Domino : encore quelques rebondissements

Bonsoir Livie,

Déconcertée, probablement, mais pas trop!

Ton message m’inspire plusieurs commentaires mais il faut que j’y réfléchisse et j’ai très peu de temps ce soir. J’y répondrai donc mieux un prochain jour.

En attendant, juste les points qui me viennent en premier:

Etre déconcertée et avoir l’impression de plonger dans l’inconnu me semble tout à fait normal. Ce qui est nouveau selon moi, c’est que le fait que ce soit toi qui annonce la nouvelle à sa compagne n’est plus une “menace”, mais devient un acte que tu vas peut être effectivement faire. Cette option devient donc de plus en plus concrète et c’est bien légitime que ça fasse un peu peur. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’il préfère que tu t’en charges, non ?

Pour le coup du canapé, je ne suis pas étonné. Comme il n’ose pas lui dire qu’il veut la quitter, je ne vois pas comment il pourrait justifier de ne pas changer le canapé. Ce n’est pas lui qui construit pour deux; c’est elle qui essaye d’y croire encore. Ce genre de projet n’engage pas à grand-chose. Ce n’est pas aussi important que de se marier...ce qu’il lui a d’ailleurs refusé, n’est-ce pas ?

Tu as raison, c’est toi qui est capable de réagir, et surtout d’agir. Aie confiance en toi. Si tu sens ta détermination fragilisée, relis les anciens messages, calmement. Rappelle-toi: c’est TA vie que tu vis.

Continuez à parler de stratégie ensemble. Vous devez de toute manière prévoir la suite des événements. En prévoyant ce qui va se passer et en en discutant ensemble, il aura peut-être de moins en moins peur. Il verra peut-être aussi que, finalement, ça ne sera pas forcément plus facile si c’est toi qui l’annonce!

Tu n’es pas seule. Je note la date et penserai à toi ce jour-là.

Amitiés

Domino

Cher Domino,

C’est une Livie très déconcertée qui t’écrit

Il me semble que je doive m’en tenir à mes mots, à ma décision. Mais je plane sur un nuage de brouillard, j’ai l’impression d’avoir plongé dans l’inconnu.

J’ai osé dire à l’homme que j’aime qu’il fallait maintenant qu’il parle à sa compagne ou que c’est moi qui le ferais. Je craignais d’abord qu’il n’accepte pas cet ultimatum (au fond c’en est un) et ne préfère s’éloigner. J’ai été soulagée qu’il réagisse si bien. Ensuite j’ai craint qu’il ne réalise et ne revienne en arrière… Mais non !

Voilà, aujourd’hui je suis plus déconcertée que jamais parce qu’il s’avère que non seulement il ne cherche pas à me faire rétrograder, mais qu’en plus il envisage très sérieusement de me laisser tout simplement faire l’annonce à sa place.

Je n’ai parlé à personne, dans mon entourage, de ce nouvel épisode de notre histoire. Je me sens trop hors normes pour espérer être comprise.

Mais j’ai des inquiétudes; qui me viennent surtout de l’impression de mettre les pieds sur une terre inconnue.

Je pressentais qu’il ne fallait pas que je laisse s’éterniser plus longtemps notre relation telle qu’elle était. Il y avait plus que de l’impatience, de la peur (au fond je n’ai qu’échangé l’une pour l’autre). J’ai eu peur de perdre tout intérêt pour nous deux si le temps continuait à s’étirer ; comme un genre de ras-le-bol, de dégoût. Or nous partageons trop pour que je veuille prendre le risque de gâcher cet amour. Et j’entrevois tant à construire, artistiquement et humainement !

Tu m’écris, Domino, que plein de choses se sont passées. Mais à vrai dire plein de choses se sont passées depuis plus de deux ans. Je me souviens des tout premiers temps où je me disais naïvement qu’il était impossible que la situation s’éternise telle quelle, qu’il prenait trop de risques pour nous… Sa conjointe ne veut tellement pas faire face à la vérité ! À laisser le temps se charger de nous je pense très plausible qu’il faille encore deux autres années au bout desquelles je serai écœurée.

