Réponse à: MARIE-PUCE (faire le deuil d'un passé souffrant)
Surnom: MARIE-PUCE
Pays: Canada
Âge: 40
Sexe: féminin
Bonjour,
En premier lieu, je désire dire un grand merci pour tout le beau travail que vous tous faitent dans le site PsychoMédia. Cela m'aide beaucoup à cheminer.
Voici ma interrogation: J'ai fait de nombreuses thérapies sans jamais vouloir toucher au coeur de ma peine.... de mes nombreuses blessures. J'ai beaucoup de difficulté à fonctionner en société, tant au niveau familial, amical que travail; Je suis toujours toujours à me questionner si ce que je fais est 'correct'. J'ai extrêmement peur de l'opinion de l'autre; je n'ai aucunement confiance en moi (je le reconnais) et lorsqu'on me lance un reproche, je me sens démolie totalement. En définitive, je ne me sens pas heureuse intérieurement. Je mentirais en voulant me faire accroire que je suis bien avec moi-même n'ayant pas été aimée dès la naissance et ayant subi de nombreuses injures, violences de toute sorte.......
Aujourd'hui j'identifie en thérapie, je crois, quelles sont mes blessures, mes manques et ce que je voudrais faire maintenant serait de laisser le passé derrière et vivre avec ce que je suis. Je voudrais arrêter de pleurer sur les carences que j'ai et arrêter d'être en colère extrême envers ceux qui m'ont blessée. Je constate à tous les jours que ce passé se répercute sur mes agissements présents. Je fais énormément de transferts lorsque survient un évènement triste, une injustice ou quelque chose qui peut me fâcher (cela devient démesurée !!).
Je me pose la question à savoir si je fais de l'appitoiement, si je suis 'bien avec mes blessures du passé' pour ne pas passer à l'action!!! Comment faire pour lâcher-prise sur un passé qui ne peut être modifié? Mon côté rationnel veut se débarasser du passé mais mon côté émotionnel est encore plein de souffrances et de pleurs.
Georges-Henri, ce que je viens d'exprimer ne m'a pas été facile car je n'aime pas montrer qui je suis.
Merci de l'attention portée à cette lettre.
Bonjour Marie-Puce,
Grand merci pour vos bons mots relatifs à notre travail.
Le deuil du passé, qu'il soit souffrant ou réjouissant, constitue presque toujours une entreprise douloureuse et pleine de pièges.
Notre passé nous colle à la peau, il faut un avec nous. S'en départir est ardu et peut prendre parfois plusieurs années. Et dans le fond, s'en «départir» n'est sans doute pas le verbe le plus adéquat. Peut-être que «intégrer» conviendrait davantage. La mémoire fait que le passé nous accompagne tout au long de l'existence . mais il n'est pas nécessaire qu'il soit souffrant !
Je vais utiliser une métaphore employée par Arnaud Desjardins dans une de ses présentations. Le passé, c'est la grosse valise que nous traînons avec nous lorsque nous voyageons. Que ce soit dans le train, dans l'autobus, dans l'avion, nous ne la prenons pas sur nos genoux, c'est bien trop encombrant. Nous la déposons dans le compartiment des bagages. Elle fait le voyage avec nous, tout le temps, mais elle ne nous dérange pas. Le voyage de la vie s'en trouve allégé.
Peut-être pouvez-vous vous inspirer de cette image en prenant pour acquis que votre passé vous suivra encore . mais la souffrance peut s'apaiser.
Il est, en effet, possible que vous «ressassiez» de vieilles blessures. C'est un remède (mal choisi) contre l'angoisse. C'est comme gratter de vieilles plaies en train de cicatriser.
Votre psychothérapeute vous aidera à dire adieu à la douleur et cette dernière s'en ira d'elle-même et sans effort lorsque vous serez prête. Il est donc sage de continuer à vous préparer, par exemple en vous félicitant d'avoir survécu et d'avoir surmonté les épreuves, en vous permettant de goûter à des plaisirs nouveaux (tout en acceptant avec bienveillance la culpabilité qui pourrait en résulter).
Je réalise l'effort que vous avez fait en vous exprimant dans cette lettre. Votre lucidité sur vos processus me porte à penser que vous êtes sur la bonne voie. J'espère que votre dévoilement, ainsi que ces quelques lignes, vous seront bienfaisants et utiles.
Bien à vous.
Georges-Henri Arenstein, Psychologue