Tu sais, Pom, sur Internet, on peut parfois passer pour quelqu'un de génial sans que ce ne soit forcément le cas en réalité, dans la vie. Ici, mes défauts ne se voient pas trop, mais ils sont bien réels, malheureusement...
Pour ma mère, j'espère qu'elle ne voit pas dans quelle situation je me trouve, parce que j'aurais drôlement honte. Je devais réussir pour deux, je n'ai réussi pour personne. Je n'arrive pas à me le pardonner, même si ma psy m'a déjà au moins dit 100 fois que ce n'était pas de ma faute, qu'avec ce qui m'était arrivé, je n'avais aucune chance de m'en sortir gagnante sans bénéficier d'un soutien psychologique. Or ma mère était allergique aux psy, et elle ne voulait pas que j'en voie un. Elle désirait que j'aie assez de force de caractère pour que je m'en sorte seule. Mais je n'ai pas pu. J'étais trop seule, trop perdue, aux prises avec un blocage intellectuel et affectif que je ne comprenais pas, je voyais tout se dégrader sans rien pouvoir faire. Et puis trop de gens me détestaient, me voulaient du mal au lycée pour que je puisse étudier dans de bonnes conditions. Certains voulaient peut-être même me détruire, me pousser au suicide. Mon échec leur a fait très plaisir. Mais ma mère n'a jamais compris, elle pensait que je me faisais des idées, que c'était la crise d'adolescence, que ça passerait. Et puis elle me disait que je l'ennuyais avec mes gérémiades. Je devais tenir le coup, je n'avais pas le droit de flancher. Elle voulait une fille qui était forte. Or j'étais tout le contraire : très sensible et très fragile, comme un objet un peu délicat que le moindre contact trop brusque pouvait briser. Je n'ai pas supporté d'être toujours rejetée et méprisée. Je me suis complètement enfermée en moi-même. Le soir j'essayais de me concentrer et de lire mes leçons, mais j'étais loin, loin. Ce qui était simple et allait de soi l'année d'avant devenait tout à coup insurmontable. En terminale j'ai passé beaucoup de soirées à pleurer parce que j'avais eu une note honteuse, et que ma mère m'avait fait un tas de reproches : "tu es une paresseuse et une ingrate, voilà ce que tu es !...". Ce qu'elle voulait dire, c'est : "tu n'as pas le droit de me faire ça ! Non, tu n'as pas le droit !! Tu devais réussir pour moi !! Tu devais avoir la vie que je n'ai pas eue, c'est pour ça que je t'ai mise au monde. Tu m'as trahie, tu n'as pas tenu ta promesse, tu n'es qu'une lâcheuse !! moi qui avais placé tous mes espoirs en toi, eh bien j'ai eu tort, tu n'es qu'une minable." Je n'ai pas le droit de vivre pour moi. Mais maintenant qu'elle est morte, quelle est mon utilité ici ???.......................................
Je n'y avais jamais pensé aussi intensément, c'est presque mon inconscient qui parle, mais je ne peux pas continuer, j'ai la gorge trop serrée et des larmes obscurcissent ma vue parfois.
Demain. Un autre jour, une autre fois........