Une ennemie romantique!

Salut Coquelicot

Certainement qu'il y a une solution à tout ça, pour lui d'abord, pour vous deux aussi si vous le désirez toujours. Mais il n'y a pas de solution magique, ça c'est certain.

Quand tu dis qu'il désire faire un choix conscient pour sa vie, ne pas s'embarquer dans le mariage ou dans une relation "parce que c'est une autre étape et que tout le monde le fait", tu as le doigt sur une grosse partie du problème. C'est que cette façon d'être cause de constantes remises en question qui sabotent toute tentative pour faire suite à une décision prise dans le passé et qui faisait pourtant beaucoup de sens à ce moment. Le questionnement amène le doute, donc l'anxiété et l'angoisse, la panique et la fuite. Il est facile de douter, le "est-ce possible que" a souvent(toujours?) "oui" comme réponse... En effet, il est toujours possible que... Et si on se pose les mauvaise questions, ça peut faire chavirer toutes les convictions. Il faut accepter qu'il n'y a rien d'absolu, qu'il subsiste un doute en toute chose, et qu'il n'y a rien de parfait... Et surtout, moins se prendre au sérieux!!

Alors, c'est un problème d'attitude, de façons de voir les choses, etc. Et pour surmonter ce genre de chose, ça prend une thérapie et un psychologue, un l'équivalent. Et des gens compréhensifs et patients. Mais la chose la plus importante, c'est qu'il réalise son problème, qu'il en prenne conscience, qu'il accepte lui-même de faire ce cheminement, pour lui, et non pas pour toi!

Pour ce qui est d'être sois-même dans une relation, on a pas tellement le choix. Oui, au début on peut se permettre de jouer un rôle, c'est normal, mais un jour le masque tombe, c'est une étape qu'on ne peut éviter. C'est normal d'avoir un peu peur de ce qui va se passer. Mais si on continue à jouer un rôle, ça ne marche pas, je le sais pour le vivre tous les jours. On fini par se sentir déprimé, et ça empoisonne la relation aussi.

Moi je joue ce rôle depuis si longtemps que j'ai de la difficulté à ne plus le jouer, je ne sais plus comment je dois être pour être moi-même, ni quels sont mes besoins et mes goûts. Le seul endroit où je suis moi-même, c'est au travail, et c'est comme ça que je me suis rendu compte du problème, à quel point je me sentais bien au boulot, mais pas à la maison! J'ai évidemment paniqué, pensé que c'est parce que je n'aimais pas ma copine, etc. Le vrai problème, c'était plutôt moi, et quand j'en ai parlé avec elle, elle m'a avoué qu'elle avait toujours trouvé que c'était un problème, qu'elle avait essayé de me le dire, mais que je n'avais pas compris. Je devais comprendre moi-même...

Tout ça pour dire qu'un moment donné il faut laisser tomber le masque, passer à une autre étape. La relation devient beaucoup plus réelle par la suite. Surtout quand on cesse de s'accrocher au rêve et qu'on accepte de voir l'autre comme il est, et de se laisser voir pour ce que nous sommes. À ce moment, on cesse d'avoir peur, on cesse d'avoir l'impression de se perdre et de perdre son autonomie, l'angoisse s'en va tranquillement. Moi ça va beaucoup mieux, mais c'est long, et il faut s'accrocher parce que c'est un bien drôle de voyage!

Voilà, si tu t'en sens la force, tente de lui faire réaliser son problème et de l'amener à chercher de l'aide. Il ne le fera que si lui il se sent mal dans sa peau et veut changer. S'il s'aime comme il est, il sera certainement difficile, voir impossible, de le convaincre de faire ce cheminement, puisque lui ne considère pas que c'est un problème. Mais s'il accepte de le faire, vous y gagnerez tous les deux, surtout lui!

Amicalement
M.

