Perplexe et désemparée

Publié le

Anciens messages (page 3)

Message #6

#6 Posté le par Luanne

Salut Jardas,

Eh bien oui cette histoire est vraie à la virgule près. Mais cet amour-là, malgré un long purgatoire, n'a jamais cessé d'être déstabilisant d'intensité. On vibrait aux mêmes choses, on faisait l'amour magnifiquement, on composait des chansons ensemble.

Qu'est-ce qui t'a fait croire, dans mes mots, que j'avais cessé de l'aimer ? Mon dieu que ce serait simple ! J'ai peur, c'est vrai, de me faire mal à nouveau, d'où un peu de réserve. Ce n'est pas parce que nous avons refait l'amour qu'il va quitter la fille qui attend son enfant.

Par contre la tienne est une autre histoire. Je veux dire que la vie nous démontre toujours qu'il n'y a pas deux histoires semblables. Et s'il est vrai qu'on aimerait tellement, parfois, pouvoir juste exposer sa situation aux autres pour recevoir le conseil approprié, il faut se rendre à l'évidence et admettre qu'on est seul à pouvoir, éventuellement, savoir ce qu'il convient de faire.

L'homme dont je parle m'avait toujours considérée comme la chance de sa vie. Et puis sans que je comprenne pourquoi il s'est éloigné puis détourné. Ça a été ma "toute personnelle fin du monde" mais je me suis refusée à lui courir après, à l'appeler pour lui demander des explications et même à lui faire le moindre signe. Je me suis retirée dans mon terrier pour lécher mes blessures et attendre que le temps passe.

Quoi qu'il en soit... il est possible que ta copine se soit vraiment éloignée, possible aussi que quelque chose la perturbe. Mais dans un cas comme dans l'autre, ne lui cours pas après. Si elle était partie sur un coup de tête et en pleurant après une dispute ce serait différent. Mais dans la situation présente tu aurais tout à perdre en agissant ainsi.

Peut-être l'as-tu vraiment perdue. Ou peut-être pas. De toute façon tu as le droit d'être malheureux et de l'exprimer.

La seule chose que j'oserais tenter serait quelque chose de très gros; une preuve d'amour incontournable, un bel hommage, mais qui ne la coincerait pas, qui ne la ferait pas se sentir redevable. Un acte gratuit.

Autre chose : l'amour ne se base pas sur des montagnes de concessions et de compréhension. Quand on a en face de soi quelqu'un qui en fait trop, il perd tout intérêt. L'amour doit être également partagé.

Accroche toi. Il y a toujours un après.

Luanne

Message #5

#5 Posté le par Jardas

Bonsoir a tous, bonsoir Luanne!

Cette histoire est la tienne? La vraie? Je demande car elle m'a beaucoup, vraiment beaucoup touché dans le sens où ma copine m'a quitté il y a un peu + de 3 semaines car elle s'est rendue compte au bout de presque 5 mois qu'elle ne ressentait pas d'amour pour moi. D'autres problèmes lui sont revenus aussi (sur des abus sexuels dans son enfance) et je pense que ça lui a prêté confusion (d'ailleurs, je ne le savais meme pas, je ne l'ai su qu'apres), puisqu'a peu pres a la meme periode, je lui ai di que je l'aimais, alors que j'etais a 1500 kms de distance (et ce pensant 2 mois).

Pourtant, je l'aime et je sais au fond de moi qu'elle commençait a etre tres attachée a moi, et ne voulais pas me voir sacrifier certains de mes reves pour elle. Il y a beaucoup de raisons de son coté pour m'avoir quitté (principalement le fait qu'elle se dise mieux toute seule, sans copain, et qu'elle ne ressente pas d'amour en retour pour moi), mais de mon côté, je ne vois pas de raisons pour que cela soit arrivé...

En tous cas, je dis cela car j'espère trop qu'un jour plus tard, il se passe un déclic comme il s'est passé pour toi, Luanne (meme si, d'apres la toute fin de ton histoire, j'ai cru comprendre que, comme ma copine, tu n'es pas sûre si tu éprouve de l'amour pur et dur en ce moment pour cet homme): j'espère qu'elle se rendra compte que je l'aime a un point fou et qu'elle ne trouvera personne qui soit pret a faire autant de concessions et d'avoir autant de compréhesion pour beaucoup de ses problèmes. Et finalement, je souhaite que nous nous retrouvions, qu'on se prenne dans les bras, et que nous fassions l'amour toute la nuit avec passion.

