L’hypothèse selon laquelle une déficience en vitamine D contribuerait au développement de la sclérose en plaques est renforcée par une étude génétique publiée dans la revue PLOS Medicine.
Une étude précédente de l’équipe de Brent Richards de l’Université McGill a montré que quatre variations génétiques étaient liées à la production et l’élimination de la vitamine D. Ces variations se sont ensuite avérées associées à de bas niveaux de vitamine D.
Dans la présente étude, les chercheurs ont cherché à savoir si ces variations augmentaient le risque de sclérose en plaques. Ils ont analysé des données concernant 14 000 personnes atteintes de la maladie et 24 000 personnes en santé.
Les résultats confirment qu’une insuffisance en vitamine D liée à ces variations génétiques est associée à un risque accru de développer la maladie (un risque doublé pour des niveaux de vitamine D réduit d'un écart-type).
Plusieurs études avaient déjà suggéré un lien entre les niveaux de vitamine D et la sclérose en plaques, mais ces études ne prouvaient pas que ce lien était de cause à effet, car elles n'éliminaient pas des explications alternatives.
« Dans notre étude, le fait que les niveaux de vitamine D sont déterminés par les gènes de l’individu indique clairement qu’il existe une relation directe entre la vitamine D et la sclérose en plaques et qu’il s’agit d’une relation de cause à effet », a expliqué le chercheur au Devoir.
« Certaines études ont aussi avancé l’hypothèse que les personnes atteintes de sclérose en plaques présentaient des niveaux insuffisants de vitamine D probablement parce qu’elles avaient tendance à demeurer à l’intérieur de la maison, et ainsi s’exposaient peu au soleil, lequel stimule la synthèse de vitamine D par la peau ». « Or, il est maintenant clair que ce n’est pas la sclérose en plaques qui induit une diminution des niveaux de vitamine D, mais plutôt la baisse de vitamine D qui accroît le risque de sclérose en plaques », dit-il.
« Nos études génétiques nous ont également montré que les personnes souffrant de sclérose en plaques ont manqué de vitamine D pendant toute leur vie, y compris durant leur enfance, probablement parce qu’elles étaient porteuses d’une de ces variations génétiques », précise-t-il.
« (...) la carence en vitamine D est fréquente, en particulier dans les pays nordiques comme le Canada où l’exposition à la lumière du soleil – une source naturelle courante de vitamine D – est diminuée pendant le long hiver et où nous retrouvons des taux disproportionnellement élevés de SEP », souligne-t-il.
« Nous sommes d’avis que les gens, particulièrement ceux ayant des antécédents familiaux de SEP, devraient s’assurer de maintenir des taux adéquats de vitamine D. Il s’agit d’une précaution qui va de soi étant donné que les suppléments de vitamine D sont généralement sans danger et peu coûteux. »
Des essais randomisés sont actuellement en cours afin d'évaluer les compléments de vitamine D pour le traitement et la prévention de la sclérose en plaques.
(1) Lauren E Mokry, Stephanie Ross, Omar S. Ahmad, Vincenzo Forgetta, George Davey-Smith, Aaron Leong, Celia MT Greenwood et George Thanassouliss.
Psychomédia avec sources : Le Devoir, PLOS Medicine, Université McGill.
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