Bonjour Marvin,

Merci de m'avoir lue, merci de m'avoir répondu. Cette période n'est pas facile, mais ça m'a fait plaisir de te lire, de voir que tu as su réfléchir sur toi, sortir de cette spirale "infernale", qui ne mène finalement à rien, si ce n'est au malheur (disons, pas au bonheur, en tout cas…)

Je ne crois en effet pas que tout ce qu'il fait ou a fait est intentionnel. Je pense que c'est instinctif. Je le connais trop bien pour ça, je pense sincèrement que cet homme est bon mais sensible. C'est une force incroyable, ça s'avère aussi être une destructive faiblesse. Mes proches restent froids, constatent objectivement ce qu'il fait et concluent que c'est "un sale type, voilà tout". Mais non, je ne peux pas croire cela, ce serait trop facile. Je crois qu'il est bon justement, bien plus que quiconque s'engagerait par "convention" dans le mariage, parce que c'est une étape comme une autre… Pour lui, le mariage, le couple, l'engagement, sont tellement forts, tellement symboliques, qu'ils ne peuvent être pris à la légère… et il les prend avec bien trop de gravité… La vie n'est que la vie… ce n'est pas autre chose… la vie est choix, et dans tout choix il y a renonciation, tant tout choix il y a risque, il y a certitude aussi… et ça, il ne l'accepte pas… Et c'est pourtant pour ça que je l'aime, pour cette distance qu'il prend avec "le-tout-tracé-pour-être-normal-et-comme-tout-le-monde", pour ce désir de faire de sa vie quelque chose de beau et voulu

Il y a une chose particulièrement qui m'a interpellée dans ce que tu as écrit :
"Et donc je ne me sens pas moi-même avec elle, et je n'aime pas ça, ça me rend anxieux et angoissé, et si je pense à passer ma vie comme ça, il n'en est absolument pas question! ".
Un jour, il m'a dit cela. C'était après sa demande en mariage. Avant la mienne. Il m'a dit que le problème, c'est qu'avec moi, il n'arrivait pas à être naturel. Et que ça l'emmerdait. Etrange. Moi non plus je n'arrivais pas à être naturelle. Parce qu'il m'impressionnait énormément. Il me faisait peur, j'avais peur de ne pas être à la hauteur, alors je jouais un rôle, je ne me dévoilais pas. Mais je l'aimais. Et je le savais. Bien sûr, j'espérais qu'un jour, j'arriverais à être moi, à être confiante et "libérée" avec lui, mais là, j'avais peur de tout perdre en me dévoilant sous mon vrai jour. J'ai découvert que lui aussi. Lors de notre dernière discussion, on en a reparlé. Il m'a dit :"J'aimerais qu'un jour on arrive à briser la glace". On a reconnu qu'on se faisait peur l'un l'autre, qu'on s'impressionnait… c'est horrible… J'ai découvert que moi aussi je l'impressionnais… j'étais à 1 000 lieues d'imaginer cela… Je pensais que lui seul était impressionnant, et que moi, je ne lui faisais pas peur du tout

Mais so what ? J'ai du mal à croire cela, j'ai du mal à savoir ce qu'il faut que j'en fasse, comment je dois réagir

Tu as raison d'écrire pour toi comme tu dis… C'est aussi le but de ce forum…
Tu sais, l'autre est toujours un étranger pour nous. Ne crois pas qu'en "t'engageant" avec quelqu'un, tu te perds, tu te donnes (sous-entendu, tu ne t'appartiens plus). Quoique tu fasses, tu t'appartiens toujours. Même si tu donnes beaucoup, sans restriction, tu restes à toi, et l'autre ne te maîtrise pas. Si tu as l'impression que l'autre te maîtrise, c'est que tu ne sais pas qui tu es en tant qu'individu, tu ne sais pas qui te définit (toi ou l'autre) mais ça n'a rien à voir avec ce que tu as ou n'as pas donné.
L'homme que j'aime a probablement peur de la routine, il a aussi sûrement peur de ne pas récupérer ce qu'il a donné… J'aimerais tant qu'il comprenne que je ne suis pas une mante religieuse… J'aimerais tant qu'il comprenne que l'amour que je lui donnerai sera gratuit, juste parce que je l'aime. Que celui qu'il me donnera aussi, sera juste parce qu'il m'aime à ce moment-là, mais que ça ne l'emprisonnera pas sur des promesses et des engagements… J'aspire juste à passer des moments formidables avec l'homme que j'aime. Je n'aspire pas à planifier notre vie sur les 30 prochaines années là tout de suite…
Tu sais, les femmes paraissent peut-être trop entreprennantes par moments, trop brusques, sures d'elles, comme si elles voulaient tout border... mais ça doit être génétique...en tout cas, on comprend ces doutes, pour les vivre nous aussi (mais en silence) ou au moins pour y assister...

