplaisant. Même les personnes qui sont peut-être plus souvent récompensées pour avoir bien réfléchi, comme celles qui ont des diplômes universitaires, ressentent les tâches lourdes mentalement comme étant ennuyeuses. »

« Étonnamment », rapportent les chercheurs, une seule variable sur les 15 qui ont été étudiées était liée à une différence dans l'affect négatif : l'effort était ressenti comme un peu moins pénible dans les études réalisées en Asie par rapport à celles réalisées en Europe et en Amérique du Nord.

Lorsque les gens s'engagent volontairement dans des activités qui requièrent des efforts mentaux, croient les chercheurs, ils le feraient pour les récompenses qui y sont associées plutôt que pour un plaisir qui serait inhérent à cet effort.

Les fabricants d'appareils, applications, etc. devraient tenir compte de cette réalité dans la conception de leurs produits, soulignent les chercheurs.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) Louise David et Eliana Vassena.

Psychomédia avec sources : Radboud University Nijmegen, American Psychological Association, Psychological Bulletin.
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