Il faut que je te raconte : Il m’a confié hier qu’il avait eu la veille une longue conversation avec elle, qui les avait menés à 3 ½ h du matin. C’était encore très naïf de ma part d’imaginer qu’il ait pu enfin lui dire la vérité – ou même qu’elle ait pu la deviner… Il était très fier de m’annoncer qu’il lui avait dit ne pas être heureux dans leur relation, qu’elle n’était pas le grand amour pour lui et que tout cela pourrait les mener à la séparation mais que les enfants le retenaient

Bon ! Est-ce moi qui en demande trop ?

Il paraissait décontenancé en me disant que j’avais l’air déçue, je lui ai répondu dans un premier temps que je nous croyais plus loin que ça puis j’ai pris sur moi et lui ai confirmé que c’était formidable.

Elle… C’est à peine croyable ! Malgré sa récente lettre parlant de moi et de sa peur par rapport à moi du début à la fin, elle n’y a cette fois pas du tout fait allusion. Ils en sont restés au niveau d’une incompatibilité entre eux, elle a beaucoup pleuré, lui a dit qu’elle ne se croyait pas capable d’aimer plus qu’elle l’aimait.

Il m’a dit qu’il avait trouvé affreux de la voir tomber ainsi, de voir cette déception en elle.

Alors tu vois ? J’ai l’impression très nette qu’il pourrait continuer à tâcher de lui expliquer et qu’elle pourrait continuer à tâcher de passer à travers les gouttes… ad vitam aeternam… Je nous projette très bien en amoureux cachés à long terme, tout le monde s’arrangeant finalement d’une situation équivoque pour ne pas trop modifier le paysage. Et ça, JE LE REFUSE.

Par contre je me demande s’il ne serait pas important qu’il ait fait le nécessaire pour assumer cette relation lui-même.

Je suis perdue. Et j’avoue que l’approche de fêtes de fin d’année me met une pression supplémentaire. La seule idée qu’il puisse les passer avec elle me rend malade.

Tiens, autre chose qui peut te donner une bonne idée de leur fonctionnement : elle a décidé que leur canapé était trop abîmé et qu’il leur en fallait un nouveau, l’a entraîné faire les magasins. Il a tâché de la détourner de son projet mais l’a suivie tout de même. On nage en pleine fiction non ? Il sait qu’il l’aura très bientôt quittée mais ne l’empêche pas de construire pour eux deux ; elle pressent qu’elle est en train de le perdre et tâche de le rattraper de toutes les façons possibles !

Oui, tu vois, juste en l’écrivant je reprends confiance. Des trois je suis au fond la seule à être capable de réagir. Et tu as raison en mentionnant qu’il s’agit d’un coup de pouce à lui donner et pas d’une décision prise à sa place. Mais quel coup de pouce ! Il m’a dit qu’il l’envisageait très bien parce qu’il lui paraissait moins terrible de devoir faire face à un orage existant que de le faire naître.

Oui on a commencé à en parler.

Au fait la fameuse date limite est le 3 décembre. À partir de cette date-là je fonce.

Je te la donne pour me sentir… moins seule peut-être

Amicalement,

Livie

Bonsoir Livie,

Je ne suis pas étonné par ton message. J’écrivais que c’était moi qui allait prendre les baffes...et j’ai l’impression que c’est un peu le cas! Disons que je préfère prendre des baffes parce que je dis ce que je pense (ce n’est pas LA VERITE, je le rappelle) plutot que de t’encourager sans réserves et sans discernement et avoir l’impression de te tromper. Ne partages-tu pas mon avis ?

Mon enthousiasme ne baisse pas. Je te soutiens et approuve entièrement ta démarche. Je trouve que tu es une femme épatante et intelligente. Il suffit de lire tes messages (et aussi sur d’autres forums) pour s’en rendre compte. J’émets juste une réserve concernant une (éventuelle) envie de précipiter les choses.