J'ai aimé ton message. Je constate qu'on peut être bien intentionné, honnête et perdu. Qu'on peut se perdre, ne pas savoir comment se comporter, fuir. Je le pensais, j'en ai aujourd'hui la confirmation. Je ne sais pas si c'est le cas de cet homme que j'aimais, mais au moins, je sais que ça peut l'être.

Maintenant, je ne sais du coup pas trop quoi faire vis-à-vis de lui…. L'oublier ? Ou bien existe-t-il une façon de pouvoir le rassurer, de pouvoir lui donner envie de voir au-delà de cette peur… Ou alors peut-être qu'il y arrivera, mais qu'avec moi c'est mort, ce sera avec une autre ? Qu'en penses-tu, pour être "passé" par là ?

Affectueusement
Coquelicot.

Bonjour Coquelicot,

Toute une histoire que la tienne! Je comprends que tu sois blessée, qui ne le serait pas. Je pense que ces peurs et phobies de l'engagement et de la routine sont plus fréquents qu'on ne le pense...

Sincèrement, je ne crois pas que ce soit fait intentionnellement. Ce que tu me décris ressemble pas mal trop à mon débat intérieur pour être faux. Sauf qu'il ne semble pas avoir compris, en effet!

Il y a toutes sortes d'explications à ce comportement. Moi, je remarque que lorsque je suis avec ma copine, j'agis en "dépendant". C'est à dire que je ne cherche pas à m'affirmer dans notre relation, c'est comme ça depuis le début, et ce qui contribuait au fait que nous étions si proches l'un de l'autre. Je suis pourtant quelqu'un qui a un bon caractère, et je m'exprime beaucoup plus en dehors de mon couple. Et donc je ne me sens pas moi-même avec elle, et je n'aime pas ça, ça me rend anxieux et angoissé, et si je pense à passer ma vie comme ça, il n'en est absolument pas question! Mais est-ce que ça veut dire que je ne l'aime pas? Certainement que non! Mais ça m'a pris quelques temps à le comprendre, et à essayer de corriger la situation, chose que j'ai commencé à faire tout dernièrement.

Il y a tellement de choses qui nuisent aux relations de couple, et malheureusement personne pour nous apprendre comment les éviter, on doit tout apprendre nous mêmes. Pour certains, c'est plus facile, pour d'autres, comme moi, c'est vraiment pas une mince affaire. Il faut apprendre à rester sois-même, mettre de côté les mythes du Grand Amour et de l'Amour Inconditionnel, entretenir l'intimité et la romance, conserver ses moments pour sois, apprendre à communiquer, à pardonner, etc. Tout ça dans un monde stressant et si rapide, laissant peu de place au temps libres... L'équilibre est très difficile à atteindre.

J'ai encore beaucoup à apprendre, et souvent j'ai très peur de ne pas y arriver et de décevoir ma copine.

Un psychologue est essentiel aussi dans ce genre de cheminement. N'ayant pas de points de repère, et ne pouvant pas vraiment discuter de tous ces points délicats avec sa conjointe ou son conjoint, c'est très important d'avoir un guide, sinon on se perd carrément et on ne sait plus du tout comment se comporter et quoi penser. En on a encore plus le goût de s'enfuir!

Je sais que tout ceci ne t'apporte pas un grand réconfort, des fois j'écris un peu pour moi-même, en essayant aussi de partager mon cheminement.

Je ne peux que te souhaiter bonne chance dans ton cheminement à toi!

M.