Bonjour à toi et à tous les gens qui sont atteint du TPL,
J'ai moi-même des comportements borderline. Note que je ne dis pas "je suis borderline", car ce trouble ne représente pas du tout qui je suis, ce n'est qu'une composante de ma vie sur laquelle je dois toujours travailler. Trop de gens qui souffrent de problèmes de santé mentale s'identifient sans s'en rendre compte, par leurs paroles, leurs comportements, leurs pensées, à leur maladie, comme s'ils n'étaient plus autre chose. Je crois que la première étape de toute guérison, c'est de cesser de se concentrer sur le diagnostic, la maladie, ses conséquences, et de prendre le problème autrement: Je suis, tu es une personne qui éprouvent plus de difficultés qu'une autre avec le rejet et l'abandon (entre autres). Ce problème a une source dans notre passé, bien sûr, et il peut être utile de la trouver pour comprendre. Mais, comme mon psychiatre me l'a fait comprendre après que j'ai passé beaucoup de temps en thérapie, une thérapie ne peut que nous aider à comprendre les SOURCES, les raisons du problème, mais pas directement à nous donner les solutions. Les solutions, elles sont en nous. Je te donne des exemples de mon propre vécu (en passant, je partage ma vie avec mon conjoint depuis 2 ans):
1- La première chose qui m'a grandement aidée, c'est de trouver en quoi je croyais profondément, spirituellement parlant. Que ce soit une religion établie (peu importe laquelle), un amalgame des religions existentes, une philosophie forte sur laquelle tu peux t'appuyer, même pour toi puisque tu es musicienne, sur ton art (moi c'est l'écriture)...Pour ma part, j'ai redécouvert le christianisme, enfin si l'on veut, j'ai pris dans cette religion ce en quoi je croyais et j'ai laissé de côté ce qui, selon moi, provenait davantage de la doctrine des hommes que de Dieu. J'ai découvert la puissance calmante, libératrice et créatrice de la prière. Mais pas de celle que l'on fait à genoux, non, parce que je ne crois pas que Dieu veuille qu'on le traite comme un être inatteignable devant lequel il faut s'incliner, mais plutôt comme un égal auxquels on peut livrer ses peines, ses joies, ses problèmes, ses désirs, ses peurs...Et étrangement, à partir du moment où l'on commence à demander à Dieu de nous donner des réponses à tout cela, on se rend vite compte que non effectivement, Dieu ne communique pas par la parole, mais par des signes, des événements qui surviennent en réponse, des émotions qui surgissent en nous pour nous guider, par ce que l'on appelle notre "intuition", mais qui n'est rien d'autre selon moi que son moyen direct de communiquer avec nous. Il en va de même pour l'inspiration, ce n'est pas pour rien que beaucoup d'artistes ont l'impression que leurs créations leur ont été donné par quelque chose de supérieure. Là-dessus, tu peux lire "Conversations with God" de Neale Donald Walsch (il y a une version française également), qui répond à pratiquement tous les questions que l'on aurait envie de poser à Dieu sur le monde, son fonctionnement, notre raison d'être, et une foule de sujet. Si tu n'aimes pas le terme "Dieu", comme beaucoup de monde de nos jours, donne-lui un nom qui t'inspire confiance, le nom d'un être que tu as aimé qui est disparu, le nom d'un grand artiste qui t'inspire et qui n'est plus, etc. L'important, c'est la relation que tu as avec lui, pas le nom qu'on lui donne.
2- La deuxième chose qui m'a vraiment aidé, et ça rejoint la prière, mais d'une autre façon, c'est la méditation. Je recommande fortement à tous ceux qui éprouve des problèmes psychologiques ou émotionnel de pratiquer la méditation. Il existe de nombreux centres qui enseignent la méditation, même si la technique de base est très simple. Il faut s'asseoir, les jambes croisées, si possible sur un coussin qui permet que les genoux soit plus bas que les hanches, les mains posées sur les cuisses et les bras, épaules détendus, le dos droit, et le regard fixe mais calme sur un point au sol devant nous. On garde les yeux ouverts, mais on n'essaie de ne pas faire de fixation sur rien, de garder le regard un peu flou. Et là, on concentre sur sa respiration. On sent l'air qui entre et qui sort. Si des pensées nous viennent (et il y en aura, croyez-moi), il faut juste reconnaître qu'elles sont là puis les laisser passer, en se disant chaque fois le mot "pensée" dans sa tête. Au début de la pratique, c'est certain que l'on va se dire des tonnes de fois le mot "pensée", puisque le propre des gens qui ont des troubles émotifs et psychologiques, c'est qu'ils ont la plupart du temps un flux de pensées incroyables qui traversent leur cerveau à une vitesse incroyable. Et la plupart du temps, on ne s'en rend même plus compte que l'on pense aussi intensément. C'est devenu mécanique. C'est ce qui cause la plupart des problèmes chez les personnes qui ont un trouble de personnalité limite: le fait qu'ils ne sont pas capables d'arrêter le flux de leurs pensées dès qu'il débute, avant qu'il n'y ait une escalade et finalement que la crise éclate. Mais la méditation, avec de la pratique (on commence par 10 min par jour), permet de reprendre contrôle de l'écoulement de ses pensées et ainsi de prévenir les crises. Dès que l'on sent que l'on commence à perdre les pédales, on s'isole dans un coin tranquille et on fait de la méditation, jusqu'à ce que le calme soit revenu en nous. Et étrangement, plus on la pratique, plus on est capable de calmer nos pensées dans la vie de tous les jours, parce que l'on devient plus conscient de leur présence. C'est d'ailleurs l'un des buts de la méditation, d'augmenter notre conscience de soi et du monde.
