Je sais que tout ça peut paraître une mauvaise option. Mais en réalité, je considère qu’il n’y a pas UNE solution miracle. Celle qui nous convient tient compte de ce que je suis et de ce qu’il est.
« Tu lui parles ou c’est moi qui le fais ». J’étais stressée par la démarche que je m’apprêtais à faire quand je le lui ai dit, mais… Depuis notre séparation il était dcidé à la quitter, n’avait plus de doute là-dessus. C’est juste que les choses menaçaient de traîner en longueur.
Il m’a dit qu’il était content que j’aie dit ces mots-là : il savait très bien que je ne pouvais pas envisager de reprendre cette relation juste comme avant. Je crois qu’il s’est trouvé soulagé tout à coup parce que, quelle que soit l’option prise, la situation arrivait à se débloquer.
Il m’en a reparlé pour me dire qu’il restait au fond deux voies pour lui : faire face et dire simplement la vérité (ce qui, rajoute-t-il, serait plus mature et mieux pour tout le monde) ou attendre que je passe un coup de fil. Le résultat serait le même mais il trouve que la seconde solution manque de délicatesse. C’est le moins qu’on puisse dire.
Il pense aussi que s’il ne le fait pas lui-même il gardera l’impression de n’avoir pas su faire face à ses responsabilités.
Et puis il craint qu’à la longue je ne mette ses sentiments en cause s’il me laisse faire.
Mais il n’en reste pas moins qu’on est dans une situation qui traîne en longueur et qu’il faut qu’elle se règle maintenant. Peut-être (je l’espère) que les mots que je lui ai dits seront simplement le détonateur qui lui manque. La différence avec avant (enfin… à priori) c’est qu’aujourd’hui on avance vers quelque chose de concret. On a une date limite.
Oui, comme tu dis c’est lui qui doit choisir. Mais en disant ces mots je suis partie du principe que son choix était fait et qu’il avait simplement beaucoup de mal à aller jusqu’au bout. En fait je lui donnais un coup de pouce. Ma seule grande peur, irraisonnée, était de découvrir ainsi que ses mots n’étaient que des mots.
Vivre seul ? Pas tout à fait de toute façon puisqu’il a souvent ses enfants avec lui. Mais si elle débarque du jeu d’ici un mois au plus tard je ne vais certainement pas emménager dans le mois qui suit. Premièrement parce que j’ai un bail à honorer, et ensuite parce que j’estime qu’il faudrait à ma fille et à ses enfants le temps de s’adapter les uns aux autres, d’apprivoiser le changement.
Ceci dit il ne sera pas non plus livré à lui-même, c’est vrai… Ça lui ferait peut-être du bien mais c’est utopique d’imaginer que lui et moi puissions tenir.
Tu me demandes ce que moi je penserais. Je t’ai un peu dit je crois que j’estimais que nous avons chacun nos forces et nos faiblesses et que je le ferais aussi comme un geste amoureux.
Mais ce serait mentir que de te dire que ça ne me dérange pas du tout. Premièrement je craindrais les regards de ceux qui sauraient et qui en viendraient à penser que je le dirige, voire le manipule. Ensuite j’aurais peur des retombées à long terme d’un tel geste sur nous deux : perdrais-je un peu de mon respect pour lui ? aurait-il l’impression de n’avoir pas réellement choisi sa vie ?
En même temps j’ai toute une vie à vivre et je me refuse à la voir stagner. Lui est épuisé de ces deux années et a vu mes mots, je crois, comme une bouée de sauvetage. Son blocage est vraiment très fort. Maintenant qu’il est devant l’inéluctable il va peut-être réagir.
Tu as raison dans ce que tu m’écris plus loin ; ça ressemble à une faille dans ma détermination. Ce n’est pas tout à fait ça. Lui dire « sinon je te quitte vraiment » n’était pas plausible parce que de toute façon je ne voulais plus de la situation telle qu’elle était. Autrement dit ça aurait signifié que je reprenais avec lui pour un mois avant de replonger dans le silence. Et là il ne m’aurait plus du tout prise au sérieux.
Pour moi il était clair que notre couple était autre ou n’était plus. J’ai tenté dernièrement de lui faire prendre le virage vers « autre » puisqu’il refusait d’accepter le « plus ». S’il s’était rebellé contre mes mots, au fond, il aurait dû continuer à faire face tout seul. Je ne me sens pas lui imposer quelque chose puisqu’il refuse tout bonnement de me laisser partir. Je lui ai tendu une main de façon ferme et il l’a prise.
Finalement la lettre de sa compagne est dure, pleine de reproches et ne parle que de moi du début à la fin. Je l’ai même trouvée un peu insultante mais je sais que c’est humain. Tout le long de la lettre elle m’appelle « cette fille » - ce qui en dit beaucoup. Et puis elle suppose plein de choses dérangeantes qui expliqueraient autrement l’éloignement de son compagnon : pourquoi tient-il toujours à se montrer tellement gentil avec les femmes ? Est-ce un besoin ? Je représente la nouveauté, elle la routine, voilà qui en dit beaucoup. Et puis il ne s’intéresse pas à elle, ne lui demande rien, alors qu’elle est sûre, même si elle ne partage rien d’artistique avec lui, qu’elle est bien aussi intéressante que moi
Je sens ton enthousiasme baisser un peu… Je me trompe ? Tu réussis à me faire douter. Après plus de deux années trouves-tu encore que je me montre trop impatiente ? Crois-tu que j’aurais dû me retirer et laisser les choses se détériorer encore ? Mon intervention, telle que je l’ai présentée, il semble qu’elle le soulage en fait. Peut-être même l’a-t-il espérée, voire provoquée. Je me suis éloignée de lui mais il n’a pas reculé devant grand chose pour m’empêcher de m’en aller. Cette attitude même me donne des droits me semble-t-il.
Enfin… ce qui est fait est fait. Il me semble aujourd’hui que je doive aller jusqu’au bout.
Des contestations ?
Bon ! Il ne me reste qu’à faire des prières d’ici la date fatidique ! De toute façon je ne me voyais pas non plus partie pour entrer dans un engrenage peut-être long de feinte froideur où j’aurais eu à le repousser constamment.
Non ?
Amicalement,
Livie