« De nombreux composés sont impliqués dans les interactions complexes qui existent entre l'organisme et son microbiote. Parmi eux : le tryptophane qui est un acide aminé essentiel
» (provenant uniquement de notre alimentation).
Une équipe française menée par l’Inra, l’AP-HP, Sorbonne Université et l’Inserm dresse, dans le numéro de juin de la revue Cell Host and Microbe, un état des connaissances sur le « rôle central du tryptophane dans ces interactions
».
« Ces données laissent entrevoir des pistes de recherche et de futures applications thérapeutiques, notamment dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)
». (Les MICI incluent la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse ou rectocolite hémorragique).
En 2016, cette équipe a étudié le rôle du gène CARD9, dans la susceptibilité aux MICI. Sans ce gène, les souris sont plus sensibles à l’inflammation intestinale et leur microbiote intestinal n’utilise pas efficacement le tryptophane.
Dans l'état des lieux qu'ils viennent de publier, les chercheurs analysent les trois voies principales du métabolisme du tryptophane au niveau intestinal :
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Action anti-inflammatoire et de protection de la muqueuse intestinale
Le tryptophane est transformé par certaines bactéries du microbiote en dérivés qui activent un récepteur présent sur des cellules immunitaires et sur des cellules épithéliales de l’intestin. Cette activation amène les cellules immunitaires à produire notamment l’interleukine22 qui a une action anti-inflammatoire et un rôle de protection de la muqueuse.
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Production de sérotonine
Le neurotransmetteur sérotonine est produit à partir du tryptophane et a des effets partout dans le corps. «
Plus de 80 % de la sérotonine de l'organisme est fabriquée dans l’intestin par des cellules spécialisées et sous l’influence du microbiote.
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Processus immunitaires, métaboliques et neurologiques
A partir du tryptophane, la voie IDO (Indoleamine 2,3-dioxygénase) conduit à la production notamment de la kynurénine mais aussi de nombreux autres métabolites qui sont impliqués dans des processus immunitaires, métaboliques et même neurologiques.
« En décryptant l’équilibre complexe entre toutes ces voies métaboliques, ces travaux permettent de mieux comprendre la survenue des maladies intestinales et extra-intestinales. Ils mettent en évidence de nouvelles connexions entre microbiote et santé et ouvrent des perspectives pour de nouvelles thérapies.
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Maladies inflammatoires de l’intestin : manger plus de tryptophane ?
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Sclérose en plaques : un rôle du tryptophane alimentaire et des bactéries intestinales
(Le tryptophane se trouve dans des aliments riches en protéines tels que : noix, œufs, graines, légumineuses, volailles (dinde, poulet...), yaourt, fromage et même, le chocolat.)
Pour plus d'informations sur les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : Inserm.
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