Domino : encore quelques rebondissements

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Nerveuse...

#11 Posté le par DCF__6320

Bonjour Domino,

Voilà le temps passe. Et je me sens de plus en plus sûre de moi. Je regarde de l’extérieur et je constate que mon état d’esprit change aussi. Je ne me laisse plus tellement atteindre par des sentiments négatifs de jalousie ou de frustration par rapport à la conjointe de mon amoureux ; mais j’ai aussi fermé la porte à la pitié. Je crois que c’est par nécessité. Comment pourrai-je faire face si j’ai trop de compassion ? Ce n’est pas mon rôle d’ailleurs n’est-ce pas ?

Tu m’écris que ma situation n’est pas si hors-normes. Ce qui me paraît inhabituel, c’est le fait que je m’apprête fort possiblement à prévenir la conjointe de mon amant qui lui et moi nous aimons depuis deux ans sous son nez… avec son assentiment (à lui). C’est vrai qu’il a tout fait pour qu’elle comprenne et réagisse, mais les mois passant il est devenu de plus en plus évident que tant qu’elle pourrait passer à côté elle le ferait. Au fond elle a su de façon certaine qu’il l’avait déjà trompée, elle sait aujourd’hui qu’il n’est pas heureux avec elle et qu’il ne la voit pas comme le grand amour

Pourquoi est-elle encore là ? Il me semble que si mon conjoint me disait ces mots-là j’organiserais mon départ

Pour ce qui est d’écrire ce qui se dit, je bats des records. Sais-tu que j’écris tout depuis le début de notre histoire ? J’ai une grosse pile de cahiers qui n’ont pas laissé passer grand chose. Ceci dit, pour arriver à en tirer un résultat clair, il me faudrait bien du travail : j’ai écrit presque tous les jours depuis le mois de juillet 1999 et je n’ai négligé ni la description de mes états d’âme ni mes raisonnements parfois tortueux… Il faudrait que je me fasse un genre de calendrier net et concis depuis ce temps-là, ne mentionnant que les faits.

Je ne comprends pas tout à fait ce que tu veux dire en écrivant « Dans mon souvenir, il n’a pas souvent parlé au présent, en disant que MAINTENANT il lui reprochait ceci ou cela ». Mais il est certain que les mots qu’il lui a dits dernièrement sont allés plus loin. Je peux par contre me demander s’il ne fait pas surtout en sorte de la préparer à ce qui s’en vient.

Et après tout, si cela était ? Au moins nous aurons eu l’impression d’agir de concert.

C’est vrai que je suis impatiente. J’ai tendance à me dire qu’après plus de deux ans j’ai toutes les raisons de l’être. Mais en même temps je suis très consciente que j’ai aujourd’hui beaucoup moins de tolérance face au temps qui passe – ou à n’importe quoi.

Nous nous sommes vus vendredi soir. Il devait accompagner son fils quelque part en début de soirée puis rentrer chez lui. Mais il est venu me retrouver et n’est rentré chez lui que beaucoup plus tard. Sa conjointe l’a appelé toute la soirée sur son téléavertisseur et il n’a retourné aucun de ses appels.

J’illustre ici ce que je t’écrivais sur ma patience qui est désormais très limitée : je lui ai dit que je pouvais lui passer mon téléphone portable et qu’il la rappellerait ainsi tout de suite. Il m’a répondu qu’il ne voulait pas lui mentir devant moi. À quoi j’ai répliqué qu’au point où on en était il n’avait pas à mentir. Il a trouvé 1000 raisons d’esquiver, en particulier que sa sœur était avec elle et qu’il ne pouvait pas lui parler dans ces conditions. Ça m’a fâchée. Et puis j’ai compris que j’allais trop loin.

