De grands hôpitaux universitaires font la promotion de thérapies dites alternatives non prouvées, selon un long reportage de la revue de journalisme médical STAT que résume la revue Pharmacy & Therapeutics (P&T).
Ils offrent ainsi, est-il notamment rapporté, le venin d'abeille homéopathique pour le traitement de la fibromyalgie et des remèdes à base de plantes contre la maladie d'Alzheimer.
Les hôpitaux affiliés aux universités Yale, Duke, Johns Hopkins, de Californie et d'autres centres de recherche de haut niveau font une promotion de thérapies alternatives avec peu ou pas de support scientifique.
Ils offrent aussi le « traitement énergétique » pour la sclérose en plaques et l'acupuncture pour l'infertilité. Un forum public hébergé par l'Université de l'hôpital de la Floride promet même d'expliquer comment la thérapie à base de plantes peut inverser la maladie d'Alzheimer.
Les auteurs ont examiné 15 centres de recherche académique de prestigieux hôpitaux et écoles de médecine à travers les États-Unis.
Certains hôpitaux ont construit des « centres de bien-être » luxueux, de type spa, offrant des services de « guérison spirituelle
», d'homéopathie et autres pour un large éventail de conditions de santé dont la dépression, les maladies cardiaques, le cancer et la douleur chronique.
L'université Duke propose un programme pédiatrique suggérant sur son site Web que des médecines alternatives, dont des « programmes de désintoxication » et des « médicaments botaniques », peuvent aider les enfants souffrant de troubles allant de l'autisme à l'asthme et au trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité.
Au cours de la dernière année, l'hôpital universitaire relié à l'Université de Floride a commencé à offrir aux patients atteints de cancer des consultations en homéopathie et en médecine traditionnelle chinoise à base de plantes.
L'Université Thomas Jefferson de Philadelphie a lancé un institut dont les offres incluent des thérapies intraveineuses de vitamines et de minéraux. Et l'Université de l'Arizona, une pionnière dans le domaine, a reçu un don de 1 million $ pour stimuler la formation des praticiens dans les techniques de guérison naturelle et spirituelle.
Duke Health a refusé les demandes répétées d'entrevues de STAT sur son centre de « médecine intégrative », qui coûte 1 800 $ par année pour un abonnement de base, l'acupuncture et d'autres traitements étant facturés séparément.
Le centre MedStar Georgetown a retiré de son site Web le reiki comme traitement énergétique pour le cancer du sang après qu'un journaliste ait posé des questions.
La Cleveland Clinic a eu du mal à trouver quelqu'un de son personnel qui défendrait le programme de « médecine énergétique » de l'hôpital, pour finalement déclarer que le service répond « aux besoins et aux demandes des patients ».
La hausse des thérapies alternatives a suscité des tensions dans certains hôpitaux, est-il rapporté, des médecins accusant ouvertement leurs pairs de vendre de l'huile de serpent et de miner la crédibilité de leurs institutions.
Le Dr Steven Novella, professeur de neurologie à la Yale School of Medicine, estime qu'en faisant la promotion de telles thérapies, les médecins perdent « toute prétention que nous devrions être une science ».
« Les patients ne veulent les médecines alternatives que parce qu'on leur dit qu'ils devraient les vouloir. Ils voient un hôpital prestigieux qui les offre, alors ils pensent que c'est légitime
», dit-il.
Un consortium national de promotion de la « santé intégrative » compte désormais plus de 70 centres universitaires et systèmes de santé en tant que membres, comparativement à 8 en 1999, rapporte STAT.
Psychomédia avec sources : P&T, STAT.
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