3- Je n'appuyerai jamais assez là-dessus: l'importance de l'activité physique. Je sais, on entend ça partout, mais c'est pas si simple, se dit-on. Il faut simplement trouver quelque chose que l'on aime, et en faire une priorité, une nouvelle passion de notre vie, peu importe ce que c'est: du yoga, du Budokon (art martial + yoga + méditation = disponible en DVD), de la natation, du tennis, des sports d'équipe, de l'aquaforme pour ceux qui ont subi des blessures ou qui n'ont pas de bonnes articulations, etc. Moi, je m'entraîne désormais intensément, beaucoup plus que la moyenne des gens, parce que la moyenne des gens n'ont pas autant de difficulté à conserver leur stress et leurs émotions sous contrôle. Je fais en moyenne 2h d'activité physique intense par jour. Souvent le matin au réveil et en soirée. quand j'ai terminé, je me sens mieux dans ma peau, plus calme, plus positive et de bonne humeur et beaucoup moins disposée à voir des problèmes là où il n'y en a pas. De toute façon, créer des problèmes demande beaucoup d'énergie, et lorsque l'on a terminé un entrainement intensif, on est tellement vidé de notre surplus d'énergie que tout ce que l'on a envie de faire, c'est de se détendre. L'autre point positif que j'ai remarqué, c'est que faire de l'exercice ainsi nous rend plus conscient de notre corps. En effet, trop de gens ne vivent plus que dans leur tête et sont pratiquement totalement coupés de leur vécu corporel. Or, cette coupure n'aide pas à gérer nos émotions, puisque une émotion à la base, comporte toujours des réactions physiologiques précurseures. Ex: quand on a peur de se faire rejeter, on a souvent un mouvement inconscient de recul face à l'autre, ou au contraire, on s'en rapproche instinctivement, comme pour s'imposer à l'autre. Aussi, notre coeur se met à battre plus vite, on peut trembler, sentir nos muscles se contracter, et plein d'autres réactions et malaises peuvent survenir qui diffèrent pour chaque personne. Bref, le fait d'être conscient des réactions physiologiques qui nous sont particulières au moment du début d'une crise, nous permet de pouvoir agir pour contrecarrer la crise plus rapidement.
4- Éliminer le plus de stresseurs possibles de nos vies réduit la fréquence des crises, parce que nous sommes déjà moins énervé à l'avance et que l'on a davantage d'énergie pour s'occuper de soi. Exemple: toutes les relations qui ne nous sont pas bénéfiques, quelles qu'elles soient, le travail qui nous rend malheureux, le fait de vivre au-dessus de nos moyens, de s'isoler, de ne pas avoir quelqu'un à qui se confier souvent et qui a une bonne écoute, l'endettement, etc.
5- Et selon moi, une façon de s'en sortir que l'on oublie trop souvent: aider les autres. C'est le personnage de Robin Williams qui disaient dans le film "Patch Adams" qu'il était suicidaire, a été admis dans un höpital pour se faire traiter, où ce ne sont pas les médecins qui l'ont aidé, mais les autres patients. Et que ça lui a ainsi donné le goût à lui aussi d'aider les autres, que ça lui a redonné un but dans la vie, que ça lui a permis de cesser de penser constamment à ses propres problèmes. Que ce soit par le site de psychomedia (sur les forums et en privé), ou en personne avec des membres de votre entourage, en faisant du bénévolat pour une cause quelconque qui vous tient à coeur, ou simplement en écoutant sincèrement les autres au lieu de passer votre temps à ressasser sans cesse vos problèmes (que l'on considère souvent plus graves, plus importants, plus stressants que ceux des autres lorsque l'on a ce trouble, puisqu'on a tendance à les vivre intensément).
Il n'y a pas de recette miracle, ni UNE solution unique qui convient à tout le monde. Il faut prendre ce qui nous convient, ce qui nous rend bien, et laisser le reste. L'important, c'est d'essayer toutes sortes de méthodes pour apprendre à gérer ses émotions et ses crises (des méthodes bénéfiques!) et de trouver celles qui nous permettent de s'en sortir.
Par ailleurs, pour ton cas particulier, rappelle-toi que tu dois apprendre à gérer tes crises pour l'ensemble de ta vie en général, et non pas seulement pour sauver ta relation amoureuse. Ce trouble qu'est le trouble borderline fait trop souvent en sorte que l'on met beaucoup trop l'accent sur notre vécu amoureux et émotif au dépend de notre bien-être général. Si tu n'es pas encore capable de gérer tes conflits internes, peut-être serait-il sage de demander à ton nouveau copain de te donner du temps, de continuer à vous fréquenter, mais moins intensément, peut-être sous le titre d'amis pour un temps, juste le temps que tu puisses développer des méthodes pour gérer tes crises. S'il tient vraiment à toi, il ne s'en ira pas parce que tu lui demandes du temps. Il comprendra. C'est d'ailleurs une chose que je recommande aux gens comme nous: de prendre davantage de temps de fréquentation amicale avec l'homme ou la femme qui nous intéresse, puisque ça crée ainsi une solide base de confiance entre les deux parties, diminuant ainsi beaucoup l'anxiété de la personne qui souffre de TPL lorsque finalement elle officialise sa relation. Car à la base, notre problème en est un de confiance que l'autre ne va pas nous rejeter, alors il faut prendre son temps pour développer cette confiance et développer un sentiment de sécurité dans la relation.
Porte-toi bien!
Marika