Il est donc rentré vers 23 h. La sœur de sa conjointe était effectivement avec elle et ainsi elle a très peu questionné. Il est allé se coucher rapidement et le lendemain elle est partie travailler avant qu’il ne se lève. Mais j’avoue que je demeure stupéfaite – même si je devrais m’y être faite :

Domino… Tu attends ta conjointe en début de soirée, elle a quelque chose de rapide à faire, tu penses qu’elle sera là au plus tard à 20 h. Voyant qu’elle n’arrive pas tu l’appelles sur son téléavertisseur ; tu l’appelles plusieurs fois mais elle ne retourne aucun de te appels. Et elle arrive trois heures plus tard… comme une fleur… Laisserais-tu les choses telles quelles ? J’appelle ça de l’inertie. Mais tout le monde connaît la force d’inertie !

Nous avons parlé de la façon dont les choses pourraient se passer. Il continue à dire qu’il faut que ce soit lui qui lui parle, mais aussi qu’il n’est pas du tout sûr d’en être capable. En fait je ne m’attends pas du tout à ce qu’il le puisse. Dans deux semaines exactement j’aurai le feu vert ; à moins qu’au dernier moment il ne me dise non… ce que je respecterai mais qui me fera cette fois vraiment reculer par rapport à nous.

Nous nous entendons sur le fait que je dois être directe et ne pas tenir de long discours ; il y a fort à parier qu’elle ne m’en laisserait pas le temps. Et aussi qu’il vaut mieux que j’appelle plutôt que de chercher à la rencontrer. Malgré tout il me reste la crainte qu’elle ne me laisse pas parler suffisamment. Il se pourrait qu’en sachant seulement qui je suis elle me raccroche au nez non ?

Il m’a dit qu’il ne sait pas comment il se comporterait. Il est sûr d’une seule chose : il ne niera rien de ce que je dirai. Mais si elle décide de s’accrocher quand même ?

Alors il m’apparaît primordial de dire des choses qui portent : qu’elle sache que ça dure quasiment depuis le début de leur vie commune, qu’il m’aime, que je l’aime, et aussi que lui et moi souhaitons refaire nos vies ensemble. Est-ce qu’elle pourra passer par-dessus ça ? Point positif : pourra-t-elle davantage passer par dessus l’humiliation de s’être fait prévenir par moi ?

Il m’arrive de me dire que je pourrais peut-être, au stade où nous en sommes, lui remettre cette responsabilité-là sur le dos. Mais premièrement la date limite n’a pas été fixée totalement au hasard : je me refuse à revivre l’enfer de la période des fêtes que j’ai connu les deux dernières années ; au pire on aura replongé dans la séparation. Et deuxièmement il semble tellement mieux depuis que ce pas en avant a été fait ! Il est indéniable de toute façon que c’est un geste plus facile pour moi que pour lui. Bien sûr ça me rend nerveuse, et il fait déjà partie de mes plans d’avaler un petit verre avant de passer ce coup de fil. Mais foncer pour accomplir un acte qui ressemble à un défi ça me ressemble trop pour m’arrêter.

C’est vrai qu’on se complète.

Ce qui me rend joyeuse aussi c’est de l’entendre faire des projets personnels tout à coup ; ça me paraît le signe évident qu’il se sent entrer dans une phase neuve.

Le lendemain j’ai passé quelques heures entre sa fille et lui. Encore un motif de me réjouir. Cette fois elle « signe » son acceptation voire sa complicité. Je ne rêve pas de la voir renier l’autre mais j’ai tout de même craint longtemps d’être rejetée par cette adolescente de 16 ans.

Un scénario écris-tu ?

Bon ! Je l’appelle. Probablement chez eux quand lui n’y sera pas. J’aimerais mieux que sa fille n’y soit pas non plus mais comment l’éviter ? J’imagine que son premier réflexe sera de le rappeler aussitôt. J’ai songé à prévoir un code que je lui ferai sur son téléavertisseur dès que l’appel sera donné pour le prévenir. Le jeter dehors ? Elle est bien mal placée pour ça puisqu’elle habite sa maison, à lui. Je m’attends à des larmes, des reproches, quelque chose d’assez violent même. Parce que jusqu’ici elle a tout fait pour ne pas se faire rattraper par la réalité et que ce jour-là elle ne le pourra plus. L’impuissance rend parfois méchant (j’en sais quelque chose). J’ose espérer qu’elle aura assez de fierté pour s’en aller rapidement mais je n’en suis même pas sûre. C’est pour ça que je veux que mes mots la frappent assez pour le lui laisser le moins de choix possible : ne pas lui laisser une chance de croire autre chose que la vérité.

