La psychanalyse et d'autres formes de psychothérapies qui n'ont pas fait leurs preuves n'ont pas leur place dans la prise en charge du trouble déficit de l'attention et/ou hyperactivité (TDAH) chez l'enfant et l'adolescent, selon les nouvelles recommandations (1) de la Haute autorité française de santé (HAS) publiées le 23 septembre 2024.

Les dernières recommandations dataient de 2015.

Qu'est-ce que le TDAH

Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement (TND), rappelle la HAS. Il est caractérisé par des « symptômes d'inattention, accompagnés ou non d’hyperactivité et d’impulsivité, qui varient d’une personne à l’autre, durent dans le temps et entrainent un retentissement délétère sur le plan scolaire, social et familial. »

Le TDAH concernerait 5 % des enfants et des adolescents. Il est diagnostiqué deux fois plus souvent chez les garçons.

La domination de la psychanalyse

Actuellement en France, « le diagnostic du TDAH, selon le professionnel consulté, c’est la loterie pour les familles », résume Thiébaut-Noël Willig, pédiatre et président d’Occitadys dans un entretien au Monde.

Le réseau Occitadys, « maillage territorial en soignants » de la région Occitanie, est spécialisé dans le diagnostic et le suivi des troubles du langage et de l’apprentissage, incluant le TDAH. Après trois ans d’expérimentation, ce modèle de fonctionnement est en passe d’être généralisé.

« La pédopsychiatrie française, souligne M. Willig, a été longtemps d’inspiration psychanalytique, empêchant en partie la reconnaissance du TDAH, comme ce fut le cas pour l’autisme. Certains praticiens en sont encore empreints, même si cela décroît au profit d’une approche neurocognitive. » (Psychanalyse : la HAS l'exclut des bonnes pratiques pour le traitement de l'autisme - 2012)

Les psychanalystes ont tendance à ne pas considérer les difficultés de l'enfant comme ayant une origine neurocognitive mais plutôt comme ayant des causes psychologiques. Certains d'entre eux considèrent que le TDAH est une invention.

Une formation massive de médecins

Les nouvelles recommandations « impliquent une formation massive des médecins et une profonde réorganisation de l’offre de soins », résume Le Monde.

Il y a vingt ans, les troubles du neurodéveloppement n’étaient pas enseignés en médecine, rappelle M. Willig.

« Les professionnels prenant en charge les enfants présentant un TDAH sont encore peu nombreux et répartis inégalement sur le territoire. (…) Actuellement, seuls les pédiatres, psychiatres et neurologues pour enfant peuvent poser un diagnostic et sont autorisés à initier un traitement médicamenteux. » La HAS appelle à étendre ces compétences aux médecins généralistes : ces derniers suivront alors une formation structurée et diplômante.

Le diagnostic du TDAH

Le diagnostic est posé sur la base des critères diagnostiques du DSM-5 de l'American Psychiatric Association (utilisé internationalement) ou de la CIM-11 de l'OMS. Il s'agit de critères (symptômes) comportementaux. Il n'y a pas de marqueurs biologiques pour le TDAH.

Les interventions non médicamenteuses

« Des interventions non médicamenteuses sont recommandées en première intention. (…) En complément, si besoin et selon la gravité du trouble, un traitement médicamenteux peut être prescrit. »

La HAS dresse la liste suivante des interventions non médicamenteuses reconnues.

Pour une description de ces interventions, consulter le document de la HAS : Trouble du neurodéveloppement/TDAH : Diagnostic et interventions thérapeutiques auprès des enfants et adolescents, pages 26 à 36.

  • Interventions centrées sur l'environnement familial et scolaire

    • la psychoéducation ;
    • les programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales (PEHP) ;
    • les des programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP).
  • Accompagnement scolaire et pédagogique

  • Interventions psychosociales destinées à un enfant ayant un TDAH

    « Une intervention thérapeutique psychologique individuelle peut être proposée chez l’enfant, mais pas à titre systématique. Son indication sera appréciée en fonction des éléments cliniques et de l’engagement de l’enfant et de sa famille. »

    Les thérapies psychologiques recommandées sont les « thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles (TCCE) » destinées à un enfant ayant un TDAH. Dans le cadre du TDAH, ces thérapies « ont pour but d’agir sur le retentissement fonctionnel du trouble ». Plusieurs stratégies de thérapies peuvent être proposées :

    • résolution de problèmes ;
    • entraînements à la régulation émotionnelle ;
    • entraînements aux aptitudes sociales ;
    • gestion des comportements ;
    • remédiations métacognitives.

    Qu'est-ce que la thérapie comportementale et cognitive pour le TDAH

    « En l’absence d’évaluation suffisante », les approches psychothérapeutiques suivantes «  ne sont pas recommandées dans le traitement spécifique du TDAH », précise le document de la HAS :

    • de type neurofeedback ;
    • entraînement cognitif ;
    • programmes basés sur la pleine conscience ;
    • thérapie psychanalytique ;
    • thérapies autres que les TCCE.

    Les thérapies alternatives n’ont pas démontré leur efficacité et ne sont donc pas recommandées dans le traitement spécifique du TDAH, notamment

    • la kinésiologie ;
    • l’ostéopathie ;
    • l’acupuncture.
  • Interventions portant sur les habitudes de vie

    Les interventions décrites portent sur le sommeil, l'alimentation et l'activité physique.

Les interventions médicamenteuses

Le traitement médicamenteux par méthylphénidate (Ritaline, Ritalin, Medikinet, Concerta, Quasym...) est recommandé quand les mesures non médicamenteuses seules s’avèrent insuffisantes. « En cas de mauvaise tolérance ou d’inefficacité et en cas de contre-indication aux psychostimulants, il est possible de proposer de l’atomoxétine (Strattera) et en troisième ligne de la clonidine (Catapressan). »

Le TDAH chez l'adulte

Des recommandations dédiées à l’adulte seront publiées fin 2025, indique la HAS.

Pour plus d'informations sur le trouble déficit de l'attention et/ou hyperactivité (TDAH), voyez les liens plus bas.

(1) La HAS a été saisie par la Délégation interministérielle aux TND et par l’association de patients HyperSupers-TDAH France afin d’élaborer des recommandations relatives au diagnostic et à la prise en charge du TDAH chez l’enfant et l’adolescent.

Psychomédia avec sources : HAS (communiqué), HAS (recommandation), Le Monde.
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