Des chercheurs français et britanniques ont montré l’efficacité d’une thérapie génique dans le traitement de la myopathie de Duchenne chez des chiens naturellement atteints de la maladie.
Après une injection de micro-dystrophine (version « raccourcie » du gène de la dystrophine) via un vecteur-médicament, la force musculaire était restaurée et les symptômes cliniques stabilisés.
« La myopathie de Duchenne est une maladie génétique rare évolutive qui touche de l’ensemble des muscles de l’organisme et qui concerne 1 garçon sur 3500.
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Ces recherches, dont les résultats sont publiés dans la revue Nature Communications, ont été menées par les équipes de Généthon, du laboratoire de l’AFM-Téléthon, de l’Inserm (Université de Nantes) et de l’université de Londres.
La myopathie de Duchenne « est liée à des anomalies du gène DMD, responsable de la production de la dystrophine, une protéine essentielle au bon fonctionnement du muscle. Ce gène a la caractéristique d’être l’un des plus grands de notre génome (2,3 millions de paires de bases dont plus de 11 000 sont codantes). Du fait de cette taille, il est techniquement impossible d’insérer l’ADN complet de la dystrophine dans un vecteur viral (ni même les seules 11000 paires de bases codantes), comme cela est habituellement fait pour la thérapie génique.
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Les équipes du laboratoire Généthon, ont développé, en collaboration avec l’équipe du Dr Dickson de l'Université de Londres, et produit un médicament de thérapie génique associant un vecteur viral de type AAV et une version raccourcie du gène de la dystrophine (environ 4000 paires de bases), permettant la production d’une protéine fonctionnelle.
L’équipe du Dr Caroline Le Guiner, ingénieur hospitalier au CHU de Nantes, et auteure principale de cette étude, a testé ce traitement chez 12 chiens naturellement atteints de la myopathie de Duchenne.
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En injectant cette micro-dystrophine par voie intraveineuse, donc dans le corps entier des chiens, les chercheurs ont constaté la réexpression d’un haut niveau de dystrophine et une restauration significative de la fonction musculaire avec une stabilisation des symptômes cliniques observée pendant plus de 2 ans après l’injection du médicament. Aucun traitement immunosuppresseur n’a été administré au préalable et aucun effet secondaire n’a été observé.“Cette étude préclinique démontre la sécurité et l’efficacité de la micro-dystrophine et permet d’envisager le développement d’un essai clinique chez les patients. En effet, c’est la première fois que l’on parvient à traiter le corps entier d’un animal de grande taille avec cette protéine. De plus, cette approche innovante permettrait de traiter l’ensemble des patients atteints de myopathie de Duchenne quelle que soit la mutation génétique en cause” déclare la Dre Le Guiner. »
Pour Frédéric Revah, directeur général de Généthon : « Désormais, c’est à nos experts de la bioproduction de produire en quantité suffisante et dans des conditions BPF, ces nouveaux vecteurs-médicaments pour l’essai clinique ».
Serge Braun, directeur scientifique de l’AFM-Téléthon, souligne : « Cette nouvelle preuve d’efficacité de la thérapie génique dans la myopathie de Duchenne vient renforcer l’arsenal thérapeutique en cours de développement (saut d’exon, CRISPR Cas-9, pharmaco-génétique…) et les premiers résultats sont là. Il faut accélérer encore pour franchir la dernière étape et transformer ces succès scientifiques en médicaments pour les enfants ».
Pour plus d'informations sur la thérapie génique pour les maladies génétiques, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : Inserm.
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