Bonjour Carcanne,
L'enfer sur terre, rien n'est beau sur terre, à commencer par notre regard, d'où tout découle. D'ici, je scrute l'agitation du monde, vanité
des vanités, tout est vanité et poursuite de vent. Se reconcentrer sur les choses importantes, essentielles, et laisser au reste le soin de
se rassasier de lui-même. Chère Carcanne, l'essence de toutes choses est amour, sans commencement, sans fin, il est, tout simplement. Il se
laisse trouver par le chercheur, il est la base sur lequel construire les années de ton existence. Voici une petite histoire.
"Pourquoi le mal dans le monde ?", demandait un jour un visiteur au Padre Pio. Le Padre répondit : "Ecoutez-moi bien : imaginons une mère en
train de broder. Son petit enfant, assis sur un tabouret bas, la regarde travailler; mais par-dessous, à l'envers. Il voit les noeuds de la
broderie, l'enchevêtrement des fils... Et il dit : "Maman, qu'est-ce que tu fais ? Ton travail est tout embrouillé !" Alors sa mère abaisse le
tissu et lui montre le bon côté de la broderie. Chaque couleur est à sa place et la variété des fils se fond dans l'harmonie du dessin. Il en
est ainsi pour nous, qui voyons l'envers de la broderie. Nous sommes assis sur le petit tabouret..."
C'est ainsi que nous sommes généralement focalisés sur le malheur, à la une des journaux, télévisés ou non, nous lui donnons plus
d'importance qu'il ne le mérite. C'est s'acharner sur les symptômes en négligeant la cause. Je ne me rappelle plus qui disait que le mal
était dû à l'inaction des gens de bien, mais il avait raison. Le mal se fait naturellement, le bien est le produit d'un art répondait un autre
personnage célèbre. Bien évidemment, il est aisé de prêcher la bonne parole lorsque comme moi, on en arrive à se sentir ruisseau aspiré peu
à peu vers les profondeurs de la terre. Les choses défilent autour de moi, mais le temps ne défile plus, lui.
Je garde malgré tout mon regard sur l'essentiel, cela me permet de continuer à chercher, encore et encore. Non le but, mais la méthode
pour parvenir au but, selon la vision que je m'en suis faite, à travers mes difficultés personnelles. Je n'ai envie de rien aujourd'hui, mais
j'écris, même si je me sens fatigué, l'ennui fatigue, lui seul. Les anti-dépresseurs ne m'ont pas aidé non plus. Je ne sais que faire de ma
vie, aucun métier ne me fait envie, rien.
Il te faut et il me faut rompre cet isolement, à la recherche des autres, parce que les autres sont des miroirs de toi-même, et à travers
eux tu et je découvrirai ma propre nature. Je sais que ce n'est pas facile, bien des fois je m'exaspère des propos négatifs et de la
superficialité des propos tenus par certaines personnes, mais à chacun de trouver ce qu'il désire trouver, et viendra un jour où tu et je
pourrais supporter n'importe qui sans problème, n'importe quelle circonstance, parce que tout est une question de position sur l'échelle et
de paix intérieure. Je suis un chercheur, moi aussi je soupire, mais il est des chemins sur lesquels tu t'engages qui te maintiennent en vie
au-delà de tous tes échecs. Je suis phobique social, je ne m'aime pas, et la route hors de l'ombre est douloureuse. Je suis trop sensible,
je suis un garçon, et j'adore les peluches, eh oui :) J'ai des goûts de filles, et je m'entends mieux avec elles qu'avec les garçons. J'ai été
le bouc émissaire à l'école, pendant bien des années.
On ne se débarrasse pas facilement de ce que les autres, la vie, ont construit pour nous, malgré nous. C'est un apprentissage au quotidien,
il faut accepter les échecs, même si pour moi ils sont permanents (pas d'études, pas de dîplomes, pas de relation amoureuse, pas de job), ils
sont les seuls à t'amener à réfléchir sur toi-même, à te faire avancer, à te faire parvenir là où tu n'aurais pas posé le coeur et l'âme en
pleine possession de tes facultés. Carcanne, parle, continue de parler, tu auras toujours quelqu'un pour t'écouter, te répondre et bien sûr
t'apprécier, t'aimer. J'ai besoin de parler, beaucoup, pendant ce temps j'oublie mes malheurs, je les partage et mon fardeau est plus léger.
Ne reste pas seule, cette joie de vivre tu la découvriras dans un premier temps à travers le regard porté sur toi, dans l'autre.
Parle-moi, parle-nous de toi, de ce que tu aimes, il doit bien rester une toute petite chose que tu aimes sur cette terre, capable de
produire une étincelle, et de rallumer en toi le feu dans ton coeur, j'en suis sûr.
Chère Carcanne, je te fais de gros bisous, je t'aime beaucoup.
Transmission.