J'ai lu tes questionnements en cherchant sur internet quelque chose qui puisse me dire si oui ou non je suis une perverse narcissique ou non. Selon les résultats de mes recherches (mais ça demande encore confirmation) c'est sûrement le cas. Tu dois t'être renseigné, mais il y a dans les pervers narcissique le "inconscients" qui ont une très haute estime d'eux même, et les "hypers prudents" qui ont le comportement contraire. Apriori j'entre dans la seconde
Je ne sais pas si ce que je vais dire pourra aider qui que ce soit, mais je peux toujours essayer je suppose.
J'ai moi même vécu de nombreuses relations destructrices et j'ai eu affaire à des pervers narcissique (quelqu'un connaît l'adage "qui se ressemble s'assemble"? Non?). Bref, tout ça pour dire que j'ai souffert de la perversion des autres et que je peux comprendre cette difficulté à se reconstruire.
Depuis mon plus jeune âge je suis élevée dans la culpabilité d'avoir ce que d'autres n'ont pas. On considèra cela comme une sévices morale, puisqu'on m'a toujours dis que si j'étais jolie je n'avais rien fait pour l'être et que je n'avais donc pas de quoi en être fière, puisqu'après tout c'est de l'inné. Je comprend ce raisonnement et il peut de tenir, seulement entendre ce genre de propos de la bouche de son père, l'air de rien ça marque.
Ensuite ça a été pareil pour les études. Mon entourage s'est très vite rendu compte que j'avais beaucoup de facilités(ce qui a été confirmé par ma psychologue à mes 17 ans) alors on en attendait toujours plus de moi, je devais toujours me donner à cent pour cent et si je ne le faisais pas, pour des résultats qu'on aurait considérés comme moyens mais suffisant pour les autres étaient à peine admissible pour moi. Mes parents considéraient que si je n'avais pas au moins 15/20, je n'avais pas fait d'efforts. C'était faux la plupart du temps, mais ça ne changeait rien pour eux.
J'ai finalement arrêté de faire des efforts. J'ai arrêté de travailler et j'ai tenu en roue libre du collège au BAC sans accro. Je n'étais pas fière de moi, mais au moins on a arrêté de m'appeler "Le dictionnaire".
Physiquement parlant, l'éducation que j'avais reçue ne m'avait pas aidé, et j'étais le prototype de la première de classe avec la panoplie complète lunettes/bague/vêtements des cousines ou queshua (je ne sais plus si ça s'appelait comme ça ou non à l'époque, mais la marque n'a pas vraiment d'importance). Quand les autres filles commençaient à se maquiller et à porter des talons, moi j'étais coincée avec mes baskets à skratch et mes polaires vertes ou oranges: autant vous dire que les enfants de mon âges s'en donnaient à cœur joie. Je tombais facilement amoureuse, mais les garçons se moquaient tellement de moi que j'ai fini par vouloir changer. Ça a commencé quand j'ai décroché les cours. J'ai cherché à être jolie pour la première fois, mais mon père se moquait de moi en disant que finalement j'étais comme toutes les bécasses du coin, que l'accordais de l'importance à ce qui n'en avait pas. Je ne pouvais pas regarder de comédies romantiques pour ados parce que j'étais "trop bien pour ça", je ne pouvais pas écouter les mêmes musiques que mes copains parce que ce n'étais pas de la bonne musique. Je n'avais pas d'interdictions, mais je savais que si j'avais le culot de mettre High school musical quand il passait à la télé j'étais sûre d'en avoir pour au moins un an de moqueries, d'ailleurs j'ai toujours droit aux commentaires sur le fait que j'ai écouté Laurie quand j'étais dans le cœur de cible de mon public.
J'ai du apprendre toute seule ce que les mamans apprennent normalement à leurs filles comme quand se laver les cheveux pour qu'ils soient beau au moment où je sors, qu'est-ce que l'épilation, le maquillage, les soins de la peau. J'avais demandé à quelques copines, évidement, mais elles avaient regardé avec tellement de pitié que je n'ai plus jamais osé, je me sentais ridicule, comme sur une autre planète.
