Des chercheurs français rapportent des résultats positifs d'une thérapie génique chez quatre jeunes enfants souffrant d'une maladie génétique rare. Leurs travaux sont publiés dans la revue médicale Lancet Neurology.
Cet essai de phase I/II chez des enfants atteints de la maladie de Sanfilippo de type B a montré une bonne tolérance et un bénéfice neurocognitif.
Cet essai est l'aboutissement de deux décennies de partenariat et de soutien financier de l’AFM-Téléthon, avec le soutien de l’association Vaincre les Maladies Lysosomales (VML). Il a été mené par le Dr Jean-Michel Heard de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, et les Pr Marc Tardieu et Michel Zérah, de l’AP-HP, et des universités Paris-Sud et Paris Descartes.
Le communiqué de l'Inserm explique :
Le syndrome de Sanfilippo est une maladie génétique rare, qui touche environ un enfant sur 100 000. Elle affecte le développement du cerveau après la naissance et entraîne quelques années plus tard sa dégénérescence. Les premiers symptômes de la maladie – hyperactivité, déficit intellectuel progressif – se manifestent vers l’âge de deux ans. L’anomalie génétique empêche la production d’une enzyme nécessaire à la dégradation des mucopolysaccharides, des molécules qui aident les neurones à développer des connexions efficaces chez le jeune enfant lors des apprentissages, et dont l’accumulation est progressivement toxique pour les cellules du cerveau. Cette maladie conduit, en 5 à 10 ans, à un état de polyhandicap et à un décès prématuré.
Le défi à relever pour espérer traiter la maladie de Sanfilippo consiste à concevoir une méthode permettant de fournir l’enzyme manquante dans le cerveau, le plus tôt possible après la naissance. Afin d’y arriver, l’essai thérapeutique débuté en octobre 2013, conduit par l’Institut Pasteur et réalisé à l’hôpital Bicêtre, AP-HP a consisté à injecter dans différentes zones du cerveau d’enfants atteints un vecteur de thérapie génique (AAV2/5) capable d’induire la production de l’enzyme manquante par les cellules cérébrales. L’objectif spécifique de l’essai de phase I/II était d’apprécier la tolérance au geste chirurgical et au candidat médicament ainsi apporté par la thérapie génique.
Dans cette étude, faisant suite à dix années de travaux préalables chez l’animal, les chercheurs ont pour la première fois mis en œuvre ce traitement chez quatre enfants âgés d’un an et demi à quatre ans (précisément 20, 26, 30 et 53 mois). Aucun effet secondaire notoire lié au traitement, qu’il soit clinique, radiologique ou biologique, n’a été constaté durant les 30 mois qui ont suivi le traitement, témoignant de la bonne tolérance.
Dès le 1er mois qui a suivi le traitement et durant les 30 mois de l’étude, les chercheurs ont détecté l’enzyme auparavant manquante dans le liquide cérébrospinal des quatre enfants traités. De plus, un suivi neurocognitif régulier très soigneux a montré un impact positif dans l’évolution du développement intellectuel et comportemental chez les 4 enfants traités, particulièrement chez le plus jeune d’entre eux.
Les résultats encourageants de cet essai clinique de phase I/II indiquent qu’un traitement pourrait à l’avenir être proposé aux familles de patients atteints de la maladie de Sanfilippo. La prochaine étape pourrait consister en la réalisation d’un essai clinique de phase III impliquant la production industrielle de ce médicament.
Drépanocytose (anémie héréditaire) : succès d'une thérapie génique chez un adolescent français
Psychomédia avec source : Inserm.
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