Qu’en penses-tu ?

Mon cœur bat de plus en plus fort et il me reste encore deux semaines ! J’ai si peur que tout ça ne s’écroule au dernier moment. Ça me paraît vraiment irréel.

Amicalement,

Livie

nouvelle phase II

#10 Posté le par DCF__0892


Chère Livie,

Voici quelques commentaires complémentaires comme j’ai un peu de temps. Note que ces prochains jours je ne pourrai probablement pas venir sur les forums!

Tu dis te sentir hors norme et peut-être est-ce aussi cette impression qui te déstabilise un peu. Je crois que ce genre de situation n’est pas tellement hors norme, à vrai dire. Les gens qui ont trop de peine à quitter quelqu’un font parfois tout pour que les “circonstantes” décident pour eux. Il s’arrangent par exmple pour pousser leur partenaire à les quitter.

Tu écris “J’ai eu peur de perdre tout intérêt pour nous deux si le temps continuait à s’étirer ; comme un genre de ras-le-bol, de dégoût. Or nous partageons trop pour que je veuille prendre le risque de gâcher cet amour”. C’est très important. Il me semble qu’à ce moment de ton message, tu as effectivement peur de ce qui pourrait arriver. C’est aussi nécessaire de se confronter à ses peurs et d’envisager aussi ce qui déplait. Quoi qu’il en soit, tu as DEJA pris ce risque, non ?
Plus loin dans ton message, ta détermination revient, comme tu le dis!

A moins que tu aies tout dans ta tête, tu pourrais mettre par écrit, avec les dates, ce qu’il a osé dire à sa compagne. Dans mon souvenir, il n’a pas souvent parlé au présent, en disant que MAINTENANT il lui reprochais ceci ou cela. Bien sûr qu’il n’a pas dit ce que tu espérais, mais c’est tout de même la première fois qu’il lui annonce (il me semble) qu’il risque de la quitter. De plus, dire à quelqu’un “pour l’instant je reste avec toi à cause des enfants” est pire que de dire “je te quitte”. Je ne sais pas s’il s’en rend bien compte lui-même, d’ailleurs!
A sa place, je serais fier également d’avoir franchi cette étape.
Je crois que ce n’est pas que tu en demandes trop, mais seulement trop vite! Comme tu l’as dit toi-même, vous avez chacun vos qualités et compétences et pour cette démarche il lui faut plus de temps qu’à toi.

Il a trouvé affreux de voir la déception en elle. Est-ce que cela t’étonne vraiment ? Il est en train d’expérimenter le processus de la séparation, pas à pas, en voyant les effets sur sa compagne. Il avance!
Je ne vous vois donc pas du tout continuer longtemps ainsi!

C’est vrai que tu attends depuis plus de deux ans, mais rappelle-toi qu’au début c’est bien toi qui relevé le “défi” de le conquérir. Maintenant qu’il faut “finir le travail”, garde courage et détermination!

Tu sembles te poser la question “est-ce grave si c’est moi qui l’annonce à sa compagne ?” Je ne le crois pas. Est-ce que cela changerait fondamentalement votre future relation ? Pas nécessairement. Comme déjà dit, ce qui me semble important c’est que ce ne soit pas toi qui décide pour lui. Comme aujourd’hui il a décidé, alors cela relève davantage de la stratégie!

Comme j’écrivais dans mon message précédent, il me semblerait opportun de réfléchir à un scénario: Imaginons que tu fait l’annonce à sa compagne. Que se passe-t-il ? Elle le jette dehors ? Elle l’assomme ? Elle lui dit “OK, je renonce” ? Elle s’en va ? Encore une fois, si vous pouvez en discuter les deux et trouver ensemble une manière acceptable d’annoncer la chose, il trouvera peut-être meilleur de parler lui-même.

N’oublie pas de te préserver et de garder un peu de sérénité. Médite un peu et n’oublie pas de prévoir des projets pour toi aussi!

Amitiés

Domino