Perplexe et désemparée

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Perplexe et désemparée

#0 Posté le par Luanne

Je me demande en vous lisant tous ce que vous faites de l'objectivité. Et ce n'est pas un reproche mais l'expression d'une terrible impossibilité. Car je me débats dans ma propre histoire sans parvenir à y voir clair le moindrement.

Lui, je l'ai connu il y a maintenant six ans. Coup de foudre géant, on avait tout en commun, à tous les points de vue, et on s'est adorés dès le départ.
Sauf qu'il avait une conjointe et qu'il n'arrivait pas à la quitter.
On a traversé des tempêtes. Mais sans jamais cesser de s'adorer.
Et elle faisait semblant de ne rien comprendre.
Jusqu'à ce jour où je l'ai quitté en lui donnant un ultimatum et où il l'a finalement affrontée.

Ont commencé des jours d'enfer. Elle devait partir mais ne partait pas. Et il n'osait pas la confronter à nouveau.
J'ai sombré doucement : je ne dormais plus, ne mangeais plus, perdais mes cheveux par poignées.
Lui allait aussi de plus en plus mal. Il maigrissait à vue d'oeil.
Un beau jour il m'a annoncé qu'il allait finalement rester avec elle.

Ce jour-là j'ai perdu pied, erré en plein soleil des heures durant, passé la nuit hébétée, les yeux grands ouverts fixés sur je ne sais quoi, et le lendemain matin j'ai fait le tour de mon appartement pour ramasser dans un grand sac poubelle tout ce qui pouvait me le rappeler en pleurant enfin.
Le surlendemain il a téléphoné, éperdu, pour me dire qu'il ne savait plus rien et ne souhaitait pas qu'on se perde.

Elle a fini par partir.

Mais s'est encore accrochée. Et je crois que lui et moi n'avions plus la force nécessaire. Nous nous voyions beaucoup moins, je luttais pour mes cheveux, pour ma santé, il était sous anti-dépresseurs et en arrêt de travail.

Finalement, il y a 9 mois, 15 jours après m'avoir dit "Tu ne peux pas savoir comme tu m'es essentielle !" il m'a annoncé qu'il était tombé amoureux d'une autre avec laquelle ça n'avait pas fonctionné mais qu'il voulait m'en avertir honnêtement. Et a conclu que ses sentiments pour moi n'étaient "plus pareils".

C'était juste ce qu'il manquait pour achever de nous saper. Je lui ai demandé de ne plus appeler et j'ai commencé un impossible deuil.
Tomber amoureuse ailleurs semble infaisable mais j'ai rencontré des hommes, me suis changé les idées.

Il y a quatre jours j'étais au petit café où je mange parfois le midi. J'ai posé mon plateau sur la table, me suis détournée pour déposer ma veste sur le dossier de la chaise, et quand je me suis retournée à nouveau il était là; assis juste en face de moi. Neuf mois plus tard !

Il a dit qu'il passait par hasard dans le coin, savait que c'était mes heure et lieu, était venu me dire bonjour. J'ai voulu savoir s'il était toujours suivi par un psy et il m'a mal comprise. Il a dit que oui, il voyait une autre femme.
Et puis qu'il avait lâché tous les anti-dépresseurs mais était suivi par son psy.

Il m'a demandé si je savais comment il se faisait qu'on en soit là tous les deux, que lui ne comprenait pas, qu'il restait pourtant si peu à faire, vérifier que nous étions capables de vivre ensemble, que ma fille pourait s'adapter.

Il a dit qu'il avait dressé la liste des choses qu'il aimait de moi et de celles qui l'énervaient, que la seule chose en ma défaveur était mes deux chats.
Il a dit qu'il se demandait comment il avait pu en venir à envisager un seul instant son avenir sans moi.

J'ai parlé de son attitude lointaine voire indifférente des derniers temps et il m'a répondu qu'il n'était "pas là", pas lui-même, drogué par les médicaments qu'il prenait.

J'ai suggéré qu'on n'avait peut-être pas été assez ouverts l'un avec l'autre et il s'est récrié : sexuellement, émotionnellement, artistiquement... à tous les points de vue on avait l'ouverture et la connexion maximum...

Et puis voilà. On s'est séparés au bout d'une heure parce qu'on avait chacun nos obligations. Et c'est tout.

Et je me retrouve dans la même torture et la même impuissance qu'en un autre temps, le sachant dans d'autres bras et ne souhaitant plus, cette fois, que m'en tenir à distance, mais hantée par ses mots et par son apparition, jeudi, comme un soleil d'été au bout de mon tunnel.
Je le maudis puis l'adore à nouveau, consciente du fait que les mois et les rencontres n'ont pas abîmé mes sentiments le moins du monde.

