Bonjour Marvin,
Bonjour Isabelle,
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos échanges, sans intervenir jusqu'à présent.
Tes réponses Marvin me soulagent, bien qu'elles me rendent triste aussi, je ne saurais dire pourquoi.
Je suis dans une situation similaire à celle d'Isabelle, et je me trouve aujourd'hui dans une impasse, car l'homme que j'aime n'a malheureusement pas accompli tout ce travail sur lui que tu as su faire (y arrivera-t-il un jour ?), ou bien peut-être que sa situation n'a finalement absolument rien à voir avec cela.
Je l'ai connu il y a 8 ans, nous étions étudiants. Il m'a séduite, très discrètement d'abord, puis de plus en plus assidûment... Cela a duré 6 mois et nous sommes sortis ensemble. Je l'ai aimé, tout de suite (sinon, pourquoi serais-je sortie avec lui au bout de 6 mois ?). Lui aussi. Puis il m'a quittée, au bout d'un an, parce qu'il "ne savait plus où il en était, ce qu'il voulait" (c'était juste en rentrant d'un stage en Russie, où il m'avait trompée avec une Russe, ce que j'appris plus tard... je pense qu'il n'a pas supporté d'avoir "faibli", et s'est dit que s'il m'avait trompée, c'était forcément qu'il ne pouvait pas m'aimer...). Au bout de deux mois, il est revenu, il m'a cherchée partout dans la ville où nous vivions pour me retrouver, m'a dit qu'il m'aimait, qu'il avait fait une énorme connerie en me quittant, il pleurait. Nous étions ivres de bonheur de nous retrouver, c'était magnifique. Nous sommes restés ensemble 3 ans. Trois ans qui se sont terminés catastrophiquement, il fuyait sans s'en rendre compte, a tenu absolument à faire un grand voyage (il souhaitait que je l'accompagne, ce que je ne pouvais faire à ce moment-là, j'avais proposé de reporter ce voyage à plus tard, mais il avait peur de ne jamais le faire, qu'on ne prenne jamais quelques mois sabbatiques une fois qu'on aurait commencé à travailler...), et il m'a appelée un matin, d'un pays lointain, pour me dire qu'il me quittait "parce qu'il ne le sentait pas"... A-t-il fait une rencontre de passage, de la même façon qu'en Russie, qui a encore semé le doute dans son esprit ? Je n'en sais rien, je pense...
J'ai tout fait pour qu'il revienne mais il restait fermement sur ses positions, bien qu'il pensait à moi souvent, qu'il avait encore des sentiments (selon ses amis). Un jour, j'ai dû me faire à l'idée qu'il ne reviendrait pas, qu'il fallait que je me le sorte de la tête...
Un an et demi après cette rupture, il est revenu, m'a invité dans un restaurant somptueux, fait une déclaration d'une beauté indescriptible (deuxième fois que je l'ai vu pleurer...) et m'a demandée en mariage... Lui, l'homme de ma vie... C'était inespéré, c'était fort... Mais très vite il a recommencé à flippé, accentué encore par cette proposition si engageante qu'il m'avait faite... j'ai paniqué, tellement peur d'avoir mal à nouveau... c'est moi qui suis partie, qui ait quité cet homme qui reculait sans complexe, me répétait à longueur de journée, sans empathie, "que pour le mariage, attention, ce n'était pas gagné, aujourd'hui, c'est 6/10, mais hier c'était 2/10...", qui a oublié mon anniversaire alors qu'il m'avait lui-même dit qu'il ne fallait surtout pas qu'il l'oublie, qui m'a offert le lendemain une carte téléphone en cadeau... j'étais désemparée, j'avais mal, j'avais peur... il ne m'a pas retenue, il était tellement stressé que ça l'a plutôt soulagé...
Deux mois plus tard, je me suis dit que ce n'était pas possible, je l'aimais, il fallait qu'on y arrive, il m'aimait aussi, me disait quand on se voyait que j'étais et serais toujours le grand amour de sa vie, que maintenant non mais dans 5 ans qui sait ?... Alors je l'ai invité au restau à mon tour, je l'ai demandé en mariage, je lui ai demandé de choisir, soit oui, soit non, mais pas peut-être... Il m'a répondu "C'est non, clairement non, et ça sera toujours non..."... L'enfer...