La vie est si compliquée et moi, depuis 3 semaines, je ne vis plus: je survis seulement :(

Never ending story

#4 Posté le par Luanne

Il était 1 h 20 dans la nuit de vendredi à samedi. Ma fille était chez son père et je venais de balancer sur mon lit le roman de Paul Auster que je lis en ce moment; quand le téléphone a sonné.

Il a dit "C'est moi".

Il avait vu de la lumière à ma fenêtre en passant devant chez moi. Il appelait d'une cabine téléphonique.

Nous avons parlé de tout et de rien, un peu de moi, de lui, de sa situation au milieu du reste. Il a dit qu'il avait besoin de me parler, qu'il tournait ça dans sa tête depuis plusieurs jours et qu'il savait qu'il finirait par flancher. Il a dit que dans ces moments là il délaissait son psy, qu'il n'avait pas envie de se retrouver devant lui avec la certitude qu'il allait avoir une faiblesse et pas envie de la contrer, qu'il y retournait juste après.
J'ai évité soigneusement tout ce qui touchait à sa nouvelle conjointe. Pas envie de replonger dans cette comédie-là. Pourtant il m'a dit...

Qu'elle et lui se disputaient sans arrêt, qu'il regrettait son manque d'honnêteté envers elle parce qu'il aurait dû lui dire dès le départ qu'il n'était pas sûr de ses sentiments pour elle, que c'était tout de même une fille très bien...

Qu'il ne comprenait toujours pas pourquoi il s'était éloigné de moi, qu'il s'était demandé s'il était possible qu'inconsciemment il se soit servi de moi pour quitter sa précédente conjointe mais que cette possibilité ne répondait à rien au fond de lui.

Il a nié que sa séparation ait pu nous briser ou qu'il m'en ait voulu confusément de l'avoir provoquée.

En revanche il croit très plausible que son attitude soit explicable par la peur de quelque chose. Ma psy m'avait suggéré qu'il pouvait être effrayé par la dimension de notre amour. Il a évoqué plutôt la peur de se faire quitter à nouveau; comme l'avait fait la mère de ses enfants, avec laquelle il pensait finir sa vie, et qui l'a planté là au bout de 16 ans de vie commune.

Nous avons parlé longtemps. Et puis il a dit qu'il allait me laisser dormir. Et puis nous avons parlé encore. Ensuite c'est moi qui ai parlé de raccrocher. Mais il n'en a pas tenu compte. Nous avons finalement raccroché; vers 4 h du matin.

Je savais qu'il appelait d'une cabine pas trop loin. Je suis allée guetter à ma fenêtre, derrière les stores fermés, persuadée qu'il allait repasser.

Sa voiture est passée très doucement et il s'est arrêté. Longtemps nous nous sommes fixés, lui dans sa voiture, moi derrière mes stores. Et puis le temps s'étirant j'ai commencé à murmurer, à prier, "Va-t-en, s'il te plaît va-t-en".

Il a garé la voiture et en est sorti, s'est appuyé dessus. J'ai ouvert mes stores. Nous nous sommes regardés encore. L'émotion était intense. Pour la briser je lui ai crié, du haut de mon 3ème étage "On dirait Roméo !". Je n'ai pas compris ce qu'il me répondait.

Et puis après un nouveau silence il a demandé à monter. J'ai répondu qu'il valait mieux que je descende. Retiré ma nuisette, enfilé ma petite robe rose telle quelle et mes chaussures, suis descendue en courant.

Même pas d'hésitation. Nous nous sommes tombés dans les bras. Nous nous sommes serrés fort et longtemps. Mon chat qui était aussi en bas nous tournait autour et s'étalait de tout son long sur le trottoir.

J'ai tenté de retrouver ma raison mais il n'y avait que du brouillard dans ma tête. Renonçant à essayer d'y voir clair j'ai fini par remonter les étages avec lui. Et nous avons refait l'amour; près d'un an plus tard.