J'ai commencé à suivre un peu la mode, à faire attention à moi et pendant quelques années j'ai eu l'illusion que j'avais réussi à être "comme les autres". La vérité, c'est que j'étais toujours à part quand même. J'étais cette fille sympa avec qui on aime bien discuter de temps en temps mais qu'on invite jamais nulle part. Je ne sortais pas, je n'avais aucun contact avec mes "amis" en dehors des cours, et je me faisais toujours jeter par les garçons. Sans compter qu'avec la baisse de mes notes, j'étais sans arrêt en conflit avec mes parents. Je n'ai rien fais au même rythme que les autres et ce décalage est très dure à vivre.
J'avais la sensation d'être spéciale, mais quand je me comportais comme on me l'avait apprit il n'y avait jamais que mes parents pour me féliciter, pour les autres je ne sais pas ce qu'ils voyaient mais ça ne devait pas être engageant vu le vide d'entourage autour de moi.
Voilà pour mon histoire, c'était sûrement barbant, mais maintenant je vais passer à ce qui t'intéresse sûrement beaucoup plus, c'est à dire comment pardonner.
Je n'ai pas évoqué mes relations amoureuses dans un but précis, c'est à dire que je vais donner d'autres angles de vue ce que j'étais et ce que je suis devenue.
Je suis sortie avec un garçon pour la première fois à 15 ans. J'étais en seconde, et je l'avais rencontré un an plus tôt. Notre relation avait été très ambigüe dès le départ, puisqu'il sortait avec moi (dans le sens au cinéma et tout ça, à deux), il m'embrassait, et il faisait la même chose avec ses deux autres copines. J'ai mis fin à cette relation, mais je suis finalement retournée vers lui un an plus tard. Cette fois j'étais l'officielle, mais j'ai supposé plus tard que rien n'avait changé, je n'étais simplement plus au courant. J'ai fais ma première fois avec lui, et je ne pourrais jamais l'oublier. J'avais 15 ans, lui 18, et ça c'est passé dans les toilettes d'un cinéma. Génial.
Vous direz, j'y suis entré en connaissance de cause, dans ces toilettes. C'est vrai, mais à 15 ans je ne me suis pas dit que c'était dégradant, je me suis juste dis que si je refusais il me quitterait sûrement. Pour toutes les raisons évoquées plus haut, je n'avais pas confiance en moi et j'avais peur à chaque instant qu'il décide de me quitter sans préambule. Ce qu'il a finit par faire, comme tous ceux qui l'ont suivie d'ailleurs. À ce moment là j'ai pris beaucoup de poids, et plus ça a été plus je enfonçais.
Je ne comprenais pas ce qui clochait chez moi. Pourquoi est-ce que je n'avais pas de meilleur(e) ami(e) comme tout le monde? Pourquoi est-ce que je n'étais jamais invitée aux anniversaires et aux soirées? Pourquoi étais-je mise à l'écart alors que le faisait tant d'effort pour m'intégrer, pour ne pas être seule? Pourquoi est-ce que j'étais resté la fille sympa mais bizarre dont personne n'est vraiment proche? Je me suis accrochée en vain à ceux qui me tendaient la main, mais je ne sais pas comment me faire des amis.
Aujourd'hui encore j'ai l'impression d'avoir un dysfonctionnement. Je ne suis pas normale, je suis étrange et personne de mon âge ne tient réellement à moi. Les personnes les plus proches de moi sont mes parents et ça me fait peur. Je ne comprend pas mes camarades, et j'ai beau me démener je n'arrive pas à combler le fossé. J'ai l'impression d'être Don Quichotte et de me battre en vain pour être acceptée depuis dix ans. C'est long dix ans de solitude, et ça fait mal. Et plus ça va plus le fossé grandit. Alors maintenant je veux être célèbre. Faite d'être aimée j'aimerais être admirée, j'aimerais trouver une place là où je me sudiste toujours sentie en décalage. Je veux que tous ceux qui se sont moqués de moi et m'ont craché au visage, trahie ou utiliser envie parce que j'ai l'impression de n'avoir que ça. Il faut que je réussisse là où les autres échouent pour pouvoir exister, sinon personne ne se souviendra de moi quand je ne serais plus là.
