Selon une étude du Centre sur les droits au logement et les expulsions (COHRE) avec le soutien du Réseau universitaire international de Genève, plus d'un million de résidents de Beijing (auparavant appelé Pékin) auront été déplacés lorsque débuteront les Jeux olympiques organisés l'année prochaine dans la capitale chinoise, dont un grand nombre de force.

Le cas de Pékin n'est pas isolé selon COHRE.

Par exemple à Séoul, à l'occasion des JO de 1988, 720.000 personnes avaient dû partir. A Barcelone, quatre ans plus tard, la flambée de l'immobilier directement liée aux Jeux a contraint les habitants les plus pauvres à s'excentrer.

"A Beijing, le processus de démolition et d'expulsion est caractérisé par l'arbitraire et l'absence de possibilité de recours", poursuit le rapport du COHRE.

Plus de quatre cent mille personnes auraient jusqu’à présent été évincées de Pékin et relogées à l’extérieur de la ville. Elles vivaient en grande majorité dans les Hutong, les quartiers traditionnels de la capitale.

Après des démolitions, les habitants sont souvent "contraints de se reloger loin de leurs communautés et de leurs lieux de travail, sans réseaux de transport adéquats, ce qui augmente significativement le coût de la vie", poursuit l'organisation. Dans certains cas, cette hausse peut atteindre 20%.

L'étude prend en exemple un quartier de Pékin dont les habitants, déplacés, ont reçu un dédommagement financier trop faible pour couvrir l'augmentation des frais de gestion et des charges d'électricité et d'eau dans leurs nouvelles habitations.

«Les garanties procédurales du droit international ne sont pas respectées et nous avons eu connaissance de plusieurs cas de personnes qui se sont suicidées devant leur maison alors qu’elle était détruite», explique Nathalie Mivelaz, coordinatrice du COHRE.

Le COHRE fait également état d'arrestations d'avocats ou d'activistes militant pour le droit au logement, dont Ye Guozhu, condamné en décembre 2004 à quatre ans de prison pour avoir organisé des manifestations contre les évictions forcées.

"Les victimes d'expulsions, leurs représentants légaux et les défenseurs du droit au logement qui s'opposent ou contestent ces évictions sont sujets à des intimidations, du harcèlement et, dans certaines circonstances, à des incarcérations."

Pour sa part, le bureau principal des grands travaux des JO à Pékin annonce que seules six mille familles ont été affectées par les travaux et que les personnes déplacées habitent maintenant dans de bien meilleures conditions.

Plus de 3,6 millions de Chinois ont été délogés depuis 1990 selon un rapport de COHRE suite à la construction du barrage des Trois Gorges et lors des opérations «d’assainissement» des grandes villes.

La ville de Beijing est la capitale du pays et la deuxième ville par sa population, avec 11 150 000 habitants.

Source:
La Tribune.fr
Amnesty International
Tribune des droits Humains