L'anticorps monalizumab, une immunothérapie de nouvelle classe, a présenté une efficacité en combinaison avec une « immunothérapie de première génération » pour le traitement du cancer de la tête et du cou, montrent des chercheurs français dont les travaux sont publiés dans la revue Cell.
L’immunothérapie, soulignent les chercheurs, « a changé la donne dans plusieurs cancers de mauvais pronostic : mélanome métastatique, cancer avancé du rein, de la vessie, lymphome de Hodgkin, cancers de la tête et du cou, du poumon non à petites cellules…
»
Ces progrès sont le fruit d’une première génération d’anticorps d’immunothérapie, les « inhibiteurs de points de contrôle immunitaire », qui agissent sur des points de contrôle que les lymphocytes T expriment à leur surface en temps normal pour éviter une suractivité du système immunitaire.
« Dans le cas du développement d’un cancer, la tumeur détourne l’usage normal de ces freins à son avantage, déclenchant l’arrêt total du fonctionnement des lymphocytes T : le système immunitaire n’est alors plus capable de détruire les cellules cancéreuses qui prolifèrent
».
« En empêchant la tumeur d’agir sur ces points de contrôle, l’immunothérapie rétablit le fonctionnement naturel des lymphocytes T qui vont alors retrouver leur rôle de destructeurs de tumeur.
»
« Les bénéfices cliniques de ces traitements sont spectaculaires
», mais ils ne fonctionnent que chez 20 % des patients.
Chercheurs, cliniciens et industriels travaillent désormais à « surmonter les résistances à cette première génération d’inhibiteurs de points de contrôle.
»
Dans ce nouveau travail, une équipe de chercheurs français dirigée par Éric Vivier de l'Université Aix Marseille (INSERM, CNRS) et d'Innate Pharma, dont les travaux sont publiés dans la revue Cell, « ont démontré le potentiel prometteur d’un nouvel anticorps : le monalizumab
».
Celui-ci est capable de neutraliser directement un point de contrôle très important exprimé conjointement à la surface des cellules NK (Natural Killer - cellules tueuses naturelles) de l’immunité innée et des lymphocytes T de l’immunité adaptative : NKG2A. « En bloquant ce seul point de contrôle, monalizumab restaure ainsi simultanément l’action des deux immunités.
»
Chez la souris, les scientifiques ont démontré qu’utilisé en combinaison avec une immunothérapie de 1re génération, monalizumab améliore les résultats des traitements. Il potentialise l’action de l’anticorps durvalumab (Imfinzi) qui cible un mécanisme d’inhibition complémentaire de celui de NKG2A : la voie PD1/PDL1. Le taux de survie est ainsi augmenté : 60 % de survie quand le monalizumab est utilisé en combinaison avec durvalumab contre 40 % lorsque durvalumab est utilisé seul.
Chez l’Homme, dans le cadre d’un essai clinique de phase 2, monalizumab stimule l’un des mécanismes d’action du cetuximab (Erbitux), le traitement de référence du cancer de la tête et du cou. « L’analyse des premières données confirme les bénéfices de cette combinaison : l’évolution du cancer est stoppée chez 25 % des patients traités alors que les données d’autres essais rapportent 13 % lorsque cetuximab est utilisé seul.
»
Pour plus d'informations sur les traitements du cancer et plus particulièrement sur l'immunothérapie, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Inserm, Cell.
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