Bonjour.
Je suis français, 33 ans, dépressif, comme tout le monde ici, semble-t-il. Pas encore essayé le suicide, mais c'est par une recherche sur ce mot (et celui de solitude) que je me retrouve sur ce forum. Et je suis surpris.
Surpris par le fait que les échanges, pour aussi rassurants qu'ils puissent être (on n'est pas les seuls à ressentir cette 'désolidarisation' qui nous amène à penser à la mort) soient aussi peu productifs et finalement que ce média qu'est l'internet finisse par rassembler sans rassembler.
C'est rassurant, en effet, de lire ses propres mots dans les écrits des autres. Mais c'est en même temps sans issue : à quoi cela mène-t-il ? Est-ce que ça change le fond du problème ? Parler à des gens, se confier, laisser fuir la surpression qui menace... mais sans éteindre le feu qui dévore notre vie.
Echec dans les études, orientation professionnelle non choisie et dictée par les événements, sans avoir d'avenir, échec dans les relations amicales, dans les relations sentimentales, échec de sa vie sexuelle, pas de vie sociale, dégoût du quotidien, incapacité à se mobiliser sur un projet personnel, solitude entretenue par un cercle vicieux, volonté de se confier au hasard ou de mettre un terme à tout ça...
Communiquer pour communiquer et avoir l'impression de vivre de ce fait, ne me suffit pas.
Je voudrais pouvoir communiquer sur un contenu.
Je voudrais pouvoir dire ce que j'ai à dire.
Ce que je ne peux pas dire à ma famille, parce que je ne veux pas leur demander quoi que ce soit, ni attirer leur 'compassion'.
Des questions se posent : comment changer de vie ? comment aborder les gens, une nana qui vous plaît, comment séduire ? comment faire de bons choix ?
mais tout ça sur des bases concrètes...
Peut-on se confier à des inconnus de tous milieux et de toutes situations ?
Peut-on exprimer ses complexes et attendre de ces échanges des solutions ?
L'exemple du voisin est-il transposable ? Comment, en étant convaincu du caontraire, penser que cet échange aura une quelconque utilité ?
Se sentir unique, être convaincu de valoir quelque chose, et ne pas pouvoir exprimer cette valeur de manière constructive est selon moi la plus grande difficulté. C'est celle que je rencontre.
Je pense avoir un talent (talent de vie et talent professionnel) et ne pas être dans les circonstances qui me permettront de l'exploiter. J'ai aussi l'impression que je n'aurai pas la possibilité d'influer sur ces circonstances, du fait de mon isolement et de ma conviction que les projets que je pourrais avoir ne seront jamais soutenus par quiconque autour de moi.
Bien sûr, il faudrait un certain courage pour essayer, et j'en manque probablement.
Mais je ne crois pas qu'en parler, si ce n'est que pour en parler, changera quelque chose. Au moins si la personne à qui on en parle ne peut rien faire à l'égard de ces projets pour contribuer à les réaliser.
On se sent seul dans l'immédiat, et on se sent seul aussi face à ces projets, seul dans le passage à l'acte, seul dans la conviction de notre valeur...
Ce n'est pas de la schizophrénie que de croire qu'on est pas à la bonne place et espérer pouvoir l'atteindre. C'est seulement de l'espoir.
Pour ne plus souffrir, il faut qu'à un moment, juste un petit moment, la déception soit remplacée par la satisfaction. D'où le choix de s'en remettre au hasard : l'espoir. Et puis être rationnel et se dire que le hasard ne suffit pas, que le temps passe trop vite et les échéances se succèdent sans le succès attendu, sans que le hasard n'ai fait aboutir quoi que ce soit de bien... Le cycle de la dépression s'installe vite.
Ce qui manque, au fond, ce n'est pas l'écoute des autres, c'est la confiance des autres. Et en disant ça, j'affirme la défiance des autres. Et j'ai tort, bien sûr. Sauf que : en fait, 'les autres', c'est personne. Il ne faut pas s'en remettre aux autres, mais à quelqu'un en particulier. La difficulté, c'est : à qui ?
Pas d'amis, famille impossible, environnement professionnel sans ouverture... Par quel biais arriver à toucher la personne qui apportera l'aide cruciale ? Vers où se tourner pour franchir la bonne porte ? Qui apportera le bon conseil ? Qui soutiendra le choix du risque le moment venu ?
Je vous propose de plutôt aborder cet aspect plutôt que de se focaliser sur les : moi aussi j'ai vu un psy, moi aussi j'ai voulu me suicider, moi aussi je ne dors pas bien, moi aussi j'ai dû forcer la dose de médocs... Ne pas se contenter du symptôme, mais accepter un risque : dévoiler un peu de ce qui fait mal.
Exemple ?
Pour ma part, je crois que j'ai un immense talent inexprimé qui touche au stylisme, au design, à la création d'objets et d'environnements. J'aurais voulu être architecte ou travailler dans la mode. Et je me retrouve avec une vie de merde et l'impossibilité de reprendre des études. Et ça me bouffe. Et par dessus ça, un malaise social. L'impossibilité de me sentir bien en compagnie de gens que je connais mal, et donc la difficulté de me faire des amis, de rencontrer une jolie nana...
L'impression de ne pas être vu tel que je suis, c'est à dire avec mon talent.
Comment changer tout ça ?
Comment ?
Pas : avec quelle énergie, avec quelle orientation d'esprit, avec quelle méthode intellectuelle... mais : en contact avec qui ? en envisageant quelles étapes concrètement ? etc...
Comment toucher du concret pour fonder réellement un espoir ?
Dernier détail : je vis en France, loin de Paris, sans formation ayant trait à la création, sans réseau de relations dans ces domaines...
Voilà.
Je voudrais bien pouvoir me fier à un forum pour me sentir soutenu, mais je n'en trouve toujours pas. C'est toujours du bavardage sans fin...
Et puis je suis aussi disponible pour écouter les autres et donner mon avis. Je crois que c'est un autre talent. Mais celui-ci ne sera d'aucune aide. En tout cas pour moi.
Depp : dans ton message, tu dis : je suis malade, en gros. Cela semble vouloir dire : ce que je suis, au fond, c'est un malade.
Et ce que je voudrais te dire, c'est : Non, ce que tu es, ce n'est pas un malade. Malade, c'est ton état, et seulement ton état. Mais toi, tu es bien autre chose.
Tu es ce que tes espoirs te dictent.
Je ne peux rien contre ta maladie.
Mais si tu parlais de tes espoirs, je pourrais te dire (peut-être) des trucs vraiment utiles, pour ta vie, pour répondre à tes espoirs.