Je pensais que ça réglerait la question définitivement. Ca l'a réglée pendant un temps (1 an...), où j'ai évité de trop le voir. A chaque fois qu'on se voyait, je ressentais une énorme attirance réciproque, pas une attirance physique, quelque chose de très fort. Qui n'a cessé de croitre malgré moi (malgré nous ? Je ne sais pas, je ne suis pas dans sa tête...), pour devenir une évidence. C'est lui que j'aime, c'est incoercible. J'ai beau tout faire pour l'oublier, impossible.
Il y a un mois, nous sommes ressortis ensemble. Nous étions fous de joie, c'était fabuleux. On faisait (presque) littéralement des bonds. Au second RV, il m'a refait part de ses flip, qu'il n'arrivait pas à dépasser, il n'arrive même pas à les analyser, ce qu'il sait simplement c'est qu'il tombe dans une angoisse folle, et dans ce cas-là, il n'a qu'une idée en tête, me fuir. Il m'aime, mais il se sent tellement angoissé que la seule issue est la fuite...
Il partait en vacances au brésil le lendemain. Pour y être allé deux fois précédemment, il savait qu'il n'y allait pas pour cueillir des paquerettes... il m'a dit "J'adorerais moi aussi dormir avec toi ce soir, te serrer dans mes bras, ne me tente pas... tu sais que je pars au Brésil... je ne veux pas te faire ça..".
J'ai trouvé ça horrible de me dire cela...
Certains amis me disent que sa phobie de l'engagement est plus forte que tout, qu'il m'aime probablement, mais qu'il a dû perdre complètement les pédales, qu'il est paumé. D'autres me disent que non, il sait parfaitement ce qu'il fait, il ne m'aime pas, ne m'a peut-être jamais aimée, il se fout de ma gueule depuis le début (se leurre peut-être aussi lui-même par moment) et est juste bien content de me garder sous la main (toujours rassurant)... que c'est un sale type, voilà tout.
C'est terrifiant.
Je n'arrive pas à me dire qu'on peut passer 4 ans avec quelqu'un si on ne l'aime pas. Qu'on peut demander quelqu'un en mariage si on ne l'aime pas... Qu'on peut encore plus d'un an et demi après se retomber dans les bras si on ne s'aime pas...
En même temps, j'ai du mal à me dire qu'on peut faire tout ça si on l'aime. Qu'on peut autant supporter de le malmener affectivement si on l'aime. Qu'on peut refuser cet amour avec tant de force. Qu'on peut tout gâcher sans s'en rendre compte...
Aujourd'hui, je me dis qu'il faut qe je tire un trait définitif. La question n'est plus de savoir s'il m'aime vraiment ou pas, si un jour il comprendra ou pas... J'ai beaucoup souffert dans cette histoire, je ne peux plus me permettre de souffrir davantage, ou même de prendre ce risque encore une fois.
Je l'aime, j'ai envie de croire que son comportement est régi par la panique et la phobie, mais tout cela n'a plus beaucoup d'importance maintenant. Il faut que je sauve ma peau, et ma vie... J'ai 28 ans, je ne peux pas rester attachée à quelqu'un qui fuit sans cesse, quand bien même il m'aimerait...
C'est un déchirement énorme de devoir l'oublier. Je n'ai pas envie, mais je crois bien que je n'ai pas le choix. Pour cela, je sais qu'il ne faut plus jamais que je le vois, never ; que si par hasard il revenait, il ne faut pas que je lui ouvre ma porte. Ca me peine de tout murer définitivement, de ne plus jamais lui permettre d'entrer dans ma vie, à tel point que même s'il a quelque chose à me dire, je ne peux plus me permettre de l'écouter. Mais c'est la seule issue. Je sais qu'avec beaucoup d'efforts, de travail, et de temps, j'arriverai à l'oublier, et c'est bien ça qui me fout les boules. Devoir oublier l'homme que j'aime.
Merci en tout cas pour ton témoignage, j'ai compris que par moment, notre vision de la vie est telle que rien sur terre ne pourra nous satisfaire, car on cherche un rêve, un phantasme... quelque chose qui n'existe pas... Je ne suis pas un rêve, et je ne regrette pas de ne pas en être un. Je regrette jute que, si un jour cet homme comprend, je ne sois pas cette femme qui aura la chance de partager sa vie...
Amicalement
Coquelicot