Il est resté jusqu'à la fin de la nuit. Je lui parlais. Il s'endormait. C'était sa seconde nuit blanche puisqu'il avait travaillé la veille. J'ai dit, amusée, que je promettais de me taire. Il a dit "Non, s'il te plaît, parle encore, parle toujours". J'ai remarqué malicieusement qu'il était un vrai mâle à tomber comme ça après l'amour. Il a dit que pour ma part j'étais bien une fille à être aussi en forme après.

Puis il a pris le dessus. Il a parlé d'espoir, qu'on se retrouve. Il a dit qu'il pouvait arriver qu'il passe deux jours sans trop penser à moi puis qu'il se mettait à y penser continuellement. Il a dit qu'il y avait quelque chose en lui qui était bloqué et qu'il pensait qu'avec son psy il pouvait le débloquer. Que si ça arrivait un jour il y aurait sûrement de grands bouleversements dans sa vie et que ça lui faisait peur.

On s'est levés. Dans la salle de bains je l'ai attiré contre moi : notre image dans le miroir. Comme j'aimais la regarder avant !

Sur le pas de la porte on s'est arrêtés. Il a demandé ce qu'on pouvait bien se dire rendus là. J'ai répondu que je n'en savais strictement rien. On s'est juste serrés. Il a ouvert la porte.

Il s'est retourné vers moi, a dit "Je vais te dire quelque chose mais n'en tiens pas compte". J'ai répondu en souriant "Alors ne le dis pas". Je savais déjà. Il a dit "Je t'aime".

Un mauvais film américain

#3 Posté le par Luanne

Je lui ai finalement parlé; hier soir.

Cet homme de 46 ans était effondré parce que sa copine, avec laquelle il ne faisait pas de projets d'avenir, est tombée enceinte. Il m'a toujours, toujours répété qu'il avait eu des enfants bien trop jeunes, qu'il n'avait pas vécu sa vie, et qu'il avait seulement hâte que son petit dernier (10 ans) soit assez grand pour pouvoir penser enfin à lui-même.

Elle, 30 ans, voulait de toutes ses forces un bébé. Mais elle savait son point de vue et il paraît que c'est un accident. L'avortement lui semblait évidemment hors de question alors il lui a ouvert sa maison. Il est très responsable. Il a ainsi admis que lui et moi, il fallait faire une croix définitive dessus. D'où sa visite impromptue dans ma vie, ses mots "On y était presque..."

Je m'y serais attendue. Et l'accident je n'y crois pas trop.

Mais pourquoi choisir, attendre un tel désastre pour se manifester ? Il dit qu'il lui semble terrible tout à coup d'avoir à se dire que lui et moi... plus jamais.

Sur le coup la nouvelle ne m'a pas trop atteinte. C'est venu après et j'ai passé une nuit totalement blanche. Je me suis dit... Non ! C'est foutu. Je l'aime à crever mais c'est foutu. Il va vouloir assumer cet enfant jusqu'au bout et si je lui ouvre les bras je serai ad vitam aeternam sa clandestine.

Je lui ai dit : tellement injuste! Je me suis battue des années pour nous deux, pour qu'il trouve la force de se libérer de sa précédente relation trop pesante et dans laquelle il n'était pas heureux. J'y ai laissé une partie de ma santé, la bataille était épuisante, j'étais à bout mais on touchait au but. Et puis il s'est penché, a pris entre mes bras tout ce que je venais de gagner de haute lutte et l'a déposé entre les bras d'une autre, toute fraîche et ignorante de l'enfer qu'on venait de traverser. Je n'ai rien compris. Et voilà.

Aujourd'hui il me dit qu'il n'allait pas bien à cette époque et que malgré toutes ces difficultés il m'a toujours sentie au centre de sa vie; que même si j'en suis sortie (de sa vie) depuis maintenant de longs mois il m'y sent encore, dans sa tête, dans son coeur.

On a raccroché au bout d'environ une heure. Il m'a dit... "Je voudrais te dire une dernière chose... Je te laisse décider des règles"
Clairement une demande pour réinvestir ma vie; mais à nouveau à mi-temps et cette fois sans plus d'espoir de l'avoir enfin tout à moi.

