Bien sûr,quand on souffre, on devient dénuée d'empathie et de compréhension envers autrui et on a en effet tendance à se replier. Mais peux-tu vraiment affirmer que tu ne possèdes pas ces qualités? Ce n'est pas parce qu'il pleut trois jours de suite que le soleil n'existe pas!
Ce qui importe, c'est d'abord de soigner ses blessures avant de vouloir soigner celle des autres. Tu es encore dans ce processus, et c'est parfois très long. Chacun doit parcourir la longue route, parfois semée de désespoir, qui le conduira vers l'unité de son être. C'est le but qu'il faut garder en tête tant et aussi longtemps qu'on y est pas arrivé. Et une fois qu'on y arrive, ce qui ne veut pas dire que la souffrance ait entièrement disparue mais plutôt qu'on a appris à conjuguer sa vie avec elle, pas question de s'asseoir sur ses lauriers, on doit se tourner vers l'autre, les autres, tous le monde, les monseigneurs autant que les clochards.
Mais le plus difficile, c'est de continuer de s'ouvrir, même quand on est en souffrance. C'est là qu'est le véritable test, le courage : ne pas se refermer. Une fleur privée de soleil finit par mourir.
Dans ton message intitulé «le deuil», tu m'as rappelé, à juste titre, qu'une bonne partie de ma démarche avait consisté à restaurer le sentiment bafoué de ma valeur intrinsèque. Se peut-il que ce soit aussi la démarche que tu poursuis? Tu parles de colère, d'où vient-elle? Est-elle lié au deuil de ta mère, est-ce des conflits non résolus que tu as vécus avec elle? Naturellement, toutes ces questions sont davantages des pistes de réflexion...
Je formule une hypothèse : plus la relation avec la personne disparue était chargée d'attentes et de conflits non résolus et plus le deuil sera difficile à traverser. Qu'en penses-tu?
Toujours sur le deuil, j'ai lu aussi dans Monbourquette que l'attachement qu'on éprouve pour une personne réside souvent dans les qualités et les idéaux qu'on projette sur cette personne. Le deuil, c'est en quelques sortes la rupture de la projection du désir et des idéaux sur l'autre personne. Il paraît qu'une des étapes du deuil consiste à prendre conscience de ces qualités, désirs et idéaux projetés sur l'être aimé et de les réintégrer au sein de sa propre psyché...prendre conscience, en somme, que tous les attribus projetés sur l'autre nous appartiennent, sont une partie de nous qu'il faut récupérer après le départ de l'autre. Monbourquette propose même des rituels pour accomplir cette étape. As-tu vécu un cheminement semblable dans la poursuite de la résolution de ton deuil?
En tous les cas, quoi qu'il en soit, je reste persuader qu'avec le jugement, la sensibilité et l'expérience de vie que tu possèdes, une mission t'attend...et je ne serais pas surpris que ce soit en relation d'aide. Un feeling! En définitive, ton reflet me prouve hors de tout doute que tu en as le don et les capacités.
Mais avant, tu dois te reconstruire. Et comprendre davantage le mécanisme de ta propre souffrance. Continue à chercher. Ne ménage aucun effort! La vie est devant toi, non derrière.