C’est vrai que ça dure depuis deux ans et demi. Par contre, ta décision de le forcer à choisir ne date “que” de 50 jours environs. Ce n’est pas si long que ça. Profite de relire quelques message (octobre, september et même mai!) tu verras que plein de choses se sont passées.

Pour éviter de me répéter complètement, je te suggère de relire mon message précédent en essayant d’y trouver les points positifs. Tu verras, il y en a!

Je comprends que son choix est fait. Toi en premier, sa fille ensuite, chacune le soutient dans sa décision et le pousse à agir et “en finir”. C’est très bien d’avoir une date limite.

Je suis content de voir que tu es au clair sur les effets qui pourraient résulter de l’option où c’est toi qui parle à sa compagne. Il faut juste y réfléchir et ensuite tu peux agir en toute connaissance de cause. As-tu imaginé plus en détail ce qui pourrait se passer si c’est toi qui lui annonce ? Est-ce elle qui va le quitter ? Est-ce lui qui va partir ?

Dans mes précédents messages, j’ai toujours crains l’hypothèse ou c’est toi qui décide à sa place. Maintenant, si il est décidé et que c’est seulement un “coup de pouce” qu’il lui faut, alors il s’agit davantage de stratégie que de décision. S’il a besoin d’aide pour lui annoncer cette séparation, autant l’aider. En tout cas, avant de faire quoi que ce soit, il me semblerait judicieux que vous en parliez toi et lui.

Concernant le fait qu’il vive seul un moment, c’était juste histoire qu’il “termine” bien avec elle et puisse “commencer” avec toi dans la sérénité. Une si longue attente engendre bien des espoirs et mais aussi quelques illusions. Autant être préparés à ce qu’il n’y ait pas 100% de bonheur total et permanent et se contenter de, disons... 98%

J’ai l’impression que tu as été un peu blessée par la lettre de sa compagne. Quelqu’en soit le contenu, il fallait bien s’attendre qu’il ne soit pas en ta faveur, non ? Et forcément cela ne fait pas plaisir! En y regardant de plus près, je ne vois pas d’arguments très percutants. Elle se trompe si elle crois que tu représente seulement la nouveauté...vous avez eu bien le temps de dépasser ce stade. D’autre part, si elle est si intéressante, alors elle n’aura aucune difficulté à trouver quelqu’un d’autre!
Juste une chose: attends-toi à pire encore. Elle ne va certainement pas dire “OK mon chéri, je comprends que tu seras mieux avec elle, je te donne ma bénédiction pour me quitter”.

Comme dis plus haut, mon enthousiasme est intact! Je ne souhaite pas te faire douter de quoi que ce soit. Je suis confiant. Je remarque juste qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs.

Trop impatiente ?
-déjà disserté sur ce point plus haut
Te retirer et laisser les choses se détériorer encore ?
-t’es dingue ? Bien sûr que non! Tu ne te rappelles pas l’exemple du satellite ?

Ton intervention semble en effet le soulager. J’ai déja épilogué sur les possibilités expliquant ce soulagement. Si effectivement il te “demande de l’aide” pour la quitter et qu’il a bien compris que’une relation avec toi ne peut qu’être une relation sans elle, alors c’est positif. Cette aide peut aussi être simplement d’imaginer comment il va lui annoncer la nouvelle. Si c’est plus que ça, alors autant prévoir ensemble aussi la stratégie, comme mentionné plus haut.

“Des contestations ?” écris-tu. J’imagine le ton que tu as en écrivant ça...du genre “tu veux encore des baffes ?”. Allez, je rigole!
Je ne vois rien à “contester”, en fait je trouve que tu gères très bien tout ça. Je crois que tu es impatiente et ne vois plus tous les progrès effectués ces dernières semaines.

Aie confiance!

Amitiés

Domino