Mais moi je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas être témoin de cette naissance, de cette nouvelle jeune vie à distance, de la venue de cet enfant qui serait un peu lui... mais un peu une autre. Et surtout qu'en un autre temps j'ai rêvé si fort de lui faire cet enfant.

Par ailleurs ma vie est brisée, saccagée. Il me semble que l'amour ne me concerne plus. Je voudrais prendre une navette pour une planète lointaine.

Je souffre dans mes tripes, la même douleur physique que toujours au fond. Je me dis que la vie n'est pas infinie, qu'un jour tout ça s'arrêtera. Et pourvu qu'on ne traîne pas notre maudit cerveau de l'autre côté !
Pour l'instant je n'ai pas le choix de continuer. J'ai une fille.

Mais je prie pour un miracle qui effacerait en moi toute trace de lui. Car même si je me tiens loin, de grandes souffrances sont encore à venir.

Je coule à nouveau

#2 Posté le par Luanne

Vendredi soir à Montréal.

Il a appelé tout à l'heure. Je n'y étais pas et il n'a pas laissé de message. J'ai juste vu son nom et son numéro sur mon afficheur.

Alors j'ai rappelé. Pour lui demander ce qu'il voulait.

Je suis à mon tour tombée sur son répondeur. Et j'ai appris comme ça que la nouvelle femme dans sa vie semblait déjà installée chez lui.

Je n'ai pas non plus laissé de message.
Je ne sais pas si c'est la femme de 30 ans qu'il voyait quand on s'est séparés mais son prénom est bien de cette génération.

D'abord de la rage : s'il a refait sa vie, quel besoin avait-il de venir me regarder dans les yeux pour me dire qu'il ne comprenait pas comment il avait pu cesser de me voir dans son avenir ?
Envie de rappeler pour laisser sur son répondeur un message de colère très clair. Et tant pis si quelqu'un d'autre le trouve. Est-ce que lui se préoccupe de moi ?

Puis je bois. Et je pleure. Je me jette sur le sol et je pleure à gros sanglots.

Puis j'écris. Moins impulsif mais tout autant de révolte. Et ça défoule de se dire qu'on va l'envoyer tout de suite et qu'on se fout de la suite.

Ça doit faire cinq heures tout ça.
Je n'enverrai rien du tout.

À défaut de mieux je vais conserver ma dignité et repartir du côté du silence.

Mais qu'est-ce que j'en ai marre de la souffrance ! Six ans non stop qu'elle me harcèle ! Je veux bien admettre que le grand amour c'est du passé, que le reste de ma vie doit être marqué par autre chose. Je renonce.
Mais il faut que lui reste loin aussi.

Ma tête est comme un étau. Je suis lasse, lasse, lasse.

J'aimerais que ce soit simple

#1 Posté le par Luanne

Il n'a pas redonné de nouvelles.

Et moi je lui ai juste écrit une carte pour son anniversaire; qu'il a reçue vendredi ou qu'il recevra aujourd'hui. Une carte qui a échappé au piège du message trop long et trop explicite. Je l'ai voulue sobre et simple, avec la reprise de mots de Goldman en finale... "Sache que je..."

Mais rien n'est simple. Goldman et cie n'ont que leurs émotions et leurs sentiments à prendre en compte. Depuis l'éloignement de l'homme que j'aime ma santé n'a cessé de se détériorer. Et malgré moi je ne peux m'empêher de penser que je ne suis plus assez bien pour lui.

La solitude a de bons côtés mais elle pèse parfois très très lourd. Personne à qui parler et cette bataille pour ma santé à mener. Les médecins s'en foutent et il y a tellement de choses qui vont de travers que je ne sais pas par où commencer. Rien d'assez grave pour alerter mais tout pour me pourrir mon quotidien et m'empêcher d'avancer.

Parfois je suis très forte.
D'autres fois je ne vois plus très bien ce qui me rattache à la vie; sinon ma fille et c'est important. Alors il me vient que ce serait bien si le destin ne me retenait pas trop longtemps.