La scientologie, considérée comme une secte en France, sera jugée à partir du lundi 25 mai au tribunal correctionnel de Paris en tant que personne morale pour "escroquerie en bande organisée". En cas de condamnation, l'association risque la dissolution en France.

"C'est la première fois que la Scientologie est renvoyée en correctionnelle en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée", se réjouit Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). "Elle pourrait donc être condamnée en tant que telle." Cet ancien magistrat a dirigé la première instruction d’envergure contre l’Église de Scientologie à Lyon en 1998.

Sept des responsables de la scientologie en France, dont son dirigeant Alain Rosenberg, seront également jugés pour "exercice illégal de la pharmacie". Ces responsables et les deux principales branches françaises de la scientologie (l'Église de Scientologie-Celebrity Center et la librairie SEL (Scientologie espace liberté) feront face à trois plaignants: deux ex-adeptes et l'Ordre des pharmaciens.

Le procès intervient plus de dix ans après le dépôt d'une première plainte avec constitution de partie civile par une ancienne adepte en décembre 1998. La plaignante avait été abordée quelques mois plus tôt à la sortie d'une station de métro par des scientologues. L'association lui avait d'abord proposé un test de personnalité, puis un rendez-vous pour en interpréter le résultat. La femme de 33 ans a dépensé 21.340 euros en livres, cours de communication ou de "réparation de vie", ainsi qu'en "packs de purification".

Le juge d'instruction Jean-Christophe Hullin, qui a ordonné le renvoi en correctionnel alors que le parquet réclamait un non-lieu pour l'Église de Scientologie, s'est notamment intéressé à l'usage de "l'électromètre", un appareil vendu pour 4.800 euros aux adeptes et censé "mesurer les variations de l'état mental d'une personne et tirer ainsi des conclusions sur sa personnalité".

Il s'est aussi intéressé aux pratiques visant à soutirer un maximum d'argent aux adeptes et à favoriser la sujétion.

L'association vend, par exemple, des "vitamines", qui en surdose plongent l'adepte dans un "état de fatigue extrême", entraînant une "désocialisation progressive". Cette pratique a entraîné une plainte pour "exercice illégal de la pharmacie" par l'ordre des Pharmaciens.

Psychomédia avec sources:
L'Express
Le Nouvel Observateur
Libération