La capacité de réaliser des exploits de mémoire peut être facilement apprise, montre une étude publiée dans la revue Neuron.
Un entraînement avec une méthode classique utilisée depuis l'Antiquité, la méthode des loci, ou méthode des lieux, aussi appelée méthode du « palais de la mémoire », a doublé la capacité de mémoriser des listes de mots chez des volontaires ayant une capacité ordinaire au départ.
Des images cérébrales avant et après l'entraînement, ainsi que celles de champions du monde de mémorisation, permettent de mieux connaître les mécanismes cérébraux impliqués.
Martin Dresler et Michael Greicius respectivement des universités de Radboud (Pays-Bas) et Stanford (États-Unis) ont, avec leurs collègues, examiné au moyen de l'IRM les cerveaux de 23 athlètes de la mémorisation de niveau mondial et 23 volontaires ayant une mémoire ordinaire pairés selon des caractéristiques similaires d'âge, intelligence, etc.
L'un des coauteurs et post-doctorant au laboratoire de Dresler, Boris Konrad, figurait parmi les 10 plus grands athlètes de la mémoire au monde il y a quelques années. Il pouvait mémoriser environ 500 chiffres ou une centaine de mots en 5 minutes.
Contrairement à leur attente, les chercheurs n'ont constaté aucune différence dans l'anatomie du cerveau. Mais ils ont constaté des différences dans la connectivité (l'activité). Sur 25 000 connexions dans le cerveau, un sous-ensemble de 25 différenciait très fortement les athlètes.
Konrad, qui était parmi les participants ayant subi un scan, n'est pas né avec des capacités de mémoire exceptionnelle, souligne Dresler. Ni les autres athlètes étudiés. « Sans exception, ils ont été formés pendant des mois et des années en utilisant des stratégies mnémotechniques ».
Pour explorer les effets de l'entraînement sur le cerveau, ils ont recruté 51 volontaires qu’ils ont répartis en trois groupes : un groupe entraîné avec la méthode des loci qu'emploie la majorité des athlètes de la mémoire, un groupe entraîné avec une méthode de mémoire à court terme basée sur la mémorisation de séquences, et un groupe sans entraînement.
Les volontaires sont passés de 26 à 30 mots avant l'entraînement à 35 mots de plus avec la méthode des loci, 11 mots de plus avec la méthode de mémoire à court terme et 7 de plus sans entraînement.
Quatre moins plus tard, seuls ceux ayant été entraînés à la méthode des loci avaient maintenu le gain de performance avec 22 mots de plus qu'au début de l'étude.
Leur cerveau présentait des changements de connectivité qui correspondaient à l'organisation cérébrale distinguant les athlètes. Deux centres de connectivité (« hubs ») étaient impliqués : l'un, le cortex préfrontal médial, est connu pour être actif lorsque les gens relient de nouvelles connaissances à des connaissances préexistantes et l'autre, le cortex préfrontal latéral dorsal droit, est connu pour être impliqué dans les efforts pour apprendre stratégiquement.
Voyez par vous-même la facilité et l'efficacité de cette technique au moyen de ce test présenté par le New York Times (en anglais simple, aussi visuel que verbal).
Pour plus d'informations sur les méthodes et les facteurs qui favorisent la mémorisation, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Cell Press, Neuron.
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