Lui laisser savoir ma colère, qu'il se doit de garder ses distances et qu'il me fait souffrir ?
L'appeler, lui ouvrir les bras en espérant qu'il veuille bel et bien tout redémarrer entre nous ?

Et qu'est-ce que moi je veux ? Qu'est-ce que c'est que cet amour qui n'aboutit jamais mais refuse de mourir ?

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Message #18

#18 Posté le par zodacieuse

Bonjour Luanne,

J'avais dit que je me tairais, mais je ne peux pas m'empêcher de revenir te dire ce que j'ai à te dire, car je pense que ce n'est pas par hasard que j'ai reçu l'avis de réponse à mon dernier message dans ma boite à lettres.

Non, non, et non, tu n'en crèveras pas!

Oui, oui, et oui, tu 'en remettras!

Oui, oui, et oui, tu seras heureuse un jour!

Ce n'était pas de l'amour, c'était de l'emprise.

Ce type est un pervers, tu n'as même pas voulu envisager cette possibilité lorsque je t'ai conseillé de lire "le harcèlement moral" de Francine Hirrigoyen. Lis-le, informe-toi bon sang! Lis aussi les manipulateurs et l'amour de Isabelle Nazarre Aga.

Quand tu reconnaîtras enfin que tu t'es faite gruger, que d'amour il n'y avait que les mots et les simulacres, (pardi des choses aussi absurdes et autant en contradiction avec les FAITS ne peuvent être qu'une illusion), la perte de tes illusions sera brutale, et pire encore que les douleurs que tu as vécues jusqu'à présent.

Alors souviens-toi de ça: un pervers, c'est IMPARABLE. Même les psys se font avoir. Tu n'as rien à te reprocher que d'avoir été une proie facile comme tous les gens sensibles et pleins de qualités.

Tu seras heureuse. Je te le garantie.

Pourquoi? Je te l'ai déjà dit, parce que la capacité à vibrer est EN TOI, et n'a rien à voir avec lui. Tu seras heureuse de choses simples d'abord, de revenir au monde des humains et à la réalité pour commencer, et plus tard d'aimer à nouveau.

Je te le garantis, tu entends?

Accroche-toi à cet espoir, et tiens bon, n'y retourne jamais. Dans quelques années il te paraîtra insignifiant et minable, c'est ce qu'il est, aussi incroyable que cela puisse te paraître aujourd'hui.

Je suis passée par tout ça, c'est comme ça que je le sais.

Bon courage et bonne chance Luanne, tu es une grande fille, tu l'as dit on est seul et responsable de notre vie. Tu as perdu beaucoup de temps sur une fausse piste, mais on apprend de la vie. Prends ta vie en main.

Amitiés
zodacieuse

Lettre ouverte

#17 Posté le par Luanne

La souffrance est intense, intense comme aux premiers mois de notre histoire, quand je ne comprenais pas que tant d’amour soit couplé à tant d’indifférence. L’incompréhension reste entière, totale. Le sentiment d’abandon qu’il me laisse ronge mon cerveau avide de tendresse et de reconnaissance. Mais je suis échaudée. Au plus profond de ce marécage de vide, de néant qui me saisit toujours quand je gémis de trop de violence, se dresse, irréductible désormais, le solide petit pieu ancré dans la terre ferme; ce pieu, symbole de la défaite de mes rêves et de mes illusions. Il est encore si petit ! Pourtant il est là, je l’aperçois où il n’y avait rien, tout au fond, à peine visible, et je sais que s’il représente la fin de mes espoirs de bonheur fou il est aussi mon garde-fou, mon « empêcheur » de chavirer », le rappel qu’on est toujours seul sur cette terre et que l’amour le plus total n’est jamais qu’un rêve, qu’il faut à tout prix, à n’importe quel prix rester debout.

Je ne comprends toujours pas que tant d’amour soit couplé à tant d’indifférence…

En réalité mon concept de l’amour achève de s’effondrer. Car il est vrai que je traînais jusqu’à si tard dans ma vie la certitude qu’un grand amour vainquait tout.

Il m’a dit « Je ne t’aime pas quand tu parles comme ça. Je t’en veux. Tu détruis notre amour ».

