Le virus du sida (VIH) demeure indécelable après plusieurs années d'arrêt du traitement chez certaines personnes qui ont été traitées très rapidement par médicaments antirétroviraux. Une étude française (l'étude dite de Visconti) a suivi 14 de ces personnes "afin de mieux comprendre leurs caractéristiques et de définir les mécanismes de ce contrôle
". Les résultats sont publiés dans la revue PloS Pathogens.
Chez ces personnes, le virus du sida (VIH) est indécelable 7 ans et demi après l'arrêt du traitement, lequel avait débuté 10 semaines après l'infection et s'était poursuivi pendant 3 ans.
Très tôt après l’infection, expliquent les chercheurs, "le VIH a la capacité de se cacher sous forme latente dans certaines cellules immunitaires dont la durée de vie est très longue, permettant ainsi au virus de persister même après des années de traitement. Ces « réservoirs » expliquent la résurgence très rapide de la virémie dès que la prise d’antirétroviraux est interrompue chez la majorité des patients
".
Des données préliminaires de l'étude présentées l’année dernière à la Conférence internationale sur le Sida montraient que le niveau des réservoirs viraux de ces personnes était très faible et comparable à celui des personnes contrôlant naturellement le VIH (ces rares personnes, qui présentent un certain profil génétique, n’ont jamais été traitées et demeurent asymptomatiques pendant de nombreuses années).
Les nouveaux résultats montrent une diminution du nombre de cellules infectées circulant dans le sang de certains de ces patients qui maintiennent une virémie parfaitement contrôlée malgré l’absence de tout traitement. Cette diminution du niveau du réservoir viral confirme un nouveau concept de "rémission fonctionnelle
", soulignent les chercheurs.
"Le traitement précoce a probablement limité l’extension des réservoirs viraux, et préservé les réponses immunitaires. Cette combinaison a certainement pu favoriser le contrôle de l’infection après l’arrêt du traitement
", explique Christine Rouzioux (hôpital Necker à Paris) qui a coordonné l'étude.
L'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) coordonnera dans les prochain mois un groupe plus étendu de personnes présentant des caractéristiques similaires à celles de la cohorte Visconti au niveau européen.
Début mars, des virologues américains ont aussi annoncé la rémission fonctionnelle d'une petite fille contaminée à la naissance avec le VIH transmis par sa mère séropositive non traitée.
Ces résultats devraient permettre des avancées vers le développement de médicaments plus efficaces pour le traitement de la maladie.
Illustration : Représentation du virus du sida
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