Les parents d’un enfant sur le point de naître à Grasse (Alpes-Maritimes), dont la famille compte plusieurs cas de cancers foudroyants, ont été autorisés par la justice à conserver le cordon ombilical de leur enfant à des fins thérapeutiques, a annoncé l’avocat du couple, rapporte Le Monde.
La congélation d’un cordon ombilical n’est pas une nouveauté. Cette conservation n'est autorisée en France que pour soigner d'autres patients, de façon anonyme et gratuite. Les femmes sont invitées à donner le sang de cordon à la naissance de leur enfant.
En 2015, 126 greffes de sang de cordon ont été effectuées, selon l'Agence de la biomédecine qui supervise le don et la greffe de sang de cordon.
La loi Leonetti relative à la bioéthique prévoit que, « par dérogation, le don peut être dédié à l'enfant né ou aux frères ou sœurs de cet enfant en cas de nécessité thérapeutique avérée et dûment justifiée lors du prélèvement ». Neuf malades répondant à cette définition ont ainsi pu bénéficier d’une allogreffe apparentée (intrafamiliale) l’an dernier en France, rapporte Le Figaro.
Ce qui est une première ici, « c’est d’agir par anticipation. Le cancer n’est pas là mais on sait qu’il y a un risque avéré ». La mère, convaincue que son enfant pourra bénéficier des progrès de la science sur les cellules souches « d’ici à trente ans, (…) veut lui mettre une chance de côté pour que ce futur adulte puisse s’autoréparer », a expliqué leur avocat, Me Emmanuel Ludot.
Le sang de cordon contient des cellules souches hématopoïétiques qui produisent les cellules sanguines (globules rouges, globules blancs ou plaquettes)
« Depuis la première greffe de cordon au monde, réalisée en France en 1988, la technique permet de traiter des maladies graves du sang (leucémies, lymphomes) ainsi que des maladies sanguines héréditaires de l'hémoglobine (drépanocytose, thalassémie) et d'autres affections, plus rares
», rapporte AFP. « Elle constitue une alternative à la greffe de moelle osseuse lorsque le malade ne trouve aucun donneur compatible ou qu'une première greffe a échoué.
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« Les cellules immunitaires plus immatures contenues dans le sang de cordon sont plus facilement acceptées par le corps du malade que les cellules de la moelle osseuse. L'utilisation du sang de cordon a d'abord été restreinte aux enfants, mais on greffe aujourd'hui de plus en plus d'adultes, notamment en cas de leucémies aiguës.
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Certaines sociétés privées étrangères ont commencé à proposer à des parents de conserver le sang placentaire de leur enfant, dans la perspective d'une éventuelle utilisation future.
Pour Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Sud - Paris-Saclay et directeur de l’espace de réflexion éthique de la région Île-de-France, « la question des biobanques doit faire l’objet de concertations publiques plus ouvertes, dès lors que se développe une certaine idéologie de l’anticipation des maladies et de la responsabilisation individualisée des démarches préventives », rapporte Le Figaro. Il juge « éthiquement discutable » de fermer trop rapidement le débat (comme le font plusieurs de ses confrères) « dans cette phase transitoire de mutations dans le champ de la médecine génératrice ou réparatrice ».
Psychomédia avec sources : L'OBS (AFP), Le Monde, Le Figaro.
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