Il est loin l’attendrissement qui m’aurait conduite à ses genoux quand j’avais confiance en lui. Je lui ai répondu « Mais tu n’as rien compris ! C’est toi qui détruis tout. C’est toi qui as tout détruit. Tu as détruit l’amour fort, rare, exceptionnel, celui qu’on ne rencontre qu’une fois. Moi je t’ai tout donné, plusieurs années de ma vie, ma confiance toute entière et toi tu as sauté dans le lit d’une fille de l’âge de ton fils, tu lui as fait un enfant… Et tu pleures ! Et tu me dis que je détruis notre amour ! »

Il y avait, caché derrière mes mots, le souvenir de la peur omniprésente de gâcher quelque chose d’essentiel. Mais j’ai avancé sans en tenir compte, blessée, blessée à jamais sans doute, déchirée même, osant pour la première fois contempler en face mon bourreau pendant qu’il me parlait.

Gabriel, oh Gabriel ! T’éveilles-tu parfois la nuit pour te ronger de douleur, de remords et de culpabilité quand tu songes à la manière dont je me suis laissée déchirer en toute innocence par tes mains légères ? Ou bien te racontes-tu gentiment que tu vis un pauvre amour contrarié qui restera à jamais au fond de toi comme un chagrin ?

Moi je ne suis pas un rêve Gabriel ! Et je refuse de toutes mes forces cette gentille nostalgie que tu veux nous construire. Quand tu auras 75 ans il ne sera plus temps de venir pleurer sur mes genoux. Alors je ne te recevrai pas. Ma vie se déroule aujourd’hui et c’est aujourd’hui que j’aurais voulu être heureuse. Tu jettes par-dessus ton épaule ma seule attente, ma seule espérance de vie. En me tenant loin, en sécurisant la vie de tous ceux qui t’entourent sous mes yeux sans aucun égard pour la femme que je suis, en te bâtissant ton petit cocon douillet loin de moi et près de mes rêves, tu arraches les derniers liens qui nous tenaient, les derniers fils de notre très précieux sentiment d’amour. En te faisant mon bourreau tu te fais – et j’y ai mis le temps – mon irréductible ennemi. Je ne veux plus te voir à cause de la souffrance que me cause la naissance de cet enfant que tu feins de ne pas vouloir. Je ne veux plus te voir, jamais, parce que j’ai finalement saisi que tu n’as pour vocation que de me torturer, de me briser, de me détruire; et que je te reconnais ce pouvoir-là. Je ne veux plus te voir, enfin et surtout, et c’est ma nouvelle victoire sur ce pouvoir d’esclavagiste que tu avais sur moi, parce que tu m’as mortellement offensée, insultée; parce que tu m’as foulée, piétinée en toute indifférence voire même avec le sourire. Je ne veux plus te voir parce qu’aujourd’hui je t’en veux et te reconnais comme l’objet de l’effondrement de ma vie. En peu de mots je ne veux plus te voir parce que tu m’as fait tout le mal que je n’osais imaginer et que je n’ai pas ta force, pas la force suffisante pour me battre et te rendre tes coups. Or tu te places en attaquant sur ma route – et au fond je ne sais même pas pourquoi tu ressens ce besoin de m’anéantir – d’autant plus dangereux que tu te grimes en amant éperdu.

Oui, il y a des victimes et l’on n’y peut rien; des hommes, des femmes qui ont été frappés au poignard dans leur confiance aveugle et ne s’en remettent jamais. Mais je n’aurais pas cru qu’on puisse ainsi accepter de martyriser la personne que l’on prétend aimer.

Tu ne comprendras pas; ni mes mots ni ma fuite subite. Je pourrais expliquer cent fois et de toutes les manières, tu ne comprendrais pas plus. Mais aujourd’hui je m’en fous. J’ai cessé d’espérer que tu saisisses quoi que ce soit hors tes propres émotions et désirs. J’ai compris qu’on te séduit en te succombant et qu’on te perd en te retournant l’image de ce que tu es. Ainsi je te perds et si le chagrin s’installe pour ne plus s’en aller je te supprime tous les moyens de venir encore creuser mes plaies.

Je te fuirai, je t’arracherai de moi quel qu’en soit le prix et dussé-je en crever. J’en resterai bancale, à jamais privée de l’espace le plus intime de moi puisque je t’avais laissé t’y greffer. Je ne ferai qu’ajouter des jours aux jours dans l’attente de celui où m’échappant de cette terre j’échapperai aussi à l’emprise de tes promesses et de tes regards, de tes soupirs et de tes possessions. S’il le faut je hurlerai à la lune, je grifferai et mordrai mon oreiller, mais je jure de rester loin de toi de toute la force de ma volonté.

Message #16

#16 Posté le par zodacieuse

Bonsoir Luanne,

"J'avais choisi la paix plutôt que la tourmente. Je n'étais certes pas heureuse mais commençais à respirer. "

A mon avis c'était la bonne voie :D

Amitiés
zodacieuse