Je veux qu'on m'aime, mais on ne peux pas forcer l'amour mais on peut forcer le respect et admiration. Je veux qu'on m'envie pour cacher ma défiance, mon défaut de fabrication qui fait que je ne suis pas aimable et pas aimée. Je n'arrive pas à être comme tout le monde, j'ai l'impression d'être un monstre, alors qu'est ce que je pourrais faire d'autre?
Je suis un trou noir, j'absorbe tout l'amour qu'on me donne et j'ai besoin de plus, de toujours plus. Je suis insassiable, j'ai besoin qu'on m'accepte de n'importe quelle manière. J'ai fais beaucoup de chose que je regrette à cause de ça, mais maintenant j'ai arrêté de chercher l'affection des hommes.
Je ne serais sans doute jamais aimée comme tant de femme le sont, et ce constat fait plus mal que tout le reste. Je serrais seule pour le reste de ma vie, j'en ai la certitude parce que je ne crois plus aux miracles. Tout ce que j'ai maintenant c'est la possibilité d'avoir une belle carrière. Mais ce n'ai pas une carrière dont je rêvais petite fille. Je rêvais d'avoir un chez moi où rentrer, ou retrouver le père de mes enfants et profiter du bonheur d'être entourée de gens que j'aime et qui me le rendent.
Je ne veux pas être cette personne désabusée, je ne veux pas renoncer à ce rêve, renoncer à tout ce que j'ai toujours désiré pour me rabattre sur quelque chose dont je me fous complètement comme le travail. J'aimerais cesser d'être moi, mais je ne sais pas comment on fait devenir quelqu'un d'autre. Et puis pour ça il faut déjà savoir qui on est, et ça je suis incapable de le savoir. Je suis un ratage.
Voilà ce que pense une perverse narcissique d'elle même, et si j'avais écrit sur des pages de papiers des mots serraient sans doute déjà effacé par l'eau et le sel. Je ne prétends que les autres pervers narcissiques soient comme moi, je ne prétend pas non plus être à plaindre (après le fond des choses c'est que je pense pouvoir être meilleure que les autres) mais je pense que pardonner commence par accepter la souffrance de ceux à qui on en veut pour pouvoir comprendre et passer au delà. Il n'y a pas de pardon sans empathie et compréhension, c'est une des seules choses que je sache sur les relations humaines, alors ce n'est sûrement pas parfait comme méthode.
Bref tout ça pour dire que les pervers narcissique sont des personnes très seules et pour une partie d'entre eux est réellement en souffrance à cause de cela. Je pense que c'est réellement une maladie et je conforté dans cette idée par le fait qu'un narcissisme pervers peut finalement pousser à tellement de douleur morale pour le sujet lui même qu'il peut entrer en dépression. C'est ce qui m'est arrivé, avec la panoplie complète consultation/anxiolytiques/antidépresseurs. Je pense d'ailleurs que l'innéficacité de ma thérapie est due à la non diagnostisation de ce trouble précis du comportement. Ben ouais, comment on aide quelqu'un qui a un genre de complexe d'infériorité qui crève le yeux et un complexe de supériorité tellement enfouit que même les professionnels ne voient rien? Pas facile facile tout ça. Toujours est-il que je me bats contre mon trouble de la personnalité depuis quelques années sans avoir jamais su que s'en était un, et maintenant que j'en suis consciente je pleure, parce que je ne sais pas être autrement.
Bonne continuation à tous, et j'espère que mon témoignage vous aura donné au moins de nouvelles pistes pour vos propres batailles.
Alexandra.