Alors que les études sur la moralité ont été jusqu'à maintenant principalement confinées en laboratoire où les participants prenaient des décisions dans des situations hypothétiques, une étude, publiée dans la revue Science, a questionné régulièrement les participants dans leur quotidien au moyen d'une application pour téléphone intelligent, leur demandant ce qui leur était arrivé, ou ce qu'ils avaient fait, appris ou entendu, de bien ou de mal.
Le psychologue social Wilhelm Hofmann de l'Université de Cologne (Allemagne) et ses collègues (1) ont recruté 1,252 Canadiens et Américains qui ont accepté de répondre à des messages textes 5 fois par jour pendant 3 jours.
Un tiers des événements rapportés avaient une incidence morale. Les participants ont signalé un événement moral par jour en moyenne, environ autant de bons que de mauvais.
Ces événements étaient de plusieurs catégories, dont :
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« prendre soin / rudoyer, causer un préjudice » (aider un touriste à se diriger, tasser quelqu'un pour le dépasser, fumer dans une auto avec des enfants, donner un sandwich à un sans-abri, voler…);
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« équité / iniquité » (pourboire généreux ou non, le Congrès qui réduit le financement des programmes de lutte contre la pauvreté…);
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« fidélité / infidélité » (aller dîner en famille plutôt que de sortir avec des copains, organiser un rendez-vous adultère…).
Certains éléments des résultats étayent des théories psychologiques qui ont été développées à partir d'expériences de laboratoire. Par exemple, des études ont suggéré que les bonnes actions peuvent être contagieuses, et ce phénomène semble apparaître dans cette nouvelle étude. Les gens qui recevaient un acte de bonté étaient environ 10% plus susceptibles que la moyenne de faire quelque chose de bien plus tard dans la journée.
Des psychologues ont également soutenu qu'une différence fondamentale entre les gens ayant des allégeances politiques de droite et de gauche est que les conservateurs ont tendance à penser la morale en termes de loyauté et de foi, et les libéraux à mettre l'accent sur l'équité et la liberté. Ce qui s'est aussi confirmé. Les participants politiquement à droite ont identifié plus de manquements et d'affirmations de loyauté, alors que ceux à gauche ont vu plus d'exemples de traitements injustes ou généreux.
L'étude n'a montré aucune différence significative dans le comportement ou le jugement moral entre les religieux et les non religieux.
(1) Daniel C. Wisneski, Mark J. Brandt et Linda J. Skitka
Psychomédia avec sources: New York Times, Science
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