Quelque 6 730 personnes sans domicile fixe (SDF) sont décédées en France entre janvier 2008 et décembre 2010, soit plus de 2240 par an, selon une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Le nombre de SDF a augmenté de 50% entre 2001 et 2012 en France, indique l'InVS. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estimait en 2012 qu'il y avait 81 000 adultes SDF en France. Cette étude n’incluait ni les personnes vivant dans la rue qui n’utilisent pas les services s’adressant aux sans domicile, ni les personnes sans domicile vivant dans les communes de moins de 20 000 habitants.
Les chercheurs de l'InVS relèvent notamment « un accroissement des familles ayant des enfants » au cours de la dernière décennie. Près d'un tiers des SDF sont des enfants. Un quart des adultes SDF travaillent. Mais leurs emplois sont le plus souvent précaires, peu qualifiés et mal rémunérés.
Le nombre de familles sans logement est estimé à 10.280 en Île-de-France, selon l'enquête EnFams 2013, également publiée dans le BEH et relayée par Francetvinfo. Près de la moitié des familles étaient monoparentale, 22 % ayant au moins trois enfants.
La majorité souffrait de malnutrition et d'insécurité alimentaire, d'anémie (50 % des mères et 38 % des enfants), de surpoids (38 % des mères et 22 % des enfants) et d'obésité (32 % des mères et 4 % des enfants). Les parents étaient majoritairement nés à l'étranger (94 %) et résidaient en France depuis 5 ans en moyenne. Près de 30 % des mères souffraient de dépression et 20 % d'état de stress post-traumatique.
En l’absence d’un registre exhaustif de décès des SDF, l'étude de l'InVS a permis d’estimer un ordre de grandeur de la mortalité. Elle s'est basée sur les données du Collectif les morts de la rue et celles de la base nationale des causes médicales de décès du Cépi-DC Inserm.
« La précarité que connaissent les personnes sans domicile a de nombreux impacts sur leur état de santé
», souligne un éditorial accompagnant l'étude. « Leurs conditions de vie, bien que très diverses, ont en commun de multiplier les facteurs de risque. (...) On soulignera (...) que la nécessité, parfois quotidienne, de trouver un hébergement et des ressources financières peut faire passer au second plan d’autres priorités influant sur l’état sanitaire
».
« La santé des personnes sans domicile s’avère d’autant plus dégradée que la période vécue sans logement personnel est longue. Les différents types d’hébergement sont par ailleurs statistiquement liés à l’état de santé physique et psychique. Ils peuvent en être la cause : est présenté par exemple dans ce numéro du BEH le rôle de certaines conditions d’hébergement sur l’insécurité alimentaire, voire la malnutrition, sur des problèmes dermatologiques ou encore sur les symptômes anxio-dépressifs et des retards de développement constatés chez les enfants. Ils en sont parfois aussi la conséquence, notamment lorsqu’un problème psychiatrique perturbe l’adaptation à certaines offres d’hébergement proposées (...).
»
Psychomédia avec sources : BEH, BEH (éditorial), Francetvinfo.
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